L'Académie de l'Opéra de Paris présente sa nouvelle promotion en concert
Ce concert d'ouverture offre un programme qui sort des poncifs habituels tout en restant très plaisant pour le public, mêlant Mozart, Gluck, Viardot et Berlioz dans un spectacle mis en espace, dont le fil rouge est très lisible pour le spectateur. Sans tomber dans le récital habituel, le concert propose ainsi notamment un condensé de La Flûte enchantée et de La Finta Giardiniera de Mozart, offrant l'occasion aux jeunes chanteurs de s'exprimer scéniquement. Malheureusement, nombre d'entre eux restent assez scolaires (certes, pour ce qui est littéralement leur rentrée) et peinent encore à sortir de leur coquille d'étudiants. L'anxiété de se produire face à un public nombreux et leurs professeurs les paralyse parfois et leur fait commettre des erreurs vocales, musicales ou scéniques. La répartition des pièces est parfois assez inégale, et certains chanteurs n'ont en réalité qu'une toute petite occasion de montrer leurs qualités vocales, souvent dans des ensembles uniquement, tandis que d'autres se font entendre à de multiples reprises.
Le ténor Bergsvein Toverud, par exemple, régale plusieurs fois par son timbre clair et brillant, tubé sans être nasal, mais qui pourrait gagner en rondeur, notamment dans les aigus. Il montre également une très belle maîtrise du souffle et des nuances.
Amandine Portelli également a plusieurs occasions d'offrir son timbre de mezzo-alto aux graves veloutés. Si le vibrato lui fait parfois défaut dans le registre grave, les aigus sont sans efforts et brillants.
Isobel Anthony, soprano, propose notamment une Pamina tout en finesse au timbre chaleureux, au souffle agile et léger.
La mezzo-soprano Sofia Anisimova, quant à elle, fait montre d'une voix timbrée et d'une technique délicate, mais manque parfois de souffle dans les vocalises.
Clemens Frank est un baryton convaincant mais quelque peu scolaire, notamment en Papageno, qui manque de piquant et d'humour. La projection lui fait également défaut, surtout dans les ensembles.
Le baryton-basse Ihor Mostovoi manque cruellement d'harmoniques, sauf dans les graves qui sont plus brillants. Son vibrato un peu large lui pose quelques problèmes de justesse.
Liang Wei est un ténor lyrique et héroïque aux aigus vaillants, qui maîtrise chaque registre de la voix, falsetto compris. Parfois un peu dans la force, il gagnera à améliorer encore sa prononciation du français.
La soprano Sima Ouahman offre un timbre léger et clair, parfois légèrement laryngé, mais qui s'épanouit pleinement dans le répertoire mozartien.
Daria Akulova déploie une voix de soprano large, d'une grande amplitude, au timbre rond et chaleureux.
Lisa Chaïb-Auriol, soprano elle aussi, laisse découvrir un timbre clair mais manquant de brillance, parfois un peu sur mais affirmé.
Enfin, Boglárka Brindás retrouve le temps de ce concert ses camarades (elle vient de quitter l'Académie à l'issue de ses deux années) et leur apporte la rondeur de son soprano, pas assez timbré mais aux aigus vainqueurs.
Pour les accompagner, les pianistes virtuoses et pleins de fougue Robin le Bervet, Moeka Ueno et Paul Coispeau se partagent la tâche, ainsi qu'un ensemble de cordes également constitué de musiciens de l'Académie de l'Opéra. Antoine Dutaillis est attentif au piano comme à la baguette.
La mise en espace de Raphael Jacobs est simple et sans fioritures, ce qui la rend agréablement lisible.