La Philharmonie de Paris célèbre l'art vivant avec sa saison 2023-2024
Le Directeur de la Philharmonie de Paris, Olivier Mantei cite en effet dès la première phrase de son éditorial le Ministre de la Culture du Général de Gaulle, André Malraux : “L’œuvre d’art est ce qui a échappé à la mort”, maxime structurant la construction du programme artistique. Dans cet esprit, où l’art est un moyen pour l’Homme d’accéder à l’immortalité et qui situe la création comme point de départ vers l’éternité en un lien indéfectible au présent, la Philharmonie propose 70 créations, alliant musique et arts visuels, dans une réflexion constante sur l’avenir du concert dans un futur proche. Dans un souci de mise en valeur du caractère vivant des spectacles et de l’interdisciplinarité artistique, cinq artistes issus de différents domaines ont été chargés de créer du lien entre l’espace et le programme musical au moyen de performances et d’installations (en salle et en-dehors) : le chorégraphe Benjamin Millepied, les plasticiens Rachel Marks et Sammy Baloji, le réalisateur Clément Cogitore et le metteur en scène Cyril Teste.
La saison prônant l’interdisciplinarité artistique en multipliant et en réinventant les formes du concert, le programme s’articule selon plusieurs catégories de spectacles avec en tête de pont les concerts de l’Orchestre de Paris et les invitations de nombreux orchestres internationaux parmi les plus renommés, des concerts de chambre et récitals instrumentaux, des concerts et récitals vocaux, des spectacles mis en scène et chorégraphiés, ainsi qu’un panel de créations originales alliant la musique à d’autres domaines des arts, du sport ou de l’actualité.
Orchestres
Klaus Mäkelä dirigera son Orchestre de Paris dans un répertoire allant des périodes baroque et classique/romantique -avec Bach et Dowland, Mozart et Beethoven- au XXe siècle -Debussy, Ravel, Stravinsky, Chostakovitch- en passant par les chefs-d’œuvre du romantisme -Mahler, Brahms, Schubert, Schumann. L’Orchestre de Paris se produira bien entendu également avec son Chœur, sous la baguette de Daniel Harding dans la Symphonie des Mille de Mahler, mais aussi sous la direction du compositeur et chef d’orchestre finlandais Esa-Pekka Salonen dans trois projets mêlant œuvres du XXe siècle et utilisation de la vidéo et des médias. Klaus Mäkelä et l’Orchestre de Paris animeront également la Fête de la Musique, sous la pyramide du Musée du Louvre.
La Philharmonie accueillera également et comme à son habitude nombre des plus grands orchestres internationaux à l’occasion de concerts symphoniques tout au long de la saison. Simon Rattle dirigera aussi bien l’Orchestre Symphonique de la Radiodiffusion Bavaroise que l’Orchestre de Londres également mené par Sir Antonio Pappano. Interviendront aussi l’Orchestre Philharmonique de Berlin dirigé par Kirill Petrenko, l’Orchestre du Teatro di San Carlo dirigé par Giacomo Sagripanti, l’Orchestre de Chambre de Lausanne dirigé par Renaud Capuçon, les orchestres américains de Boston, Philadelphie, Chicago, Los Angeles et bien d’autres encore venus d’Europe et du monde entier. Dans un souci de visibilité et de promotion du travail des femmes cheffes d’orchestre, la maison accueillera également comme de tradition désormais le concours international des cheffes d’orchestre La Maestra.
Danses
Le programme comprend des œuvres mises en scène dont la multiplicité des formes témoigne d’une recherche constante d’innovation. Le travail chorégraphique de Mourad Merzouki accompagna l’interprétation de The Fairy Queen de Purcell par l’ensemble Baroque résident à la Philharmonie et dirigé par Paul Agnew, Les Arts Florissants ainsi que le spectacle participatif 80 minutes, par l’Orchestre Divertimento sous la direction de Zahia Ziouani. La danse sera à l’honneur également dans un spectacle autour du mythe de Pelléas par l’Orchestre de chambre de Paris sous la baguette de Simone Menezes et chorégraphié par Thierry Thieû Niang, dans le spectacle L.A. Dance Project où se côtoieront les univers de Benjamin Millepied et de Nico Muhly ou encore avec In C de Terry Riley interprétée par l’Ensemble Intercontemporain -lui aussi résident à la Philharmonie- et chorégraphiée par Sasha Waltz, sans oublier une revisite du Sacre de Stravinsky par Abd al Malik, Blanca Li et David Grimal avec l’ensemble Les Dissonances.
Opéras
L'opéra contemporain sera notamment marqué par un cycle et la poursuite d'un autre. Philip Glass sera à l'honneur avec une série de six événements, dont la trilogie opératique d’après Jean Cocteau (Orphée, La Belle et la Bête, Les Enfants terribles en version pour les deux pianistes Katia et Marielle Labèque, sous la direction artistique de Cyril Teste), sa musique pour le film Dracula ("dans une version pour piano inédite en France"), ou encore Einstein on the beach de Philip Glass -un aperçu de l’œuvre globale et de ses récentes représentations ainsi que de la trilogie dans laquelle elle s’inscrit est à retrouver comme toujours sur Ôlyrix.
