Petite Messe de Bach par le chœur Voce Tolosa
C’est dans la fraîcheur de l’église du Gesù de Toulouse que se déroule le concert. Plusieurs dizaines de personnes sont présentes malgré la pluie et les bancs se retrouvent relativement remplis. Les riches couleurs diffusant des vitraux ou peintes sur les colonnes néo-gothiques sont prêtes à se fondre à celles de la musique de Bach. Pas de chauffage par contre, les choristes comme le public demeurent donc emmitouflés dans leurs manteaux. Le magnifique orgue Cavaillé-Coll surplombant l’entrée principale n’a malheureusement pas pu être utilisé pour l’occasion et c’est donc sur un instrument électronique que joue Marc Chiron.
Le concert est court, une trentaine de minutes environ. Seuls huit extraits parmi les plus essentiels de la Messe de Bach sont donc interprétés (un panel plus large est prévu pour des concerts en juin). Le chœur Voce Tolosa s’avère bien préparé et coordonné. Il apporte suffisamment de puissance pour bien emplir l’église et transporte l’auditoire dans la spiritualité de Bach. Il est efficace dans les relais de canons mais pourrait marquer encore plus certaines attaques (notamment le début du Sanctus auquel il manque un soupçon de promptitude). La qualité de la diction latine confère du relief au chant et permet de se repérer facilement au sein de chaque morceau. Les pupitres de sopranos se distinguent particulièrement par leurs aigus angéliques se détachant avec une brillante pureté dès le Kyrie ou encore dans le Sanctus. L’accompagnement à l’orgue globalement de bonne tenue ne parvient tout de même pas à faire oublier la richesse de l’orchestration écrite initialement. Il offre tout de même de très beaux passages, en particulier durant le Crucifixus qui constitue l’apogée du concert. Marc Chiron parvient à y allier l’efficacité d’un tempo allant à la gravité de la mélodie par un appui subtil de notes jouées bien détachées. Le chœur marque aussi la progression du morceau dans les nuances et s’accorde impeccablement à l’orgue dans la ponctuation des rythmes et l’articulation du phrasé.
Le chœur Voce Tolosa aura ainsi accompli la mission attendue de la musique sacrée, c’est-à-dire créer un moment suspendu dépassant la musique pour atteindre une forme de mysticisme. Le public applaudit, rapidement mais avec conviction, avant peut-être de retrouver les choristes qui viendront appuyer les forces de l’Ensemble Baroque de Toulouse pour la Centième cantate de Bach à peine une heure trente plus tard.