Opéra Montmartre ou le fabuleux destin d’une Vie parisienne
C’est l’histoire d’une troupe qui joue de l’opérette dans des Chorégies miniatures, à deux pas du Sacré-Cœur : les Arènes de Montmartre. Les interprètes prennent un plaisir manifeste à pratiquer un art lyrique qu’ils ne maîtrisent pas tous totalement. Mais l’art n’est pas qu’une affaire de technique et la créativité compense l’absence de moyens, les talents théâtraux masquent les défauts de justesse. Ce plaisir est communicatif et le public jubile. Le choix de l’œuvre, La Vie Parisienne, ses bulles et sa musique pétillante, y est propice. Raccourcie et mise en espace par Capucine Maillard, elle est dotée de dialogues réinventés, modernisés, faisant la part belle à l’absurde et au comique de répétition, mais aussi aux messages féministes (#Metoo) et aux transgressions à la mode.
La troupe est emmenée par Alexandre Bussereau, comédien-chanteur, Brésilien en talons-aiguille, dont le personnage présente la soirée et la commente, provoquant l’hilarité à chaque haussement de sourcils bien que son omniprésence finisse par provoquer un effet de lassitude. Disposant d’un beau grain de voix, il utilise ingénieusement ses failles techniques pour créer de la comédie. À ses côtés, Louis Reumont prête son timbre clair, ses longs aigus et son hyperactivité au personnage de Gardefeu. Jeanne Mendoche est une Gabrielle piquante et à la voix flûtée. Son bottier, aux souliers propices au Moon walk, est chanté par Timour Sadoullaïev. Véronique Chevallier est une Metella à l’épais mezzo, tandis que Line Gaubert-Verrier en Pauline livre une voix ciselée au timbre perlé. Enfin, Aurélien Pernay est un Baron comique, à l'agréable timbre mais dont le manque d'appui provoque des défauts de justesse. Sous la baguette de Pierre Walter, six musiciens s’évertuent à rendre justice à l’allégresse bouffe d’Offenbach dans une transposition efficace bien que manquant d’aspérité.
C’est l’histoire d’une troupe, Opéra Montmartre, qui transmet, avec ses moyens, sa passion pour l’opérette à un public qui, pour une large majorité, n’est pas familier avec l’art lyrique. Nombreux sont ceux qui y ragoûteront. Peut-être lors de leur prochaine production : une version opérette en français de La Bohème de Puccini !