Argument
Prologue
Devant le couvent de Novodievitchi, près de Moscou, un Officier de police, Nikititch, force la foule indifférente à exprimer sa désolation devant la mort du Tsar Ivan le Terrible, et son espoir de voir rapidement un nouveau souverain à la tête du pays. Un envoyé de la Douma, Tchelkalov, annonce que le Boyard Boris refuse de monter sur le trône. Au loin des pèlerins infirmes font entendre leurs chants.
Au Kremlin, la foule acclame le nouveau Tsar, Boris Feodorovitch. Ce dernier paraît, la mine sombre : pris de noirs pressentiments, il prie Dieu de lui accorder un règne juste et glorieux.
Acte I
Au monastère de Tchoudov à Moscou, le moine Pimène achève la rédaction de ses mémoires. A ses côtés, le jeune Grigori se réveille, troublé par un songe récurrent. Pimène le réconforte et lui narre sa rencontre avec le Tsar Ivan le Terrible. Il raconte également le meurtre de Dmitri, le fils de ce dernier : les témoins avaient alors accusé Boris Feodorovitch, le nouveau souverain. S’il n’avait pas été tué, Dmitri aurait l’âge de Grigori, et serait Tsar.
Grigori a quitté le monastère et a rejoint la frontière lituanienne avec Missail et Varlaam. Dans une auberge, l’hôtesse chante en cuisinant, lorsque les trois voyageurs paraissent. Aussitôt arrivé, Varlaam réclame du vin et entonne une chanson à boire narrant les exploits guerriers d’Ivan le Terrible. Tandis qu’il sombre dans une noire mélancolie, l’aubergiste apprend à Grigori qu’un homme est recherché mais qu’il existe un chemin pour rejoindre la Lituanie sans encombre. En effet, une patrouille investit l’auberge, à la recherche d’un moine révolutionnaire se faisant passer pour le Prince Dmitri, et correspondant à la description de Grigori : ce dernier, après avoir tenté de détourner l’attention vers Varlaam, parvient à s’échapper.
Acte II
Dans les appartements de Boris Godounov, sa fille Xenia pleure la mort de son fiancé, Ivan le Terrible. Sa Nounou, puis son frère Feodor, tentent de la réconforter en lui chantant des comptines. Boris parait, regrettant la tristesse de sa fille et admirant le sérieux de son fils qui étudie la géographie du royaume. Mais seul, il laisse éclater l’angoisse qui le poursuit depuis son crime, et que les bruits de complots qui se trament en Lituanie amplifient.
Le Boyard chambellan introduit le Prince Chouïski. Ce dernier apprend au Tsar qu’un usurpateur se faisant passer pour le Prince Dmitri reçoit les faveurs du peuple et pourrait devenir dangereux s’il parvenait à franchir la frontière lituanienne. Resté seul, Boris est pris d’hallucinations, plus rongé par le remord que jamais.
Acte III
Au château de Sandomir, la Princesse Marina renvoie les dames qui lui chantent des chansons flatteuses. Elle pense à Dmitri, qu’elle aime en la personne de Grigori, et qu’elle a choisi comme fiancé parmi ses innombrables prétendants : déjà, elle se voit monter sur le trône à ses côtés. Elle rejette son père, Rangoni, venu lui demander de convertir le Prétendant au Vrai Dieu.
Dans les jardins du palais, Rangoni interpelle Grigori, lui confiant l’amour que lui porte Marina. Fou de joie, Grigori l’assure de sa passion fervente. Mais Marina le prévient : elle ne l'épousera que s’il la fait monter sur le trône de Moscou.
Acte IV
En face de la cathédrale, le peuple clame son espoir de voir le Prince Dmitri renverser le Tsar Boris. L’Innocent Ivanitch est pris à parti par de jeunes garnements. Boris paraît : la foule lui réclame du pain. L’Innocent l’interpelle, l’appelant « Tsar Hérode » et l’accusant d’avoir tué le Prince Dmitri. Pourtant, Boris lui pardonne.
A la Douma, les boyards débattent des châtiments qui seront infligés à Dmitri s'il devait être capturé. Arrivé en retard, le Prince Chouïski narre à l’assemblée les hallucinations du Tsar. Justement, ce dernier paraît, de nouveau en proie à des hallucinations. Chouïski lui conseille d’écouter un pèlerin, venu lui parler. Le moine Pimène est alors introduit. Ce dernier raconte avoir rencontré un sage aveugle, qui, s’étant senti appelé par une voix d’enfant, est allé se recueillir sur la tombe du Prince Dmitri : il retrouva aussitôt la vue. A ces mots, la folie s’empare de Boris, qui lègue son trône et quelques conseils à son fils, et tombe foudroyé.
Le Boyard Khrouchtchov, commandant de Boris, ligoté, est molesté par la foule. Missail et Varlaam accusent Boris d’avoir affamé la Russie : la foule s’embrase, réclamant l’accession au trône de Dmitri. Alors que tous partent répondre à l’appel du faux prince, l’Innocent reste seul, pleurant le sombre destin du peuple russe.
Note historique : à la mort de Boris Godounov, son fils Feodor (16 ans) régna quelques quelques semaines avant d’être assassiné et remplacé par le « Faux Dmitri », qui ne régna qu’un an. Lui-même assassiné, c’est le Prince Chouïski qui monte sur le trône. Cette période est aujourd’hui connue comme « Le temps des troubles ».