Mozart et Les Arts Florissants à la Cité de la Musique
L’ensemble des Arts Florissants propose au public une soirée alternant entre airs chantés et pièces instrumentales, dont les deux dernières symphonies du compositeur, la quarantième et la quarante-et-unième (dite « Jupiter »), sur laquelle s’achèvera le concert.
Paul Agnew dirige avec vitalité, mais sans précipitation, son "orchestre du Burgtheater" comme il s’amuse à le présenter au public après l’ouverture de Così fan tutte. Il rappelle, en effet, que Mozart dirigeait souvent l’orchestre du Burgtheater de Vienne, notamment pour Così fan tutte qui y est représenté en 1790. Enfin, il évoque le manque de documentation qui nous reste de Mozart après la mort de son père et, de fait, la question de l’interprétation de ses dernières symphonies. Pour finir, Agnew insiste surtout sur la fugue finale de la « Jupiter », la présentant avec enthousiasme comme « la plus fugue de toutes les autres fugues ! »
C’est dans ce sens que se construit sa direction. Paul Agnew veille en effet à la précision dans chaque note, à la rigueur dans le rythme pour que les nuances et les contrastes soient aisément perçus par le public. Néanmoins, la direction ne se réduit pas à une portée didactique et la musique de Mozart se dérobe et s’exprime dans toute sa netteté et sa minutie. L’ouverture de Così fan tutte est également pleine de fluidité, de souplesse et bondit aisément d’une note à l’autre. Ce sera cependant moins le cas pour la Symphonie n°40, qui perd en aisance, du fait de la difficulté à en faire ressortir toute la tension dramatique, à force de volonté d’équilibre, malgré le dynamisme de la conduite. Au contraire, la « Jupiter », elle, renoue avec une tension bien plus précise et travaillée, comme si Paul Agnew sculptait à nouveau un véritable ensemble de formes, dans la musique et non un travail plus angulaire, plus découpé, comme pour la symphonie précédente. Néanmoins, le concert est un succès, le public les remercie, lui et l’orchestre, de chaleureux applaudissements – orchestre chez lequel se note d’ailleurs, une aisance dans la communication, dans la fluidité, notamment dans toute la partie des vents.
La soprano portugaise Ana Vieira Leite se joint à la scène pour reprendre deux airs de Mozart, "Voi avete un cor fedele" et "Alma grande e nobil core". La voix se distingue d’emblée par la richesse du timbre, dans ses couleurs estivales, entourées dans une rondeur qui met en valeur de multiples nuances dorées. Le chant est net, bien construit et souple, la ligne est claire et belle et l’ensemble s’affirme petit à petit, malgré quelques hésitations. Mais la soprano veille à se montrer engagée, du début à la fin, dans ses deux arias.
Pas de bis après cette fin « jupitérienne », mais cela n’empêche pas les applaudissements des spectateurs de retentir dans toute la salle et de faire revenir saluer plusieurs fois les artistes.