Avec Sonntag aus Licht de Karlheinz Stockhausen, Le Balcon dirigé par Maxime Pascal poursuivent ainsi leur exploration de ce cycle sur une mythique Semaine de Lumière.
Le programme joue aussi des codes de l’opéra à travers l’opéra-performance Sun & Sea (dont nous venons de rendre compte à Buenos Aires) venant de Venise donner un avant-goût de Paris Plages et du réchauffement climatique.
La Philharmonie propose également un focus sur la figure tutélaire des compositeurs modernes, avec un spectacle autour de la vie et de la musique de Schönberg par l’Orchestre de Paris sous la baguette d’Ariane Matiakh, sans oublier une version de concert des Soldats de Bernd Alois Zimmermann -par l’Orchestre du Gürzenich de Cologne dirigé par François-Xavier Roth. Sans oublier non plus bien entendu de donner un panorama de toute l'histoire de l'opéra menant vers cette modernité. René Jacobs dirigera même aussi bien le premier chef-d'œuvre du genre (L'Orfeo de Monteverdi) que le plus fameux sans doute (Carmen de Bizet incarnée par Gaëlle Arquez, avec Julien Behr et Sabine Devieilhe qui chantera également le Requiem de Mozart avec Pygmalion). Ariodante de Haendel réunira Lea Desandre et Les Arts Florissants de William Christie.
Gustavo Dudamel (Directeur musical de l'Opéra de Paris) viendra avec son autre phalange : le Los Angeles Philharmonic pour Fidelio de Beethoven dans une mise en scène d'Alberto Arvelo réunissant Tamara Wilson (Leonore), Andrew Staples (Florestan), James Rutherford (Rocco). Dudamel viendra également avec son orchestre parisien pour un concert de musique française en compagnie de Julie Fuchs tandis que le précédent directeur musical de l'Opéra de Paris qui avait initié le mouvement de concerts à la Philharmonie, Philippe Jordan dirigera l'Orchestre de Paris pour la Symphonie Inachevée de Schubert et la Neuvième de Bruckner.
L'Enfant et les sortilèges de Ravel sera le projet des étudiants des disciplines vocales et instrumentales du Conservatoire de Paris, avec l'encadrement et la préparation musicale de Didier Puntos et Morgane Fauchois-Prado, dans une mise en scène signée Sandra Pocceschi et Giacomo Strada.
Et le programme ira jusqu'aux Lessons in Love and Violence (2018) composé et dirigé par George Benjamin avec l'Orchestre de Paris, Stéphane Degout (qui reprendra également Elias de Mendelssohn avec l'Ensemble Pygmalion de Raphaël Pichon), Georgia Jarman, Gyula Orendt, Toby Spence, James Way dans une mise en espace de Dan Ayling.
Les grands noms de la voix lyrique seront ainsi au rendez-vous, avec également Elsa Dreisig pour un récital de compositrices intitulé "Roses Dans La Nuit" avec Bertrand Chamayou et Elles Women Composers. Juan Diego Flórez chantera bel canto également avec piano (Vincenzo Scalera). Christiane Karg chantera dans la Missa Solemnis de Beethoven avec Varduhi Abrahamyan, Daniel Behle, Tareq Nazmi et Le Cercle de l'Harmonie de Jérémie Rhorer.
Enfin quatre têtes d'affiches donneront des récitals au programme riche et varié : Nina Stemme avec l'Orchestre de Paris et Esa-Pekka Salonen de Bach à Hindemith, Rolando Villazón avec Xavier de Maistre à la harpe pour des œuvres de Luis Antonio Calvo, Antonio Estévez, Manuel de Falla, Alberto Ginastera, Carlos Guastavino, Eduardo Sánchez de Fuentes, Yvette Souviron, Anna Netrebko avec Pavel Nebolsin au piano pour un programme russe (Glinka, Rachmaninov, Rimski-Korsakov et Tchaïkovski), Jakub Józef Orliński avec Il Pomo d'Oro pour des airs italiens (de Pietro Paolo Cappellini, Francesco Cavalli, Girolamo Frescobaldi, Claudio Monteverdi, Sebastiano Moratelli, Giovanni Maria Pagliardi, Antonio Sartorio).
La Philharmonie de Paris proposera plus de 10.000 séances éducatives, et des concerts "exclusivement réservés aux moins de 28 ans" (à l'image des avant-premières jeunes de l'Opéra de Paris), avec aussi un concert animé autour de la série Luz et les Sonidos (qui sera diffusée sur France Télévisions à l’automne 2023).
Dans une démarche d’ouverture du cercle de la musique à d’autres domaines des arts, mais aussi du sport et de l’actualité, la Philharmonie se propose aussi de lier sa programmation aux Jeux Olympiques de Paris (à ce propos, nous vous proposons également sur Ôlyrix un article sur le projet EVE “Exister avec la Voix Ensemble”, qui propose également une prestation en lien avec les Jeux Olympiques). Musiciens, danseurs et sportifs de divers horizons collaboreront au sein de spectacles originaux comme Panenka, spectacle autour du football par le Quatuor Leonis et Antoinette Gomis ou bien La Victoire de Karima, un hommage à l’art de la boxe avec le Chœur de l'Orchestre de Paris dirigé par Clara Baget et le club sportif des Boxing Beats. Les expositions de la maison iront d'ailleurs du Metal à Zidane.