Un Noël baroque, classique et contemporain à l’Auditorium de Radio France
Ce sont
tout d’abord les cordes accompagnées du clavecin et de l’orchestre
qui viennent s’installer sur scène, devant un arrière-plan
lumineux évoquant une nuit étoilée installé pour cette occasion
festive. Le concert débute par la musique d’Arcangelo Corelli et
son Concerto grosso pour la nuit de Noël. La variété des cinq
mouvements est pleinement mise en valeur par les musiciens et la
qualité de la direction de Rinaldo Alessandrini, suivant la musique
du corps de façon très dansante. De ses moments les plus doux à
ses accents les plus vifs, le chef communique une énergie très
juste à ses musiciens.
Le public accueille ensuite le soliste Julien Martineau pour écouter deux des concerti pour mandoline de Vivaldi (le concerto en ut majeur puis en ré majeur). Si l’attaque allegro du premier concerto déroute légèrement le soliste, le tempo rapide lui permet juste ensuite de dévoiler toute sa virtuosité avant d’aborder un délicat deuxième mouvement. Le court et délicieux troisième mouvement achevé, l’orchestre se réduit légèrement pour entamer le deuxième concerto du programme. Le son de l’instrument de Julien Martineau fascine, notamment dans l’aérien deuxième mouvement en forme de sérénade. Accueilli par les applaudissements chaleureux du public à la fin du vif troisième mouvement, Julien Martineau offre en bis un prélude de Raffaele Calace, compositeur et luthier napolitain né en 1863. Surprenante occasion de découvrir les nombreuses facettes de ce petit instrument, qui révèle toutes ses complexes sonorités sous les doigts du talentueux mandoliniste.
Après un bref entracte, le Chœur de Radio France prend place autour de la scène. Tandis que les musiciens déjà installés sont plongés dans une obscurité bleutée, Rinaldo Alessandrini dirige les chanteurs a cappella, dans un motet du compositeur américain Morten Lauridsen (né en 1943), O Magnum Mysterium. Cette œuvre d’une grande poésie, où les voix se mêlent avec douceur est sublimée par les choristes qui offrent un moment de calme spirituel.
Le programme est alors dédié à des pages sacrées du jeune Mozart, d’abord avec sa Messe brève (KV 275), composée à 21 ans. L’orchestre est complété par une section de cuivres, timbales et orgue positif et par quatre solistes issus du chœur. L’œuvre débute par un Kyrie entraînant, entamé par la voix assurée au timbre chaleureux de la soprano Barbara Vignudelli, qui offrira un peu plus tard un très sensible Benedictus, seule avec l’orchestre. Les trois autres solistes s’illustrent dans les ensembles, notamment dans le final de l’Agnus Dei. Le timbre riche de l’alto Sarah Dewald s’harmonise particulièrement bien avec celui de la soprano et est soutenu par des graves présents. Le baryton Grégoire Guérin introduit le Gloria puis le Credo d’une voix large et bien posée au timbre élégant. Plus discret, le timbre assez sombre du ténor Cyril Verhulst crée un contraste léger avec celui du baryton dans les ensembles mais se révèle plus justement dans les parties où il chante seul.
La qualité d’interprétation de Rinaldo Alessandrini, aussi bien dans le répertoire baroque que classique, se confirme à l’écoute du Dixit Dominus et du Magnificat du même Mozart (mais cette fois âgé de 18 ans). Les deux œuvres, composées dans le même temps, alternent passages rythmés et solennels et moments plus recueillis, ponctués par de brèves interventions des solistes. Le concert s’achève sur ces notes classiques après avoir abordé Noël dans les répertoires baroques et contemporains. Une bien belle façon de célébrer les fêtes.