Orchestre Français des Jeunes et virtuosité mozartienne à l’Auditorium du Louvre
L’occasion est ainsi donnée à ces jeunes musiciens (entre 16 et 25 ans) de se produire devant le public en cette prestigieuse enceinte, aboutissement de ce programme qui a pour vocation de former les talents de demain, et de cette session dirigée par le violoniste Julien Chauvin.
Cet automne, l’Orchestre Français des Jeunes était à sa session « classique », dans le sens précis du terme, c’est-à-dire portant sur la période musicale allant de la deuxième moitié du XVIIIe au début du XIXe. Le programme de ce soir est en accord avec cette thématique. Mozart occupe la part du lion du spectacle —choix de circonstance, dans un concert pour jeunes talents. La première partie est marquée par une alternance savamment agencée d’extraits de la Sérénade n°7 « Haffner » et d’airs d’opéras du prodige salzbourgeois, interprétés par la soprano Suzanne Jerosme.
Celle-ci impressionne par sa virtuosité, son aisance dans les acrobaties vocales, en particulier dans l’aigu de sa tessiture, agilité qui témoigne des affinités baroques de l’interprète. Lors du troisième air, “Geme la tortorella”, tiré de La Finta Giardiniera, dont le finale est ponctué de staccati (piqués), la voix s’envole à chaque nouvelle pulsation sans l’ombre d’un à-coup, son timbre pur et brillant servi par une ligne précise dans le déploiement de chaque vocalise. Elle conserve cette fluidité dans le grave de son registre, quoique l’émission puisse parfois s’y rétrécir quelque peu. Comme elle n’intervient pas durant la deuxième moitié du spectacle, son rappel a lieu avant l’entracte, dans les échos de Mozart encore, avec “Alleluia, Exsultate Jubilate”.
La deuxième moitié du programme est occupée par la première symphonie de Beethoven, œuvre constituant un passage charnière entre classicisme et romantisme, où l’influence palpable de Haydn et de Mozart va de pair avec une sensibilité nouvelle. L’Orchestre marque ainsi la fin de sa session classique tout en annonçant la couleur de l’hiver à venir, avec une « session symphonique » axée sur le répertoire romantique.
Leur professeur est manifestement très fier du travail de tous les jeunes artistes de l’orchestre et de leur passion. La direction de Julien Chauvin est vivace et attentive. Un instant, il laisse la baguette du chef d’orchestre pour retrouver l’archet du violoniste, pour la plus grande joie du public et des musiciens.
Les effets en sont palpables dans l’esprit d’ensemble et la musicalité commune, au service de leur jeu et de l’accompagnement. Si la plupart de l’orchestre utilise des instruments modernes, les cuivres (cors et trompettes) ont fait le choix d’utiliser des instruments dit « naturels », tels qu’en utilisaient les contemporains de Mozart, de facture plus simple que leurs équivalents actuels, mais qui ont une fâcheuse tendance à nécessiter plus d’ajustements en cours de concert, ce qui ne désarçonne pas leurs interprètes de la soirée.
Le public applaudit chaleureusement l’orchestre, tout comme Suzanne Jerosme, qui récolte plusieurs bravos.