Songs & folksongs de Britten par la Maîtrise de Radio France
Encore jeune, le compositeur Benjamin Britten veut se démarquer en proposant sa propre vision des mélodies traditionnelles. Si elles ont bercé son enfance, il cherche à leur donner une couleur toute nouvelle et toute particulière, imagée et poétique. Au Studio 104 de la Maison de la Radio, la Maîtrise de Radio France invite petits et grands à entendre quelques-uns de ces arrangements, de ces airs aux accents nostalgiques, petits bijoux de musique.
La Maîtrise est d’abord divisée en deux chœurs -l’un composé des plus jeunes, l’autre des plus avancés- pour les Folk Songs Arrangements, ensemble de sept bis composé pour les récitals du ténor Peter Pears. Les trois premiers en français permettent au premier chœur de montrer son travail rigoureux du texte, ainsi que l’attention extrême de chacun des jeunes choristes. Ces mélodies simples et touchantes chantées à l’unisson par les voix fines des enfants sont colorées par le toucher poétique et très équilibré de la pianiste Corine Durous. La bienveillante direction de Marie-Noëlle Maerten se fait très souple pour accompagner les phrasés et garantir la ligne mélodique avec constance, tout en se montrant très vigilante envers la prononciation. La précision est au rendez-vous malgré les distances entre chacun des maîtrisiens, qui occupent ainsi toute la scène.
Le second chœur fait ensuite entendre les mélodies en anglais. La prononciation est (évidemment) moins nette qu’en français mais le travail de la langue reste évident et toujours appréciable. Les jeunes chanteurs ne savent apparemment pas exactement ce qu’ils chantent mais réussissent néanmoins à partager, notamment lors d’interventions solistes, l’aspect tout à fait charmant de ces mélodies populaires, comme The Salley Gardens ou The Foggy, Foggy Dew pour laquelle une jeune soliste démontre d’ailleurs un très beau travail du texte.
Pour les Three Two Parts Songs, courte œuvre très imagée que Britten a composée alors qu’il avait encore 18 ans, les deux chœurs chantent ensemble. Leur précision est vraiment très appréciable pour la première partie, vif canon illustrant une chevauchée nocturne de sorcières. Le mouvement lent central The Rainbow n’est assurément pas facile, semblant mettre à nu les voix, mais la vigilance extrême de chacun leur permet de ne jamais faillir. Enfin, s’il aurait peut-être souhaité une petite prise de risque quant au tempo de The Ship of Rio pour bien y entendre le joyeux équipage de 99 singes, l’auditeur se montre néanmoins ravi. Il est conquis par le court extrait de la suite chorale Christ’s Nativity, la berceuse a cappella « Sweet was the song » dans laquelle une jeune soliste à la belle voix de soprano 2 charme notamment par sa douce ligne mélodique.
The Golden Vanity est un « vaudeville pour chœur de garçon et piano », une sorte de mini-opéra avec costumes et accessoires mais sans décor d’après une ballade traditionnelle anglaise réécrite par Colin Graham. Le public peut en apprécier aujourd’hui la version française. Outre les costumes et accessoires, qui restent au plus simple et efficaces, il apprécie la mise en espace de Gaël Lépingle qui apporte sans grands effets superflus les mouvements et les couleurs en complément de ceux musicaux du piano. Toutes les interventions des jeunes solistes se montrent convaincantes et permettent de rentrer dans l’histoire triste et touchante de ce jeune mousse, héros en souffrance et abandonné de tous.
Jeunes et moins jeunes du public ressortent ravis de ce court concert de moins d’une heure, ravis d’avoir entendu ces belles petites œuvres de Britten et tout autant, si ce n’est plus encore, d’avoir profité du travail rigoureux des maîtrisiens de Radio France.