Telephone et Ticket to ride : double concert nocturne au Festival Perelada
Délaissant l’église du Carmen (très investie cette année en attendant les nouvelles infrastructures), le Festival de Perelada occupe ce soir la salle du Mirador del Castell, un lieu à l’agencement plus malléable, permettant de disposer les sièges de part et d’autre de la scène. Cela convient parfaitement à la proposition scénographique immersive de Maria Goiricelaya, coproduite avec le Festival Musika-Música de Bilbao. Au centre, des vélos d’appartement, tapis et ballons de fitness figurent l’intérieur d’une salle de sport. Une dizaine de comédiens et comédiennes, rôles muets, les yeux baissés sur leur téléphone portable, participent à cet environnement ouvert, sans véritable communication entre les individus.
Créée en 1947, l’œuvre de Menotti aborde -déjà, de manière comique- cette dépendance à la téléphonie. L’intrigue est simple : Ben veut demander Lucy en mariage, mais d’incessants appels téléphoniques les empêchent d’aller au bout de la conversation. La soprano Ruth González incarne une Lucy virevoltante, sans cesse en déplacement d’un bout à l’autre de la scène. Sa voix résonne un peu bas avec un fort vibrato, mais le timbre a du fruité et ses aigus sont bien conduits.
Dans le rôle de Ben, le baryton Jan Antem montre du coffre et de l’élégance, avec un agréable phrasé de comédie musicale et un médium caressant. L’ensemble Galdós dirigé par le chef et pianiste Iván Martín, aborde avec naturel le style néo-classique neutre et atemporel de la partition, tout en mettant l’accent sur les dissonances, à la manière d’une mécanique détraquée.
Le temps du changement de décor, un cocktail est proposé par le sommelier du Château Perelada. La deuxième partie du spectacle aurait dû se tenir en extérieur, mais la tramontane déchaînée ce soir-là impose un changement logistique : le public revient en salle pour découvrir le concert « Ticket to ride : the Beatles y Bowie » par le Gio Symphonia, dirigé par Francesc Prat, avec le concours de la chanteuse Elena Tarrats.
Le programme n’ayant pas été annoncé, l'auditoire découvre des reprises de chansons des Beatles et de David Bowie arrangées à la manière de Bach, Luciano Berio ou Philip Glass. Le petit ensemble composé d’un pupitre de cordes, d’un clavecin, d’une harpe, d’une flûte traversière, d’un hautbois, d’une clarinette et d’une trompette, montre son éclectisme, passant avec aisance du baroque au répertoire moderne. Au chant, Elena Tarrats livre une interprétation d’une intense sensibilité. Sa voix un peu grêle sur les premiers morceaux trouve rapidement de la netteté et des couleurs.
Le concert s’achève à minuit, tandis que se déchaine la tramontane assourdissante dans les arbres du parc du château.
Le public très agréablement surpris fait un accueil très chaleureux à la soirée.
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— Festival Perelada (@FIMCPeralada) 5 août 2023