Nuits d’été et Gaîté parisienne à Bayonne pour le Festival Ravel
Le choix du programme semble pour le moins inattendu par sa diversité (même si la compositrice et les deux compositeurs sont tout à fait contemporains et dessinent ainsi la richesse musicale d'une époque) : une ouverture symphonique de Louise Farrenc précède la langueur mélancolique des Nuits d’été de Berlioz, avant la joie furibonde de la Gaîté parisienne, musique de Jacques Offenbach (arrangée par Manuel Rosenthal pour un ballet en 1938). Trois œuvres du répertoire romantique français, certes, mais dont l’esthétique diverge assez sensiblement.
Comme en juillet dernier au Festival Radio France Occitanie Montpellier, Karine Deshayes livre une prestation tout en maîtrise et en sensibilité des Nuits d’été de Berlioz. Sa diction est limpide, son phrasé soigné jusque dans la moindre intonation, avec une expressivité intense. Son chant donne une impression de spontanéité, sans effort ni affectation. Son appel sur un souffle voisé au début d’Absence est frémissant d’émotion.
Elle partage la scène avec la jeune Marion Vergez-Pascal qui chante une mélodie des Nuits d'été, mais dont la prestation ce soir semble en-deçà de ses moyens vocaux. Sur Au cimetière, son émission est couverte, engorgée, le timbre étouffé. Elle recherche un ton mystérieux, mais au détriment du naturel. La diction ressort toutefois de manière claire, et sur la Barcarolle des Contes d’Hoffmann, en revanche, elle déploie une voix chaude au grave profond.
L’Orchestre de Pau Pays de Béarn dirigé par Fayçal Karoui commet quelques approximations musicales, notamment le pupitre de violons, déjà hésitant dans l'accélération de l’Ouverture n°1 de Louise Farrenc. Les violoncelles, les cuivres et les bois, eux, sont bien en place, notamment la clarinette qui fait une entrée séraphique sur l’introduction du Spectre de la rose. Pour autant, l’ensemble manque un peu de contrastes : les timbres finissent par se confondre sur les thèmes de la Gaîté parisienne, joués avec le même entrain. Complice, le chef invite le public à frapper dans ses mains au rythme du célèbre Galop infernal : point d'orgue de sa direction assez mobile au pupitre, marquée par des gestes amples, et une joie communicative, voire un peu de facétie.
Les places disponibles aux premiers rangs sont une aubaine pour des spectateurs qui peuvent venir librement se replacer. L’acoustique plutôt calfeutrée de la salle n’aura pas joué en faveur des interprètes. Le concert soulève néanmoins beaucoup d’enthousiasme.