À l’Opéra de Vichy, des c(h)œurs en fête pour célébrer Noël
C’est une tradition désormais bien ancrée à laquelle se plie fidèlement, et toujours avec un indéniable succès public, l’Orchestre d’Harmonie de Vichy (OHV). Celle de venir proposer avant les fêtes un concert au programme populaire et fédérateur, faisant la part belle aux instruments mais aussi aux voix. Ainsi, après un spectacle consacré aux grands tubes du répertoire lyrique fin 2019, puis un hommage rendu aux richesses de la comédie musicale l’an dernier avec la soprano Fleur Mino, ce sont cette fois-ci de grands airs pour chœurs qui sont mis à l’honneur. Un programme confié, derrière les pupitres des musiciens, à près de 130 choristes issus de deux ensembles : le Canto Général d’Auvergne dirigé par Anne-Marie Lerche, formation qui célèbre cette année son quarantième anniversaire, et la chorale Prélude, basée dans la région de Clermont-Ferrand (à Durtol), dont les membres dirigés par Muriel Rondy sont rompus à un répertoire moderne mais peuvent aussi à l’occasion prendre part à des productions lyriques, comme dans ce Tannhäuser donné à l’Opéra de Clermont en 2013.
Deux chœurs qui n’en font qu’un et qui d’emblée donnent à entendre une homogénéité sonore dans « L’Hymne des Fraternisés », écrit par Philippe Rombi pour le film Joyeux Noël (sorti en 2005). Cette musique de film n’est pas sans rappeler -outre Le Chant des partisans- celle des Choristes, sorti dans les salles à la même époque, et dont les chanteurs, dans une osmose éthérée de leurs tessitures respectives, parviennent à extraire ici toute la touchante substance empreinte de tristesse et de nostalgie. Et ce avec l’accompagnement de l’Orchestre sachant pleinement se mettre au diapason de l’émotion ici dépeinte, avec une fusion des pupitres en symbiose avec l’alchimie des voix.
Le mariage des instruments et du chant vaut aussi pour l’interprétation de partitions d’Andrew Lloyd Webber, maître de la comédie musicale dont l’œuvre est ici convoquée dans un medley nommé fort à propos Celebration, réunissant notamment des mélodies entendues dans Le Fantôme de l’Opéra, Jesus Christ Superstar, Cats avec le fameux "Memory" popularisé par Barbra Streisand, ou encore Evita (en hommage à l’ancienne Première dame argentine), d’où est issu le fameux « Don’t cry for me Argentina ». Les tubes se succèdent comme autant de madeleines en une dizaine de réjouissantes minutes où les chœurs, dominés par de suaves voix féminines, dialoguent joyeusement avec les cuivres capiteux et les percussions portées par le souffle du swing. Il y a là les trompettes et les cors aux notes sautillantes, les bassons et tubas avec leurs pas d’éléphants, les bois apportant toute leur rondeur, et puis ces batteries donnant l’irrépressible envie de taper la mesure du pied ou par quelque claquement de pouce. Certains, dans le public, ne s’en privent d’ailleurs pas. Le programme aussi réjouissant qu’enivrant se poursuit avec la dépaysante musique d'Amistad de Steven Spielberg ou l’Ode mémorial Queen Alexandra d'Edward Elgar dont les contours sonores restent proches des mélodies de Noël dont ce concert vichyssois célèbre l’esprit.
Ce concert donne à la phalange vichyssoise, en l’année de son 125ème anniversaire, l’occasion de faire valoir ses pupitres composés de professeurs du conservatoire local, mais aussi et surtout de musiciens qui n’ont d’amateurs que le statut. Le voyage sonore à travers diverses contrées est conduit par Joël Jorda sachant tirer de ses instrumentistes les justes sonorités et nuances, le tout dans un élan collectif rodé qui met en valeur de jeunes talents. Louna et Arhur Jorda, se fendent ainsi d‘impeccables numéros de solistes, respectivement au célesta et au basson, dans un fort applaudi Ballet du Casse-Noisette de Tchaïkovski. Les applaudissements sont tout aussi nourris au terme de l’interprétation de la symphonie des Noëls britanniques de Martin Ellerby , ou encore de Joy to the World, chant de Noël fort populaire en Amérique, dont la dimension tant poétique que féérique est ici déployée par les choristes.
Chaudement salué, le concert au diapason des fêtes de Noël et de la magie musicale qui souvent l’accompagne au pied du sapin est également programmé du côté de la Maison de la culture de Clermont-Ferrand.