Dix grands psychopathes à l’opéra (10/10) - Tosca
Tosca : Scarpia, odieux jusque dans la mort
Barbara Haveman (Tosca) et Ruggero Raimondi (Scarpia) à l'Opéra Royal de Wallonie, 2014 © ORW / Croisier
Le 14 janvier 1900 a lieu au Teatro Costanzi de Rome, la première représentation de Tosca, le nouvel opéra de Puccini. Le compositeur italien souhaitait adapter la pièce de Victorien Sardou, La Tosca, depuis 1889, mais celui-ci a mis des années à lui en donner l’autorisation, acceptant finalement la modification partielle de sa pièce en contrepartie de quoi, le livret de l’opéra devait conserver la fin rapide et violente.
A Rome en 1800, Tosca raconte l’histoire d’amour entre une cantatrice et un peintre, sur fond d’intrigue politique. Sur ce tableau plane dès le début une ombre menaçante : le chef de la police Scarpia. Celui-ci recherche activement un prisonnier en fuite, qui n’est autre que l’ancien consul de la République et donc un fervent défenseur de la liberté. Le jeune peintre décide de venir en aide au fugitif, seulement il est loin de se douter des répercussions que causera son acte de charité. En effet, Scarpia, en plus de se faire l’avocat du diable en soutenant la royauté est aussi un faux dévot qui se consume de passion pour la belle Tosca. Il fait d’ailleurs de la cantatrice l’instrument de son dessein en éveillant sa jalousie maladive pour qu’elle révèle le secret de son amant. En attendant les aveux de Tosca, il apprend que ses hommes ont capturé le peintre et prend donc la machiavélique décision de le torturer pour qu’il parle. Torture qui aura un double emploi puisque, de cette façon, il compte aussi tourmenter l’esprit de sa belle à qui il n’épargne rien des souffrances endurées par son bien-aimé dans la pièce voisine.
Anéantie et ne tenant plus, Tosca révèle alors la cachette du fugitif. Malheureusement, elle paie le prix de ses confidences lors des retrouvailles avec son amant ensanglanté qui la repousse, déçu de sa trahison. Mais la tristesse du peintre est de courte durée puisqu’à l’annonce de la victoire de Bonaparte, il laisse éclater sa joie. Seulement voilà, ces manifestations de bonheur ne sont pas du goût de l’infâme Scarpia qui ordonne sans aucun préambule l’exécution de son rival. De cette façon, il attend avec perversité que Tosca s’offre à lui en échange de la libération de son amant. Persuadée que tout est perdu, la pauvre femme accepte ce vicieux chantage en échange d’un simulacre d’exécution et Scarpia ne se fait pas prier pour se jeter sur elle. C’est alors que, dans un élan de bravoure, elle le poignarde et prend la fuite pour retrouver son bien-aimé. Après qu’elle lui ait tout expliqué, celui-ci se croit enfin sauvé. Mais ce n’est pas l’avis du peloton d’exécution qui l’abat froidement sous les yeux de Tosca qui comprend la dernière perfidie de Scarpia. Dévastée, elle se jette alors du haut de la terrasse du château en défiant celui qui a brisé son cœur et gâché sa vie : « Scarpia, rendez-vous devant Dieu ! ».
Lors de sa première représentation, Tosca fut un échec. Les critiques ne l’ont pas épargné, mais le public, d’abord mitigé, en fera finalement un succès absolu.
Ecoutez Thomas Hampson en Scarpia avec Jonas Kaufmann, à l’Opéra de Zurich, en 2009.
(cover : affiche de la pièce La Tosca de Victorien Sardou par Alphonse Mucha (vers 1900))
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