Argument
Scène 1
Dans un château de la région parisienne, deux amis, le compositeur Flamand et l’auteur Olivier, écoutent une pièce composée par le premier, et s’avouent mutuellement leur amour pour la Comtesse, qui devra choisir : la musique ou les mots (« Bezaubernd ist sie heute wieder ! »). La Roche, le directeur de théâtre, qui était jusque-là assoupi d’ennui, se réveille alors. Se moquant d’eux, il déclare son goût pour l’opéra italien, ses arias et ses difficultés techniques qui enthousiasment le public. En particulier, l’opera buffa, plus populaire, a l’avantage de parler à tous. D’ailleurs, Olivier a lui-même jadis aimé la comédienne populaire Clairon, qui viendra le soir même répéter avec le Comte, frère de la Comtesse (« Bei sanfter Musik schläft sich's am besten »).
Scène 2
La Comtesse confie à son frère avoir grandement apprécié la musique de Flamand, le charme de ce dernier participant au plaisir qu’elle prend à écouter son œuvre. De son côté, le Comte préfère la poésie, appréciant notamment le recueil d’Olivier : la Comtesse remarque que l’attrait de la comédienne Clairon n’est pas étranger à ce goût prononcé (« Der Strom der Töne trug mich fort »).
Scène 3
La Roche annonce à la Comtesse que le programme a été fixé pour son anniversaire : la symphonie de Flamand sera suivie de la déclamation des poèmes d’Olivier par le Comte et Clairon. Enfin, lui-même apportera une touche d’extravagance : une pièce avec un ballet et des chanteurs italiens (« Die Bühne ist fertig »).
Scène 4
Clairon fait son apparition. Son charme est salué par tous les protagonistes. Elle se plonge rapidement dans le recueil d’Olivier, qu’elle déclame avec le Comte. Elle complimente ce dernier et invite La Roche à diriger les répétitions. Ce dernier les invites à rejoindre le théâtre, à l’exception d’Olivier, la présence de l’auteur pouvant limiter sa créativité (« Sie ist doch gekommen ! »). Restés seuls avec la Comtesse, Olivier et Flamand recherchent son attention. Olivier relit son poème, l’adressant cette fois à la Comtesse en y mettant une passion plus sincère que le Comte auparavant. Flamand s’installe au clavecin et accompagne la déclamation. Il quitte ensuite les lieux, résolu à mettre le sonnet en musique (« Ein Philosoph schreitet seiner Bekehrung entgegen »).
Scène 5
Olivier profite d’être resté seul avec la Comtesse pour lui révéler sa flamme. Celle-ci lui déclare ne pouvoir choisir entre le plaisir procuré par les mots et celui de la musique, l’un enrichissant l’autre (« Lassen Sie ihn gewähren »). Flamand refait alors son apparition, fier de sa création.
Scène 6
Il s’installe immédiatement au clavecin et entonne sa composition (« Kein andres, das mir so im Herzen loht »). La Comtesse est conquise, mais Olivier enrage de voir son poème ainsi détourné. Les deux artistes se disputent à présent la paternité de l’œuvre : la Comtesse décide de la faire sienne (« Des Dichters Worte »). La Roche paraît alors, réclamant la présence d’Olivier pour la répétition.
Scène 7
C’est à présent au tour de Flamand d’être seul avec la Comtesse. Il lui avoue son amour et lui demande de choisir entre Olivier et lui, entre les mots et la musique. La Comtesse lui promet une réponse le lendemain à 11 heure (« Verraten hab' ich meine Gefühle ! »).
Scène 8
Le Comte rejoint sa sœur, heureux des flatteries reçues de Clairon. La Comtesse lui raconte son expérience avec ses deux prétendants (« Welch' köstliche Begegnung ! »)
Scène 9
Le Comte et la Comtesse sont rejoints par les autres protagonistes. Alors que Clairon s’apprête à partir, jouant Tancrède de Voltaire à la cour le lendemain, La Roche fait entrer deux danseurs et un couple de chanteurs italiens (« Wir kehren zurück in die Welt des Salons »). Les danseurs interprètent un ballet. Tandis que La Roche commente leur prestation, Olivier et Clairon se disputent, se reprochant leur séparation (« Was sagt Ihr ! Die personifizierte Grazie ! »). Puis, tandis Flamand et Olivier reprennent leur débat sur la primauté des mots ou de la musique, La Roche leur fait remarquer que l’un et l’autre ne sont rien sans l’interprète. Pour le Comte, les deux arts se marient parfaitement dans l’opéra, malgré l’ennui que provoquent les récitatifs, où ni les mots ni la musique ne transporte le spectateur (« Ein bezaubernder Irrtum ! »).
La Comtesse suggère alors que l’assistance écoute le couple de chanteurs italiens afin d’illustrer la puissance du chant, alliant mots et musique. Ce dernier entonne alors un duo d’amour (« Addio, mia vita, addio »). Aussitôt, le débat reprend, la Comtesse déplorant que la musique soit peu adaptée au texte (« Ein sehr heiteres "Addio" ! »). Le Comte décide d’accompagner Clairon jusqu’à Paris, tandis que La Roche dévoile enfin son programme : la première partie sera composée d’une allégorie dramatique, basée sur l’histoire d’Athéna, née de la tête de Zeus. Cette histoire provoque les moqueries de tous les hôtes (« Das Huldigungsfestspiel, die grandiose "azione teatrale" »). La seconde partie, plus dramatique, narrera la destruction de Carthage avec des moyens colossaux. Les moqueries repartent de plus belle (« Sie lachen ihn aus und er meint es so ernst »). La Roche se défend en mettant en avant l’importance de son art, celui de la mise en scène, pour valoriser celui des autres artistes (« Holà, ihr Streiter in Apoll ! »). Emue par ce discours, la Comtesse implore Olivier et Flamand d’unir leurs arts pour construire un art supérieur : les trois artistes conviennent d’écrire, composer et mettre en scène un opéra ensemble. Le Comte suggère que la trame de l’opéra reprenne leur propre expérience du jour (« Ihr hörtet die mahnende Stimme unseres Freundes ! »).
Scène 10
Alors que chacun quitte les lieux pour rentrer chez soi, Olivier et Flamand restent convaincus de la primauté de leur art (« Prima le parole, dopo la musica »).
Scène 11
Les domestiques entrent pour ranger le salon de la Comtesse, commentant ce qu’ils ont observé au cours de la soirée. Lorsque le majordome les informe qu’ils pourront ensuite disposer, ils s’enthousiasment (« Das war ein schöner Lärm »).
Scène 12
Monsieur Taupe, le souffleur se réveille alors après s’être endormi durant la répétition. Ce dernier confie au majordome l’importance de son rôle : sans lui, l’opéra ne pourrait avoir lieu (« Herr Direktor... Wo kommen Sie her ? ») !
Scène 13
Le Majordome informe la Comtesse que son frère restera chez Clairon pour la nuit, et qu’Olivier viendra le lendemain à 11 heure afin de connaître comment elle souhaite que l’opéra se termine. Réalisant que le hasard réunira ses deux prétendants à la même heure le lendemain, elle ne peut pourtant se décider à choisir entre eux, ni entre la musique et les mots : elle ne sera à aucun (« Morgen mittag um elf ! »). Le majordome lui annonce que le diner est servi : la Comtesse quitte la pièce.