La Dolce Vita : Feu d’artifice vocal au Festival de Toulouse
Un an après la parution de son album « O Sole Mio » (notre compte-rendu), Julien Martineau retrouve une partie des musiciens y ayant participé pour clore son festival de Toulouse. Une partie des titres de la soirée est d’ailleurs commune à l’album, à commencer par son air emblématique « O Sole Mio ». Le seul nouveau dans l’équipe est Damien-Loup Vergne (soliste de l’Orchestre national du Capitole) qui remplace Yann Dubost annoncé initialement. Le programme alterne donc les parties instrumentales jouées en trio où la mandoline occupe souvent une place plus ou moins centrale, et la chanson napolitaine où ils accompagnent le baryton Florian Sempey. Ce dernier profite ainsi de l’occasion pour prouver avec brio que ce répertoire n’est pas l’apanage des ténors. Il chante entre autres Santa Lucia, Funiculi Funicula, Deh vieni alla finestra (Canzonetta extraite de Don Giovanni) et bien sûr... O Sole Mio.
Le trio instrumental, souvent léger, génère et fait évoluer les atmosphères avec efficacité. Il se fait tantôt indolent comme une nuit d’été italienne, tantôt entraînant. La mandoline de Julien Martineau s’avère expressive et même parfois espiègle. La coordination entre les musiciens est efficace y compris dans les accélérations. Les dialogues s’installent avec fluidité. Les motifs du chant sont repris par les musiciens avec la même intention que celle du chanteur montrant l’écoute dans l’accompagnement. C’est le cas de la contrebasse dans « O Sole Mio » en particulier. Damien-Loup Vergne exploite d’ailleurs la polyvalence de son instrument jouant tantôt pizzicato tantôt en cordes frottées.
Florian Sempey nage dans les codes du chant italien comme un poisson dans l’eau. Le chant est vivant et rythmé. Le timbre propose des graves à la chaleur charmante comme des aigus fermes. La projection permet à la voix d’emplir pleinement l’auditorium immergeant l’ensemble des auditeurs. Les effets et ornements sont justes et bien choisis, enjolivant la voix sans la fausser ou l’alourdir. Le volume puissant dans l’ensemble évolue au fil de chaque extrait (parfois même un peu abruptement). Le baryton veille à baigner chacune de ses fins de chansons dans un forte aux couleurs rougeoyantes d’un soleil éclatant. Le chant est expressif et même passionné dans la voix comme dans la gestuelle quitte à verser un peu dans l'exagération mais sans perdre de son charme.
Après une première salve d’applaudissement, le quatuor intense et à l’unisson redonne en bis « O Sole Mio » pour faire profiter à nouveau au public de ce feu d’artifice vocal avant qu’il ne sorte juste à temps pour voir la fin du vrai feu d’artifice, tiré sur la Garonne à quelques pas de là.