La Traviata et ces sopranos qui ont marqué le rôle
Maria Callas - La Scala 1955
En 1955, Maria Callas se produit à la Scala pour La Traviata, sous la direction de Carlo Maria Giulini. Luchino Visconti réalise alors la mise en scène de son opéra favori et celui sur lequel il aura pris le plus de plaisir. « Je l'ai fait pour servir Callas, parce qu'on doit servir une Callas », dira t-il. Il choisit de situer l'action à la fin du XIXe siècle, époque dans laquelle les contraintes sociales de l'intrigue de Dumas fils font encore sens. Vêtue d'une longue robe de soie, Callas absorbe le rôle, le fait sien sous les conseils avisés de Visconti et de Guilini.
Angela Gheorghiu - Covent Garden 1994
C'est en époustouflant le chef Sir Georg Solti lors de son audition, que Angela Gheorghiu, encore inconnue, décroche le rôle-titre de la Traviata. Il confessera d'ailleurs pendant les répétitions : « J’avais les larmes aux yeux. J’ai dû quitter la salle. Cette jeune fille est merveilleuse. Elle peut tout faire ». Sous sa direction, la nature flamboyante de la soprano roumaine va ainsi être révélée au monde entier sur les planches de Covent Garden en 1994. Son incroyable performance scénique et vocale est à l'époque filmée et enregistrée par Decca. La BBC modifie même son programme pour diffuser la captation. Commence alors l'ascension d'une nouvelle diva de l'opéra à la tessiture large et aux aigus ravageurs. Forte de son succès, la production de Richard Eyre sera reprise de nombreuses fois.
Anna Netrebko - Salzbourg 2005
En 2005, le Festival de Salzbourg programme La Traviata et, chef d'œuvre et casting galactique oblige, doit faire face à une écrasante demande. Rolando Villazon en Alfredo, Thomas Hampson en Germont père et la somptueuse Anna Netrebko en Violetta. Deustche Grammophon s'empressera d'ailleurs de graver à jamais ce succès dans un double CD. La performance sonore ne peut cependant égaler la version scénique électrisante de Netrebko, dans la mise en scène pleine de génie de Willy Decker, qui devient instantanément l'une des versions de référence de l'œuvre, reprise sur de nombreuses grandes scènes internationales.
Natalie Dessay - Festival d'Aix 2011
Après l'avoir interprété sur les scènes internationales en récital ou en scène, Natalie Dessay se décide à réincarner la dévoyée parisienne sur la scène d'Aix, en plein air. Un défi périlleux au regard de la partition écrasante de Verdi. Deux ans avant ses adieux à l'opéra, la soprano, qui aborde désormais des rôles plus tragiques, s'empare de Violetta et lui donne une consistance fragile et viscéralement dramatique. Son jeu d'actrice se révèle subjuguant, prompt à bouleverser l'auditoire. La sobriété de la mise en scène de Jean-François Sivadier permettait alors de coller un maximum à l'expression des personnages.
Diana Damrau - La Scala 2013
Une chose est sûre, la Violetta de Diana Damrau se démarque de toute autre. Après avoir incarné le rôle-titre dans les mises en scène de Willy Decker, Jürgen Flimm et Günter Kramer, la soprano allemande livre une prestation hypnotisante à la Scala. La production originale de Tcherniakov recueille cependant des huées lors de sa première. Et pour cause, Tcherniakov a voulu une Violetta Valéry bien moins délicate et élégante qu'à l'accoutumée, au goût douteux si l'on en juge par le choix de ses perruques, gouailleuse et un tantinet penchée sur la boisson. Avec une énergie débordante, Diana Damrau donne toutefois une interprétation inédite du rôle avec une facilité confondante.