Soirée entre amis avec Jean-François Zygel et Beethoven
Jean-François Zygel, artiste associé à La Seine Musicale, invite le public dans l’atelier de Beethoven (comme il le raconte dans l’interview qu’il nous a accordée), proposant improvisations autour des chefs-d’œuvre du Maestro, explications amusées et amusantes, avec des interprétations de pièces moins connues.
Il s’amuse d’abord de La Lettre à Élise (en fait destinée à Thérèse) dont il fait voyager la mélodie à travers les styles, la transformant et la déformant. Puis il livre sa vision poétique et mélancolique de la Symphonie Pastorale, ainsi qu’une relecture funèbre de la 5ème Symphonie, avant de retrouver le souffle vibrant de l’Hymne à la joie.
Avec le baryton-basse Edwin Crossley-Mercer, il interprète des chansons animalières, dont La Marmotte, L’Élégie pour la mort d’un caniche ou la Chanson de la puce, et des mélodies irlandaises ou écossaises arrangées par Beethoven.
Le baryton-basse laisse entendre une voix sombre et couverte aux graves charbonneux mais aux aigus un peu trop ouverts, qu’il sait toutefois éclairer jusque dans sa voix de fausset. La noblesse d’un phrasé nuancé s’appuie sur la précision de sa diction et l’engagement de son récit (le spectateur peut imaginer une bière dans sa main lorsqu’il chante sa mélodie irlandaise, genoux fléchis) : le texte est compris bien que chanté dans la langue de Goethe. Son vibrato, presqu’imperceptible, est pourtant bien présent, dynamique. Jean-François Zygel l’accompagne de son piano, en nuances, et souvent dans des rythmes chaloupés.
Jean-François Zygel invite également Julien Martineau, qui joue de sa mandoline dans une forme de danse, dans deux pièces pour mandoline et piano, écrites par Beethoven pour séduire (en vain) une certaine Joséphine en l’accompagnant depuis son piano : n'ayant pas les mêmes objectifs que le compositeur, le duo se montre simplement complice, ce qui n'est déjà pas mal. Le Millischer Trombone Quartet est également présent pour interpréter des Équales pour quatre trombones, voyageant dans la salle, et livrant une interprétation très opératique de ces pièces dans un son envoûtant.
Pour finir, et en guise de rappel, Edwin Crossley-Mercer interprète la Sérénade de Don Giovanni, accompagné de Julien Martineau à la mandoline et Jean-François Zygel au piano. Pour plus de théâtralité, une jeune spectatrice, Camille, est placée à l’un des balcons de la salle pour recevoir, non sans un léger trouble, les mots d’amour du célèbre séducteur. Le public remercie chaleureusement les interprètes du soir dans un tonnerre d’applaudissements.