Synopsis
Symphonie n°8
Pour le moment, aucun synopsis n'est disponible pour cette oeuvre.
Aidez-nous à compléter la fiche de cette oeuvre en apportant votre contribution via le formulaire de contact.
Met Live Tosca
Création de l'opéra
L'œuvre en résumé
"Symphonie des Mille" : ce surnom a été donné par l’imprésario à cette œuvre pour sa création.
C'est la Huitième Symphonie composée par Gustav Mahler, la dernière créée de son vivant et signant son triomphe historique.
Deux parties, deux langues, deux références spirituelles et littéraires, deux millénaires : l’œuvre est divisée entre Veni creator spiritus (hymne chrétien de Pentecôte en latin, du IXème siècle) et la fin du Faust de Goethe (1808).
1h20 telle est la durée de cette œuvre, l'une des plus longues symphonies du répertoire.
Réunion des genres : symphonie, cantate, oratorio, motet et Lied.
"Un nouvel univers symphonique" (dixit Mahler) avec un immense orchestre.
Trois chœurs (dont un chœur d'enfants) et 8 solistes vocaux.
affiche réalisée par Alfred Roller pour la création de cette Symphonie
GENÈSE
La composition de cette œuvre contribue à sa légende. Mahler est d'abord reconnu comme chef d'orchestre dans les théâtres d'opéra, à Hambourg dès 1891, puis Vienne entre 1897 et 1907, et au Metropolitan Opera House de New York l'année suivante, avant l'Orchestre Philharmonique de la même ville.
Ce n'est que l'été, lors de la fermeture des opéras en Europe qu'il peut s'isoler dans sa ville au Sud de l'Autriche pour composer. L'été 1906 ne sera pas comme les autres : il compose cette Huitième Symphonie avec une fièvre fougueuse, en un temps record et il relate ensuite une inspiration touchant au mystique (il voit déjà la forme totale dès les premières esquisses, il compose la musique sans même avoir le texte sous les yeux et les deux s'accordent ensuite miraculeusement). Certes, le compositeur retravaille l'opus l'année suivante mais les manuscrits ont bien peu de traces de corrections, beaucoup moins que ses autres œuvres qui pouvaient changer drastiquement (à commencer par sa première symphonie qui connut au moins quatre versions, avec différents nombres de mouvements, de titres ajoutés et enlevés).
Hut Klagenfurt : le lieu de retraite choisi par Mahler pour composer en toute tranquillitéMahler abandonne rapidement l'idée de composer sa 8ème Symphonie avec une forme traditionnelle. Même s’il imagine d’abord quatre mouvements (traditionnel pour les symphonies), cette structure quadripartite est d’emblée pensée d'une manière originale, le premier et le dernier mouvements devant être des Hymnes (son travail rappelle toujours et d’emblée l’ombre tutélaire du Génie Beethoven, qui avait fait le geste historique d’ajouter un chœur et des solistes à la fin de sa dernière Symphonie, la 9ème en 1824).
La Symphonie se définit traditionnellement comme une musique pour orchestre (sans chant). Le Génie du genre avant Mahler, Ludwig van Beethoven fait donc un geste d'autant plus puissant dans sa Neuvième et dernière Symphonie lorsqu'il ajoute un chœur et même des solistes lyriques. L'oeuvre entre ainsi dans la légende, et provoque même la “‘malédiction de la Neuvième” : nombre de grands compositeurs meurent après avoir composé neuf symphonies. Cet état de fait peut sembler un concours de circonstances, mais plusieurs écrits témoignent en effet de combien les compositeurs après Beethoven ressentent l'angoisse du Génie planant au-dessus d’eux en entamant leur 9ème (sans parler de l'idée d'oser composer une 10ème). Avant Beethoven, Haydn compose certes 106 Symphonies tandis que Mozart va jusqu'au n°41. Mais après Beethoven : Schubert, Dvořák, Bruckner et Mahler ne vont que jusqu'à 9.
Gustav MahlerMahler pousse la logique novatrice de Beethoven, il prolonge la portée de son geste afin d'obtenir une pièce dramatique en deux parties avec une omniprésence du chant. Le premier mouvement est conçu autour du Veni creator spiritus . Il remonte ainsi aux racines de la musique occidentale et à la tradition religieuse latine.
Mahler compile alors les trois derniers mouvements initialement prévus autour de la figure de Faust (un mythe qui inspira d'innombrables œuvres d'art, notamment en musique). Mahler s’intéresse en particulier aux derniers épisodes imaginés d'après ce mythe légendaire, par Goethe et où il développe notamment le principe de l'Ewige-Weibliche : "éternel féminin" qui doit apporter la rédemption par l'idéal.
Comme Verdi avec Shakespeare, Mahler nourrit toute sa vie l'envie de mettre en musique le Faust de Goethe (notamment car il est déçu par ce qu’en font d’autres compositeurs). Cette seconde partie s'apparente à une cantate dramatique, la cantate (pour soliste avec orchestre et parfois chœur) étant comme le symétrique de la symphonie (avant tout pour orchestre) et rarement chœurs et solistes.
Répétition générale à Munich, septembre 1910CRÉATION TRIOMPHALE
La Symphonie des Mille reçoit une création historique le 12 septembre 1910 dans le nouveau "Musik-Festhalle" au sein du pavillon d'exposition internationale (qui fait désormais partie du Deutsches Museum) avec une capacité de 3200 places.
L’imprésario Emil Gutmann trouve le surnom "Symphonie des Mille”, notamment dans un but commercial (qui n'était pas du goût de Mahler et qui n’est d’ailleurs pas spécialement du goût des responsables de son exécution aux Chorégies d’Orange l’été prochain), afin de promouvoir l’œuvre mais surtout de vendre les billets et de faire venir des célébrités : mission doublement réussie et qui attire les têtes couronnées de Bavière, les compositeurs Richard Strauss, Camille Saint-Saëns, Anton Webern, Max Reger, les écrivains Thomas Mann et Arthur Schnitzler ainsi que le Directeur de théâtre Max Reinhardt. Parmi le public en ce soir de première figure également un jeune artiste de 28 ans, Leopold Stokowski, qui dirigera la création américaine de l’œuvre six années plus tard.
Dès sa préparation, l’œuvre nécessite un recrutement et une organisation aux dimensions militaires, un travail méticuleux de recrutement et de répétitions, pour éviter que l'exécution ne ressemble, comme Mahler le craignait et formulait lui-même, à "un Barnum".
Pour obtenir un effectif qui fasse date, les sociétés chorales de Munich, Leipzig et Vienne sont mises à contribution. Les auditions et répétitions vocales, solistes et instrumentales sont supervisées par les assistants de Mahler qui deviendront de célèbres chefs : Bruno Walter et Otto Klemperer. Le travail dure six mois menant à trois jours complets de répétitions générales.
Réception
Le triomphe de la Symphonie des Mille marque une bascule et une forme de revanche pour Mahler : ses Symphonies avaient jusqu’alors reçu un accueil pour le moins médiocre. Pourtant après sa mort, jusqu'à nos jours et au-delà, ses œuvres s'imposent. Justement le point de bascule s’opère avec cette Huitième Symphonie, un triomphe dont les échos semblent avoir duré -le premier soir- pas moins de 20 minutes après un silence recueilli. Huit mois plus tard, Mahler s’éteint.
Création américaine de la Symphonie des Mille avec le Philadelphia Orchestra en 1916