La Création de Haydn selon Kazushi Ono à Flagey
Kazushi Ono, fidèle à son habitude, met sa rigueur au service de cette musique, humble et glorieuse. Le chef qui a pris la direction musicale du Brussels Philharmonic la saison passée dirige avec une précision faite de petites touches impressionnistes. L’orchestre figure ainsi le décor d’une monde complexe, lumineux et organique traduisant la structure de cet oratorio. En ouverture explosive, la naissance du chaos terrestre permet à l’orchestre de déployer sa puissance, avant de définir progressivement les éléments naturels, l’eau fugace et ondulatoire, puis l’envol des oiseaux perçants et véloces avant de s’approcher des premières heures du couple Adam et Eve.
Le Chœur de la Radio Flamande, composé d’une soixantaine de chanteurs, encadre l’orchestre en arc-de-cercle, offrant une large diffusion vocale. Le déploiement du souffle et les passages retenus dessinent ferveur et humilité, tandis que les parties les plus puissantes s’imposent avec tranchant.
Ilse Eerens chante l’Archange Gabriel d’une voix de soprano limpide, claire et fluide. Les aigus sont brillants et solaires, le phrasé raffiné. Plus expressive encore, pour incarner Eve elle déploie l’amplitude de son vibrato et de sa voix.
Plus en retrait, Dietrich Henschel campe l’Archange Raphaël avec une voix de baryton-basse particulièrement sombre et concentrée. Le récitatif exprime une certaine retenue, le chant est peu ornementé, rugueux et direct. Cette aspiration s’impose avec sa lenteur et profondeur de voix, entre chanté et parlé, comme il figure le personnage d’Adam en premier croyant de l’histoire.
Dans la rôle de l'Archange Uriel, le ténor Allan Clayton vient nourrir la distribution vocale de sa généreuse expressivité. La prosodie raffinée, les phrasés ornementés et aériens soutiennent des percées lumineuses.
Le public ovationne le concert, empli de ferveur et de plaisir en cette période où Genèse et rentrée se réunissent.