De derrière le rideau : Poker, mensonge et poker menteur
Deux lettres font la une de tous les médias du monde entier pour de bonnes et de mauvaises raisons. La première lettre pourrait être initiale de vérité, mais ne l’est pas. Pour la seconde, l’alphabet scout de mon enfance faisait chanter : « Nous n’avons rien trouvé pour… ». Creusons un peu. Il s’agirait d’une marque d’automobiles d’outre Rhin au succès planétaire. Ce constructeur aurait installé sur des millions de véhicules de plusieurs marques, un petit logiciel permettant de passer avec succès tous les tests anti-pollution quelque soit le niveau de ses émanations carboniques que notre air, déjà chargé, tente désespérément de digérer. C’est comme si, avec les conséquences que cela pourrait avoir, un petit malin inventait un logiciel de poche qui placerait systématiquement le résultat des éthylotests embarqués dans les véhicules pour en permettre ou non le démarrage, juste en dessous des seuils tolérés par les lois nationales. Il ne s’agit en rien du fruit de mon imagination. Quelqu’un a-t-il vérifié ?
Sur le fond, il y aurait beaucoup à dire. Mais sur la forme, comment un tel secret a-t-il pu être aussi bien gardé pendant aussi longtemps et sur la planète toute entière ? Qu’un inventeur s’attèle à cette question et trouve un industriel pour le développer : c’est la vie ! Mais que cela devienne la martingale de ce développeur, sans que, non seulement, son client complice n’y trouve rien à redire, mais qu'il l'utilise en plus comme une sorte de panacée face aux contrôles qui s’intensifient vue l’état piteux de notre planète, pose question. La théorie du secret, bien connue, n'a donc pas passé ici son test pratique. Lorsque l’on divulgue à son meilleur ami une information confidentielle, c’est pour être certain qu’elle sera au plus vite diffusée au plus grand nombre. Et là, rien ! Comment peut-on imaginer qu’une telle tricherie planétaire ait pu demeurer ainsi enfouie au plus profond de la conscience de plusieurs milliers de personnes, sans la moindre fuite ? Les responsabilités individuelles ne sont pas de mon ressort mais ce phénomène collectif et pluriel m’interroge. A bien des égards, il sera très intéressant de comprendre ce qui s’est passé.
Tant que l’on joue, on fait tout pour prendre le dessus sur son adversaire. Les retransmissions d’évènements sportifs, par exemple, montrent que les arbitres ne peuvent tout voir, poussant ainsi les supporters à leur indiquer la direction des commodités ! Et ceux qui hurlaient se tairont peu après lorsque la victime aura changé de camp. Mais lorsque le jeu laisse la place au mensonge de toute une hiérarchie d’acteurs, comme dans le cas qui nous occupe, on peut s’interroger sur le rôle des arbitres de ce match industrialo-économique. Pinocchio avait le mérite de voir son nez s’allonger, donnant ainsi un indice de poids à ses interlocuteurs. Le Chat botté, extrait des contes de Perrault et adapté en opéra pour enfant par le compositeur César Cui, est donc plus proche de certains protagonistes de l'affaire. Il s’agit de l’histoire que l’on connait par cœur d’un chat roublard qui à force de mensonges, de tricheries et parfois de menaces, n’aura de cesse de faire le bonheur de son maitre et accessoirement le sien. Avec succès ! De bonnes et de mauvaises raisons, disais-je ! Faites vos jeux, rien ne va plus !
Retrouvez la précédente chronique de Philippe Marigny : Migrants ou réfugiés ?