Le Requiem de Mozart conclut le 50e Festival de Saint-Denis
La direction intense, froncée et courbée de James Gaffigan donne à l'ensemble une couleur sombre, aux basses affermies, aux aigus charnus. Le Dies Iræ (décidément puissant) est une colère noire, le Lacrymosa des pleurs de charbon. Marque d'une implication débordante, le chef accélère les tempi au fur et à mesure, et ce dès les deux premiers mouvements (aboutissant à un Dies Iræ emporté), demandant des pointés de plus en plus jetés vers l'avant. Un certain flou artistique noie de fait ces mouvements prestes (notamment les sublimes plans superposés par Mozart) et les mouvements fugués (au sommet desquels l'immense Communio). Mais l'énergie de l'Orchestre National de France est indéniable.
Marita Sølberg (© Felix Broede)
La soprano Marita Sølberg déploie des aigus fort vibrés, délicatement placés. Toutefois, tendue par l'émotion du Requiem et du lieu, elle peine à percer le rideau des instrumentistes derrière lesquels sont hélas placés des solistes qui auraient grandement bénéficié d'être devant, portés par cet orchestre généreux et subtil, comme ils le sont par l'homogène Chœur de Radio France, magnifiques voix dans le lointain. La mezzo-soprano Karine Deshayes vibre des lèvres pour vibrer de la voix. Les interventions éthérées et discrètes ne sont qu'un pâle reflet de ses talents.
Karine Deshayes (© Aymeric Giraudel)
Le ténor Joseph Kaiser déploie une émotion éplorée, menue dans le grave mais poignante dans le médium. D'un souffle immense, la basse sourde Alexander Vinogradov articule à peine ses paroles comme ses notes. De fait, il n'offre pas le soutien harmonique de fondamentales mais un magma bouillonnant, souterrain.
Alexander Vinogradov (© DR)
Ainsi se referme cette édition anniversaire du Festival de Saint-Denis, qui a décidé de fêter ses 50 ans sur trois saisons, rendez-vous donc en 2018, 2019 et plus si affinités. Pour patienter, cliquez sur Festival de Saint-Denis et retrouvez nos précédents comptes-rendus de concerts.