Acis & Galatée, Haendel en version inédite à la Salle Cortot
Retrouvez l'historique de ce projet dans notre interview Ôlyrix avec Alexandre Baldo et continuez à prendre de la hauteur dans l'interview perchée Classykêo avec Alexandre Baldo et Chloé de Guillebon
Alexandre Baldo incarne comme naturellement le terrible cyclope Polyphème (jaloux de l'amour réciproque de Galatée pour Acis). Son regard se fait noir et sa voix aussi sombre que puissante. Son timbre, parfois habilement caverneux rehausse ses intentions expressives intenses et saisissantes. Ses phrasés sont conduits avec élans et la diction est particulièrement soignée. Même si le caractère de ce rôle ne lui permet pas d'user et d’abuser de diverses subtilités, il nourrit son chant d’efficientes nuances.
La charmante Galatée est incarnée par Maria Ladurner dont le chant est à l’image du sourire et du regard, doux et lumineux. Son phrasé se fait souple et même vers de fins aigus avec un vibrato dosé comme un ornement soutenu par un timbre léger et fruité. Elle fait également preuve d’agréables intentions nuancées. Le texte pourrait être davantage compréhensible, néanmoins, sa symbiose avec les musiciens s'exprime en de nombreux passages.
Le rôle du bel Acis est confié au ténor Marco Angioloni. Si la diction de son italien maternel est naturellement très distincte, particulièrement lors des récitatifs, ses aigus se resserrent et perdent davantage en timbre, en présence et parfois même en justesse. Ses registres médiums et graves sonnent pourtant avec une touche de moelleux. Comme pour pallier une vraisemblable fatigue, il déploie une gestuelle qui contraste jusqu'à l'excès avec l’élégance fine et retenue de ses collègues.
Les jeunes instrumentistes de l’Ensemble Mozaïque se montrent vivants, très complices, avec des élans nuancés. Le format de l'effectif, loin des dimensions des phalanges londoniennes de Haendel, assume de se rapprocher davantage d'une couleur plus chambriste. Cependant, la dizaine d'instruments convoqués voit cet ensemble mettre entre parenthèses son fonctionnement collégial, pour confier à Chloé de Guillebon la direction, depuis son clavecin. Dos au public, elle encourage un souffle particulièrement appréciable parmi les pupitres.
Pour apporter une narration (et un éclairage) en français à cette sérénade en italien, la comédienne Jeanne Vitez lit quelques textes de Maupassant, Ovide, Hugo ou même de sa propre création, avec une voix posée et un timbre de velours sombre.
Le public applaudit longuement les artistes pour cet intense travail de redécouverte, mené avec une passion communicative.