Barbara Strozzi, "La Virtuosissima Cantatrice" intime à Bruxelles
Explorant la musique de chambre complexe et intimiste, les combinaisons instrumentales semblent infinies grâce aux musiciens de l’ensemble en étroite collaboration avec les sopranos Dorothee Mields et Hana Blažíková. Féminin, raffiné et intime, le programme de cette grande compositrice résonne avec une profondeur émotionnelle à travers les instruments vocaux et historiques que sont basse de viole, violon, nyckelharpa, psaltérion, guitare baroque, théorbe, harpe et orgue. Véritable plongée dans la beauté du passé, la musique de Barbara Strozzi trouve avec le Hathor Consort une résonance particulière et solaire (aussi liée à son nom : la déesse féminine Hathor de l’Égypte ancienne).
La soprano praguoise Hana Blažíková, spécialisée dans les musiques du Moyen âge, de la Renaissance et du baroque marque par une grande maîtrise et une humilité de voix à la mesure d'une discrétion baroque. L’air tenu et intriqué dans la voix de la soprano est perceptible, en accord avec le corps instrumental : la chanteuse dessine sa voix avec une clarté et une direction libre. Les mélodies sonnent tantôt sombres et indolentes, tantôt fragiles et légères. Les ondulations apparaissent avec un naturel maîtrisé.
Nouées en duo, les voix des deux femmes réussissent une émotion rendue d'autant plus communicative par la clarté des phrasés. Complément du naturel d’Hana Blažíková, la richesse vocale de Dorothee Mields s’offre plus généreuse et plus communicative. La chaleur de la voix, le timbre rond, haut et clair lui permettent de moduler à volonté une voix typiquement baroque. Les lignes pures, dessinées avec simplicité viennent nourrir les textes avec une grande intelligence. Le jeu du chant est lui aussi nourri d'expressivité corporelle. Les regards complices entre les deux solistes s'accordent avec la volonté de Barbara Strozzi : son indépendance et sa volonté créatrice brillent.
Le texte vif et la musique apostrophent par la richesse à travers le minimalisme d’une musique de chambre intimiste. Tout aussi intime, le cercle du public assistant au concert au sein de la Salle Henry Le Bœuf peut difficilement ne pas être touché par une musique aussi directe et proche.