Mariana Flores envoûte le Festival d’Ambronay
Mariana Flores est bien connue des spectateurs du Festival d’Ambronais, participant souvent aux côtés du chef Leonardo García Alarcon – dont l’apparition avant le concert, en simple
spectateur qui s’installe, ne manque pas d’émouvoir le public.
Ce soir, sous le chapiteau du festival et accompagnée du guitariste
et pianiste argentin Quito Gato, elle fait découvrir un aspect
d’elle-même encore inconnu du grand public en interprétant
quelques-unes des plus belles chansons populaires argentines du XXe
siècle, en hommage aux femmes d’Amérique latine. Le programme
s’organise en trois tableaux, chacun pour une région de
l’Argentine.
Le premier tableau « Mujer cuyana » (femme de Cuyo) invite le spectateur dans la province de Cuyo (au Centre-Ouest du pays, "aux pieds des Andes"), terre d’origine de Mariana Flores, alternant chansons rythmées et douces. Toutes les chansons argentines sont dansées, sauf les Tonada (du mot "ton" et désignant une musique hispanique, folklorique ou bien baroque), telle Tuna Tunita d’Antonio Tormo & Diego Miguel Benítez par laquelle la soirée débute, après une improvisation aux couleurs jazzy de Quito Gato. La chanteuse captive par sa présence, bien que le piano soit trop présent pour permettre toutes les nuances du chant. Sueño de Otoño est particulièrement touchant, chanson d'Ismael Guerrero & Jorge Viñas que Mariana Flores chante depuis ses huit ans.
Le deuxième tableau est celui de la « Mujer provinciana », femme provinciale du Nord-Ouest de l’Argentine. Les cinq chansons de cette partie sont toutes très jolies. La dernière, écrite par Ariel Ramírez & Félix Luna, fait agréablement entendre le caractère décidé et courageux de la « Jeanne d’Arc de l’Amérique du Sud », la bolivienne Juana Azurduy de Padilla qui lutta pour bouter les espagnols. Là encore, la guitare est un peu forte par rapport à la voix – pourtant amplifiée. Le troisième tableau « Mujer de Buenos Aires » fait entendre quelques tangos que danse la femme portègne (habitant la capitale argentine). Celle-ci se montre passionnée dans Chiquilín de Bachin d'Astor Piazzolla et Horacio Ferrer, sensuelle avec Yo soy María, extraite de l’opéra tango María de Buenos Aires des mêmes auteurs (et dont nous avons rendu compte en début d'année à Limoges).
La chanteuse se dit elle-même touchée par cette occasion de partager cette intimité musicale, d’habitude restreinte aux murs de sa cuisine et à ses quelques proches. Ce cadeau ne manque pas de toucher également le public, ravi et charmé par ce moment privilégié.