La seconde distribution de la Resurrezione de Haendel clôture en beauté le Festival du Périgord Noir
Contrairement
au concert précédent, donné en soirée et terminé aux alentours
de minuit, cette seconde représentation de l’oratorio la
Resurrezione de Georg Friedrich Haendel a lieu en pleine journée,
dans une abbaye naturellement éclairée par la lumière du jour. Le
cadre n’en reste pas moins somptueux et le public peut, comme la
veille, apprécier l’acoustique du lieu.
Il y a peu de différences notables dans la direction d’orchestre. Le pupitre de violons joue de manière vive et expressive, entraîné par le professeur et premier violon Johannes Pramsholer. De cet ensemble se détache le son mélancolique des bois. Si le théorbe demeure discret sur les tutti, le son de la viole de gambe, en revanche, contraste agréablement au milieu des cordes, vibrant et imitant presque la voix humaine. Les deux instruments auront l’occasion de se faire entendre dans le continuo. Lorsqu'une corde de la viole de gambe se rompt en seconde partie de concert, l’orchestre doit s’interrompre pour permettre à la violiste, embarrassée, de réaccorder son instrument. Le public ne manque pas d’applaudir la musicienne pour lui manifester sa compassion.
Le premier à entrer en scène est l’Ange, incarné par la soprano Chiara Braggion, d’une voix ronde, caressante, riche dans le médium et capable de percées lumineuses dans l’aigu, le tout agrémenté d’une agilité vocale et d’un chaleureux timbre mozartien. Il lui faut tenir tête au Lucifer de Clemente Hernandez, au baryton caverneux et pectoral, projeté avec clarté. Son timbre révèle un grain sombre, comme une corde frottée de contrebasse. Son souffle long lui permet de tenir jusqu’au bout ses vocalises.
Marie Cléophas est incarnée par Lina Ferencz, dont le timbre sonne davantage mezzo-soprano que contre-alto, cependant les notes graves du rôle sont à sa portée et elle les descend en voix de poitrine, vibrée et bien sonore. Du reste, elle déploie un médium charnu et capiteux, amplifié dans les pommettes. Elle vocalise avec précision, grâce à une longue tenue de souffle et une technique athlétique. Lorena Millar Ortega incarne pour sa part Marie Madeleine. Sa voix est fraîche, avec un léger souffle sur les attaques qui donnent à son chant un caractère aérien. Son legato est fluide et ses vocalises conduites avec soin. Son articulation des consonnes est parfois mâchée et peu intelligible, mais son chant, guidé par une émotion contenue, tout en intériorité et en sensibilité, rend le sens du texte perceptible et ne manque pas d’émouvoir le public.
Dans le rôle de l’apôtre Jean, Juan Carlos Tello Molina livre une performance sobre et appliquée, sans trop ajouter d’ornementations dans ses aria da capo, hormis une messa di voce (technique consistant, sur une note tenue, à amplifier sa voix puis à la diminuer sans changer son timbre) bien exécutée. Il déploie un médium chaud et velouté. Ses vocalises sont liées, à la manière d’un ténor mozartien.
Après la reprise en bis du finale réunissant les deux distributions, le public fait un accueil chaleureux aux interprètes et à leur professeur de technique vocale, Carlos Aransay, appelé à venir saluer à leurs côtés. Le travail de ce dernier est notable dans la justesse des émotions et l’exécution technique du chant.