Mozart en la Cathédrale de Metz ou l’ouïe et la vue sublimées
Le plus léger pizzicato de violoncelle de la Symphonie 104 de Haydn, qui ouvre le programme, est sublimé par l’acoustique forcément divine que rendent les quarante mètres de hauteur de la nef de la « lanterne du bon Dieu », aux plus grandes verrières gothiques d’Europe. L’orchestre « Résonances » Sarre-Lorraine introduit ainsi la soirée, et prépare le public à une sublimation auditive pour la Grande Messe de Mozart, la cathédrale se chargeant de l’aspect visuel.
L’orchestre « Résonances » est alors conjointement à l’œuvre avec la Maîtrise de la Cathédrale, sous la direction de Christophe Bergossi, l’Ensemble de la Musique Militaire Grand-Ducale et le Chœur de Chambre du Luxembourg. La réverbération est si puissante que les cuivres du Kyrie semblent longuement s’attarder après le dernier souffle. Tels les passementeries qui parent les multiples colonnes de la nef, ils décorent, par leur présence persistante, les voix des chœurs qui se hissent sans difficulté au-dessus des instruments. Le contrepoint remarquable des sopranos et des basses cède la place à la soprano Elizabeth Wiles, dont les vibratos sont eux aussi magnifiés par la hauteur du lieu.
Les cordes font ensuite écho aux mélismes de la soprano Charlotte Dellion, dont la tenue des aigus est impressionnante. Le duo Wiles-Dellion est éclatant, précédant l’harmonie des résonances chorale et instrumentale. Le Qui tollis émouvant et solennel est ponctué par des cuivres lumineux.
S’ajoutant au duo féminin, la voix du ténor Thorsten Büttner est légèrement couverte par les sopranos et l’orchestre. Mais l’impression d’amplitude façonnée depuis le début du concert revient rapidement par les vibrations des percussions et la dernière partie du Gloria à la puissance graduelle, jusqu’au « Amen » retentissant que précèdent les voix cristallines des petits chanteurs de la maîtrise.
La flûte traversière et les cordes entament les premières mesures du Credo, et Elizabeth Wiles déploie pour ce passage des aigus encore plus affirmés qu’en première partie. Un lien choral se tisse entre elle et les vents, en particulier le basson.
Le Sanctus conforte le ressenti du public, le chœur est toujours bien en place, l’euphonie des basses et des aigus est permanente. Pour le Benedictus final (que Mozart n’a pas achevé), Thorsten Büttner est rejoint par le baryton David John Pike. Le duo fonctionne à merveille, la voix du ténor est plus assurée. Seul, David John Pike excelle autant qu’en duo, graves charpentés et syllabes bien détachées.
Le contrepoint des quatre chanteurs est tout aussi efficace, avant de céder la place une dernière fois au Chœur de Chambre du Luxembourg, qui termine comme il a commencé, puissant et solennel. Quoiqu’inachevée, la messe est dite, sous le regard en vitrail des saints de la cathédrale et les applaudissements du public.