Dix grands psychopathes à l’opéra (9/10) - Fidelio
Fidelio : Pizarro puni pour son ignominie
Eike Wilm Schulte (Don Pizarro), Anja Kampe (Leonore), Matti Salminen (Rocco) et Klaus Florian Vogt (Florestan) dans Fidelio à Los Angeles en 2007 © Robert Millard, courtesy of LA Opera
En 1804, Ludwig van Beethoven commence à composer ce qui sera son unique opéra : Fidelio, commande du baron Peter von Braun qui vient d’acquérir le Théâtre de Vienne. Le livret de Joseph Sonnleithner est inspiré de la pièce Léonore ou l’amour conjugal de Jean-Nicolas Bouilly, elle-même tirée d’un fait divers de la Révolution française : à cette époque, une femme, travestie en homme s’est faite engagée comme geôlier dans la prison de Tours afin de faire libérer son époux. De manière universelle, dans ce drame romantique, Beethoven dénonce le despotisme des puissants et lance un appel à la l’amour, à la fidélité et à la liberté.
En Espagne, un aristocrate est injustement incarcéré par le vil Don Pizarro, sombre et despotique gouverneur de la prison d’Etat. Mais ce dernier a négligé un élément : la volonté sans faille de la femme du prisonnier, prête à tout pour le faire libérer. N’hésitant pas à se travestir en homme et à adopter le nom de Fidelio, elle se fait engagée dans la prison où elle peut désormais s’introduire habilement. Seulement voilà, le cruel Pizarro craint une visite du ministre royal qui le suspecte, à juste titre, d’agissements douteux et d’abus de pouvoir.
Bien décidé à ne pas se laisser accuser de la sorte, le fourbe gouverneur prend ni une ni deux la décision de tuer le captif et ordonne au geôlier d’effectuer la basse besogne. Mais celui-ci refuse et Pizarro, qui devra donc faire le travail lui-même, lui confie la tâche ingrate de creuser une tombe dans la cellule du prisonnier. Accablée par cette nouvelle, la femme grimée prie le geôlier de l’accompagner dans la cellule. Là-bas, l’abject Pizarro s’apprête à tuer l’aristocrate quand soudain, la courageuse épouse se dévoile, s’interposant entre son bien-aimé et le tyran qu’elle n’hésite pas à menacer. Finalement tout est bien qui finit bien. Le bon ministre apparaît, sauve le mari en détresse, dénonce la traîtrise de Pizarro, le châtie comme il se doit et en profite, dans la foulée, pour libérer tous les prisonniers qui entonnent alors un hymne final de réjouissance.
Fidelio aura eu bien des difficultés à voir le jour dans sa version finale. Représenté pour la première fois en 1805 au Théâtre de Vienne, l’opéra ne plaît pas au public composé principalement d’officiers français. Le compositeur allemand accepte alors avec réticence d’effectuer des modifications et il reçoit l’aide de Stephan von Breuning. L’opéra est donc présenté une nouvelle fois en 1806 mais Beethoven le retire suite à un différend avec le directeur du théâtre. Il faudra alors attendre 1814 pour enfin revoir Fidelio sur la scène dans une version qui connaîtra le succès.
Ecoutez Hans Sotin en Don Pizarro, à l’Opéra d’Etat de Vienne, en janvier 1978
(cover : Fidelio au Grand Théâtre de Génève avec Detlef Roth dans le rôle de Don Pizarro, 2015)
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