Etat civil
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- Compositeur
Biographie
Hector Berlioz est né 1803 à La Côte Saint-André, en Isère. Enfant, il suit les cours d'un maître de musique en flûte, puis en guitare avec un autre professeur, tandis que ses premières compositions sont réalisées à l'âge de douze ans. Bien que son père l'envoie faire ses études de médecine à Paris en 1821, Berlioz se consacre à la musique et se rend souvent à l'Opéra de Paris, où il découvre Gluck. Le jeune homme a un niveau instrumental rudimentaire et n'a pas encore suivi de cours de composition : il comble cette lacune auprès de Jean-François Lesueur et Antoine Reicha, professeurs au Conservatoire de Paris, où il est admis en 1826. Cette même année, il écrit son premier opéra mais Les Francs-Juges est refusé en 1828. L'année 1830 marque le début de sa carrière avec l'obtention du Prix de Rome, concours de composition où il avait échoué à trois reprises, mais également la création en décembre de sa Symphonie fantastique au Conservatoire de Paris, qui enthousiasme les grands musiciens de son temps tels que Liszt. Berlioz séjourne à la Villa Médicis de mars 1831 à mai 1832, où il rencontre Mendelssohn. De retour à Paris, il compose, à la demande de Paganini, sa deuxième œuvre symphonique en 1834 : Harold en Italie.
Ses premières contributions de critique musical dans La Gazette musicale datent de 1834. Il travaille également pour Le Journal des Débats de 1835 à 1864. À partir de 1835, Berlioz tend à diriger lui-même ses œuvres en concert. C'est en 1838 qu'il fait ses débuts à l'Opéra de Paris avec Benvenuto Cellini, mais la création est un fiasco qui le marquera toute sa vie. L'année suivante, il compose Roméo et Juliette, une « symphonie dramatique » pour orchestre, chœur et solistes, tandis qu'il est nommé Conservateur adjoint de la Bibliothèque du Conservatoire et fait Chevalier de la Légion d'Honneur. Après la publication du cycle de mélodies Les Nuits d'été, un nouveau projet d'opéra sur le livret Les Nonnes sanglantes d'Eugène Scribe est lancé, puis rapidement abandonné. En 1844, Berlioz fait publier son Grand traité d'instrumentation et d'orchestration modernes, exporté bien au-delà des frontières françaises. Ses premières tournées à l'étranger en tant que chef d'orchestre le mènent à partir de 1842 en Belgique, Allemagne, Europe de l'Est, Russie et en Angleterre, où ses œuvres triomphent. Parallèlement à ces voyages, Berlioz connaît un deuxième échec avec La Damnation de Faust, légende dramatique créée en 1846 à la Salle Favart. Puis c'est au cours d'une tournée à Weimar en 1856 qu'il entame la composition des Troyens, qu'il interrompt temporairement pour créer Béatrice et Bénédict à Baden-Baden en 1862, puis qu'il reprend pour la création à Paris l'année suivante. Les dernières années de la vie de Berlioz sont rythmées par les tournées internationales (après qu'il ait démissionné du Journal des Débats), mais également par la perte de ses proches. Berlioz meurt en 1869.
Carrière complexe mêlant plusieurs métiers et aussi bien marquée par les échecs que par les succès, la réception de l'œuvre de Berlioz montre que les révolutions qu'il a apportées n'ont pas toujours été admises par ses contemporains. En effet, Berlioz opère un profond renouvellement des genres et dépasses les frontières entre œuvre instrumentale et vocale. Dans le domaine de la « symphonie », l'adjonction d'un programme narratif dans la Symphonie fantastique et dans Harold en Italie ou encore l'appellation « symphonie dramatique » pour Roméo et Juliette, qui se situe à mi-chemin entre l'opéra et l'oratorio, montrent une volonté de créer une nouvelle narration musicale dans l'univers symphonique. À l'instar de Rameau, dont il lit les traités d'harmonie pendant son enfance, Berlioz est également reconnu de son vivant comme un grand orchestrateur ainsi que pour ses écrits théoriques, en particulier pour son traité de 1844 qui influencera aussi bien les jeunes générations du Groupe des Cinq en Russie que celle des jeunes compositeurs germaniques : Richard Strauss écrira une révision de celui-ci en 1909.
Comment expliquer alors la position singulière de Berlioz dans le domaine lyrique puisque toutes les créations, à l'exception de celle de Béatrice et Bénédict, n'ont été que des échecs ? Des ouvrages complets que sont Benvenuto Cellini, La Damnation de Faust et Les Troyens jusqu'aux extraits des Francs-Juges (dont seuls quelques fragments ont été conservés) et ceux encore plus parcellaires des Nonnes sanglantes, l'idéal dramatique de Berlioz est resté incompris par ses contemporains. L'opéra de Berlioz allie de grandes fresques orchestrales et une vocalité dramatique et déclamée qui n'est pas dans l'esprit des musiciens français de la première moitié du XIXe siècle, qui préfèrent le Grand Opéra Historique de Meyerbeer, plus facile d'accès à travers ses formes musicales plus stéréotypées.