Quatre siècles d’Opéra Comique et Tragique Salle Favart en 2024/2025
La saison lyrique de l'Opéra Comique s'ouvrira toutefois, en septembre, par un opéra-comique, un vrai : Le Domino noir de Daniel-François-Esprit Auber, “Neuvième titre le plus joué à l’Opéra Comique” d’un des grands compositeurs du genre.
L’opus reviendra avec la mise en scène et les marionnettes de Valérie Lesort et Christian Hecq (notre compte-rendu à Liège et à Paris). Le Directeur de la maison, Louis Langrée dirigera l'Orchestre de chambre de Paris et le Chœur Les Éléments avec de fines lames du chant français ambassadeurs de cette tradition à travers le pays, et au-delà pour certains. Anne-Catherine Gillet, Cyrille Dubois, Marie Lenormand, Sylvia Bergé et Laurent Montel reprendront leurs rôles (Angèle de Olivarès, Horace de Massarena, Jacinthe, Ursule et Lord Elfort), rejoints par Victoire Bunel (Brigitte de San Lucar), Léo Vermot-Desroches (Comte Juliano), Jean-Fernand Setti (Gil Perez), tandis que deux solistes de l’Académie maison incarneront La Tourière et Melchior.
Suivra dans la programmation en octobre, un opus qui n’a rien d’un opéra-comique mais co-commandé et co-produit par l’Opéra Comique : Picture a Day Like This dirigé par le compositeur George Benjamin. Cet opéra sur un livret de son indissociable Martin Crimp a été créé l’été dernier au Festival d’Aix-en-Provence (notre compte-rendu) dans la mise en scène de Marie-Christine Soma et Daniel Jeanneteau et il sera porté par la même distribution vocale (Marianne Crebassa, Anna Prohaska, Beate Mordal, Cameron Shahbazi, John Brancy), le Mahler Chamber Orchestra cédant toutefois la fosse à l’Orchestre Philharmonique de Radio France.
L'Opéra Comique accueillera également le genre emblématique de l'autre Opéra National (dans ses racines d'Académie Royale) : l'opéra-ballet. William Christie, qui a marqué les esprits et les lieux avec la résurrection d'Atys mise en scène par Jean-Marie Villégier (tandis qu'une autre résurrection majeure d'Atys tourne en ce moment) dirigera ainsi ses Arts Florissants, en décembre 2024 Salle Favart, dans Les Fêtes d'Hébé de Rameau mises en scène par Robert Carsen.
Le rôle-titre sera confié à Emmanuelle de Negri qui incarnera également une Naïade. Lea Desandre (qui donnera également un récital avec Thomas Dunford) sera Sapho/Iphise/Eglé, Ana Vieira Leite cumulera (comme souvent dans ces pièces à diverses entrées) les rôles de l’amour, une Lacédémonienne, le Ruisseau et une Bergère, avec aussi le Ruisseau et Lycurgue de Cyril Auvity, Matthieu Walendzik pour le Fleuve (à voir s’il fera un jour un grand ruisseau), Antonin Rondepierre en Thélème, Marc Mauillon en Momus/Mercure, Lisandro Abadie Eurilas/Alcée, Renato Dolcini Hymas/Tirtée.
En février, Médée de Cherubini qui “synthétisa opéra-comique dramatique et tragédie lyrique” (selon la brochure de présentation) marquera les débuts maison de la metteuse en scène Marie-Ève Signeyrole. Laurence Equilbey dirigera ses Insula Orchestra et Chœur accentus, les solistes de l’Académie et les enfants de la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique. Joyce El-Khoury tiendra le rôle-titre, avec Julien Behr en Jason, Edwin Crossley-Mercer en Créon, Lila Dufy (Dircé), Marie-Andrée Bouchard-Lesieur (Néris).
En résonances, l’Académie de l’Opéra Comique proposera une autre Médée : le mélodrame de Johann Georg Benda (1775) sur un livret de Friedrich Wilhelm Gotter.
