Le Costume à l'opéra - 4 | La Seconde vie du costume dans les collections d'un musée
- 1 | Son importance
- 2 | Sa création dans les ateliers de confection
- 3 | Sa signature
- 4 | Sa seconde vie dans les collections d'un musée
- 5 | Dans l'atelier de l'Opéra Comique - Rencontre avec Johanna Richard
La restauration textile
Beaucoup de costumes antérieurs au XIXe siècle ont aujourd’hui disparu dans des accidents, des incendies ou ont été utilisés jusqu’à leur usure complète. Pour autant, certains ont réussi à traverser les siècles. Pour être conservés et exposés aux yeux de tous, ils nécessitent un travail de restauration méticuleux et précis.
Taillé selon toutes les formes et réalisé dans toutes les matières, le costume peut être aussi fragile que complexe. Pour retrouver sa splendeur et son intégrité, il est mis entre les mains expertes d’un restaurateur textile. Récente, la profession est en constante évolution et s’enrichit au gré de la recherche et des nouvelles théories émises sur la restauration. Les restaurateurs sont d’ailleurs régulièrement amenés à donner des conférences et des colloques. Leur objectif est de restaurer le costume pour assurer sa pérennité et non de le reconstituer entièrement en refaisant ses parties manquantes.
Lors d’une restauration, un rapport comprenant un compte rendu et des photographies avant et après interventions est établi. Après avoir effectué un constat d’état, le restaurateur identifie les matériaux employés puis fait un relevé précis de ses motifs et de ses dimensions. Il doit consolider la pièce originale en utilisant des matériaux neutres adaptés. Une fois le costume dépoussiéré et nettoyé, le restaurateur intervient dessus à l’aiguille. Seules les techniques réversibles sont employées : le travail de restauration doit pouvoir être enlevé sans préjudice pour le tissu. Le temps passé sur une œuvre varie en fonction de l’état de conservation du costume, mais requiert en général 3 à 4 heures.
L’exposition
Matière organique photosensible, le textile se décolore et vieillit facilement. Un costume exposé pendant quatre mois à une lumière d’une intensité de 50 lux, -équivalent à l’éclairage d’une rue la nuit-, devra rester au repos dans les réserves pendant quatre ans à l’abri de la lumière. Il est d’ailleurs recommandé de ne pas dépasser trois mois d’exposition sous une exposition à 50 lux. Une exposition de costumes doit donc être éminemment réfléchit en amont, si celle-ci doit faire l’objet d’une tournée ou si certaines pièces doivent intégrer d’autres expositions. Avant d’intégrer une exposition, le costume doit avoir été restauré et mannequiné, c’est-à-dire mis en volume sur un mannequin.
Mannequinage au Centre National du Costume de Scène de Moulins © CNCS / Pascal François
Souvent cause de dégradation, le « mannequinage » nécessite une manipulation très délicate et peut parfois demander jusqu’à une journée entière de travail selon la complexité du costume et jusqu’à un mois pour une exposition complète. Le mannequin va soutenir le costume et lui donner le volume pour lequel il est fait. Le costume doit donc être capable de supporter son propre poids sur des durées d’exposition parfois longues de 6 mois. A défaut, il sera exposé à plat. Son mannequinage comme son exposition doit refléter l’esprit de son époque d’origine. Chaque œuvre sera donc étudiée pour être mise en valeur en respectant ses spécificités : proportions du mannequin, dispositions des accessoires, fragilité du tissu.
La Conservation préventive
L’état de conservation d’un costume résulte de son parcours de vie ainsi que de la qualité de ses matériaux. Sur scène, le costume subit une utilisation répétée et des dégâts plus ou moins importants. Il se déforme, se modèle selon le mouvement des chanteurs, est en contact avec leurs maquillages et leur transpiration. Il en ressort parfois tâché, troué ou déchiré. Avant d’être placé dans les réserves d'un musée, les costumes sont mis en quarantaine puis privés d’oxygène pendant quelques jours afin d’écarter tout risque d’infection.
Seulement même au sein d'un musée, le costume peut de nouveau être endommagé. La conservation préventive vise ainsi à protéger le costume de tout incidents. Elle est chargée d'intervenir, en amont, sur ce qui pourrait l'altérer et obéit ainsi aux règles générales de conservation : éviter les manipulations, adapter les matériaux, limiter le nombre de transports. Elle agit donc sur les conditions de stockage (température, lumière, hygrométrie, espace, matériaux utilisés, cintres rembourrés pour les costumes suspendus ou support adapté pour ceux conservé à plat ) et opère le nettoyage du costume. Les tissus sont régulièrement dépoussiérés par micro-aspiration et surveillés pour limiter le vieillissement (moisissures, mites et autres insectes, saleté). Si besoin, le costume est même congelé à -40°C pour être désinsectisé.
Le conditionnement fait également partie de la conservation préventive. Un costume doit être conservé et rangé avec le plus grand soin et en fonction de sa spécificité. Si les costumes en bon état peuvent être suspendus sur des cintres gainés, certaines pièces ou éléments ne peuvent supporter leur poids. Protégés par des matériaux neutres, ils seront ainsi conservés à plat. Certains, comme les capes et les foulards, seront même enveloppés sur des rouleaux.
(Crédits photographiques cover : CNCS /Pascal François)