Faust de Gounod est également habitué de Garnier et Bastille… l’Opéra Comique comme récemment pour Carmen, reprendra ses droits sur cet opus qui fut originellement un opéra-comique (en retrouvant ses couleurs originelles comme le faisait aussi le Palazzetto Bru Zane à Rouen pour Carmen au début de cette saison). D’ailleurs, de la même manière que Carmen était durant la même saison (2022/2023) à Bastille et Salle Favart, Faust sera la saison prochaine à Bastille et Salle Favart… dans deux visions fort différentes toutefois : d’un côté mis en scène par Tobias Kratzer, de l’autre par Denis Podalydès. Celui-ci retrouvera Éric Ruf aux décors, Christian Lacroix aux costumes, et Louis Langrée à la baguette avec Julien Dran dans le rôle-titre, Jérôme Boutillier (Méphistophélès), Vannina Santoni (Marguerite), Lionel Lhote (Valentin), Juliette Mey (Siebel), Marie Lenormand (Dame Marthe), Anas Séguin (Wagner) et le comédien Léo Raynaud, accompagnés par l’Orchestre National et le Chœur de l’Opéra de Lille.
En mars, Samson (pas celui de Saint-Saëns qui fait toujours les belles heures de Bastille) mais là encore une version baroque, là encore un Rameau et là aussi en co-production avec le Festival d'Aix-en-Provence où cette production sera dévoilée cet été (en juillet 2024). La mise en scène est signée Claus Guth, Raphaël Pichon sera à la tête de ses phalanges (Pygmalion, Chœur et Orchestre). Comme à Aix, Jarrett Ott sera Samson, Laurence Kilsby incarnera Elon, mais Dalila passera de Jacquelyn Stucker à Ana Maria Labin. Julie Roset qui chantera l’Ange (comme si souvent) à Aix, prendra salle Favart le rôle de Timna (à Lea Desandre), tandis que l’ange Salle Favart sera confié à Camille Chopin. Achisch chanté cet été par Nahuel di Pierro n’a pas encore été distribué pour Favart, enfin l’enfant de l’opus échoira bien entendu à un enfant de la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique.
Suivront deux créations, à commencer par Les Sentinelles, composées par Clara Olivares sur un livret (et dans une mise en scène) de Chloé Lechat avec la direction musicale de Lucie Leguay. Après la création à Bordeaux en novembre 2024, l’Orchestre girondin viendra également Salle Favart mi-avril avec Anne-Catherine Gillet, Sylvie Brunet-Grupposo, Camille Schnoor, et la comédienne Noémie Develay-Ressiguier (dont les noms des rôles respectifs sont A, B, C, et E… quant au D, nous donnons notre langue au chat, pour l'instant).
La Grande Affabulation conçue par Geoffroy Jourdain et Benjamin Lazar est conçue pour la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique dirigée par Sarah Koné, et Les Cris de Paris (ici en orchestre). Une fable, d’enfants partant dans un voyage à travers “le répertoire baroque où sont nées tant de formes d’union entre poésie et musique, entre danse et chant”, programmée mi-mai.
Quant à Jordi Savall et son Concert des Nations, ils avaient enregistré deux ballets pantomimes, de Christoph Willibald Gluck : Don Juan et Sémiramis. Fin mai, ils les présenteront à Favart avec le Ballet de l’Opéra national du Capitole de Toulouse (dans un spectacle également co-produit avec Barcelone). Sémiramis sera chorégraphié par Ángel Rodríguez dans une scénographie de Curt Allen Wilmer et Leticia Gañán, tandis que Don Juan sera chorégraphié par Edward Clug dans une scénographie de Marko Japelj.
Comme de tradition désormais sous le mandat de Louis Langrée, chaque production sera accompagnée par des événements résonnants et réunis en “Pléiades” : masterclasses de l’Académie, après-spectacles, ateliers participatifs famille, ciné-concerts, concerts de musique de chambre, des récitals (Stéphane Degout chantera notamment Benjamin, Debussy et Berg, accompagné par le pianiste Cédric Tiberghien).
L’Opéra Comique proposera également des événements tout public, un week-end scènes ouvertes, accueillera les Journées Européennes du Patrimoine, Tous à l’Opéra, des récitals par l'Académie maison, des concerts de la pré-Maîtrise et de la Maîtrise populaire, des ateliers parents-enfants, mais aussi "bébé chœurs " (concert berceuse pour les 0-3 ans), des événement au Musée d'Orsay et des colloques (“Gabriel Fauré - Théodore Dubois : Perspectives et Héritage” en novembre, “Prima le Parole” sur les livrets en février, "Le Mouvement, La Couleur, La Passion, La Vie" en juin).