Pascal Bertin : le Festival Baroque de Pontoise, “c’est toute l’année, quand vous passez par l’Île-de-France”
Pascal Bertin, comment présenteriez-vous le Festival Baroque de Pontoise et son identité à ceux qui ne le connaissent pas encore ?
Le Festival Baroque de Pontoise en est à sa 37ème édition. C’est un Festival assez ancien dans le domaine des musiques anciennes. J’en suis le directeur depuis juin 2018 et j’ai essayé de lui apporter un nouveau souffle : ce très beau Festival était d’une certaine manière très lié à l’ancien Directeur et à une esthétique de festival qui avait fait son temps. J’avais notamment besoin et envie d’une nouvelle ouverture et de repenser son déroulement.
Le premier changement concerne donc le calendrier : le festival se déroulait historiquement au mois d’octobre mais nous en avons fait une saison annuelle. Avec certes toujours une partie un peu concentrée en octobre (comme un autre clin d'œil au passé) réunissant trois grands événements par weekend, mais avec ensuite deux ou trois événements par mois jusqu’en juin.
Quels sont les objectifs et les changements induits par cette nouvelle temporalité ?
une saison culturelle tout au long de l’année
Ils sont multiples. Cela renforce déjà l’assise territoriale de notre action : nous ne sommes pas un Festival d’été de tourisme culturel, ce n’est pas du tout la même philosophie et il semble donc difficile d’en faire un rendez-vous qui ressemble à Saintes, Périgueux ou La Chaise-Dieu, où une population de festivaliers vient dans un temps donné, adhérer à une grande partie de l’offre culturelle. Notre Festival, au contraire, se déroule dans l’année, avec une concentration en octobre, donc durant la saison pour un public qui a repris le travail ou ses activités de retraite. En outre, nous ne fonctionnons pas autour d’un lieu unique où peuvent se rassembler les artistes et le public après les concerts.
Pour toutes ces raisons, proposer une saison culturelle tout au long de l’année m’a semblé le plus pertinent. D’autant plus que nous sommes très impliqués sur les questions d’éducation et de médiation culturelle, or tout le travail de préparation avec les collèges et lycées est quasiment impossible non seulement l’été mais également en septembre car les professeurs connaissent encore à peine le prénom de leurs élèves.
Faire un festival jouant sur toute l’année permet ainsi de faire un travail sur le long cours avec les élèves et les enseignants, travail qui se solde par une restitution (malheureusement cela n’a pas été possible ces deux dernières années à cause du Covid, mais nous allons reprendre cette année), ou bien avec des ensembles très émergents, des étudiants, ou des écoliers qui viennent simplement chanter une chanson avec leurs professeurs, sous le tutorat d’artistes que nous recevons. Avec un travail sur l'année, nous sommes donc beaucoup plus à même de réaliser ces actions. Par exemple cette année, nous avons monté Le Sicilien ou l'Amour peintre, pièce de Molière mise en musique par Lully, avec le Collège La Justice à Cergy qui est un collège réputé « difficile » : ce fut un travail passionnant pour tous, durant trois à quatre mois sous la baguette musicale de Stéphanie-Marie Degand avec une mise en scène de Loïc Chahine et un suivi pédagogique de leur professeure de français, Nicole Maguet.
Quelles sont les valeurs que vous souhaitez porter à travers ce Festival ?
Nous sommes très impliqués sur la thématique écologique, avec une réflexion quant au poids carbone sur l’environnement dans notre pratique artistique. Nous étions très concernés par ces questions bien avant que cela devienne une juste injonction. C’est pourquoi nous demandons aux ensembles que leur venue au Festival puisse se combiner à d’autres activités dans la région parisienne : c’est un autre avantage d’avoir une activité sur toute l’année car ce ne serait pas possible si nous nous concentrions sur le mois d’octobre. Nous refusons totalement que les ensembles lointains fassent l’aller-retour uniquement pour nous. Lorsque les ensembles nous demandent quelles sont nos dates de Festivals, nous leur répondons “Toute l’année et notamment lorsque vous passerez par l’Île-de-France” !
Quels autres changements avez-vous souhaité imprimer à ce Festival ?
Nous avons très largement ouvert les répertoires
Le deuxième grand changement que nous opérons concerne l’ouverture à un autre répertoire. Je n’ai toutefois pas voulu changer le nom du Festival car il a une très belle histoire et je ne renie pas tout ce qui a été fait avant moi. Ce Festival a un très beau passé et est devenu très important au niveau européen grâce à mes prédécesseurs. Nous sommes fiers de notre appellation “Festival Baroque de Pontoise” mais nous ne considérons pas l’acception de ce mot “baroque” comme la définition d’un courant d’une époque qui irait de L’Orfeo de Monteverdi en 1607 à la mort de Bach en 1750. Pour moi, le mot baroque doit être pris dans sa signification étymologique : comme quelque chose d’un peu étrange, bizarre, un peu irrégulier, qui pose questions et qui, dans son irrégularité, peut être extrêmement beau. Ainsi nous ne nous limitons plus à la musique des XVIIe et XVIIe siècles. Nous avons très largement ouvert les répertoires à des musiques qui ont toujours un lien avec notre thème. Cette programmation sur la base d’un thème est le troisième grand changement.
Comment choisissez-vous vos thèmes ?
Chaque saison est associée à un thème particulier, qui n’est jamais un thème musical mais un thème sociétal, littéraire ou philosophique. L’idée est de partir des anniversaires de compositeurs sur une année donnée, de chercher ce qui les relie entre eux et ce qui les relie à notre époque. Nous sortons ainsi d’une saison « Mensonges » reliant le 500ème anniversaire de Josquin des Prés, le 350ème d’Albinoni, le 100ème de Saint-Saëns, reliés par la rumeur, la légende : Josquin était tellement connu à son époque qu’une grande partie du répertoire signé de lui n’est pas de lui, tandis qu’Albinoni est notamment reconnu pour une œuvre qu’il n’a pas écrite (l’Adagio qui date du XXe siècle). Et comme nous étions en pleine crise sanitaire, où des spécialistes auto-proclamés de tout et n’importe quoi se prétendaient virologues ayant la vérité sur la pandémie, cette thématique nous a particulièrement rapprochés du temps présent.
Quelle sera la thématique de cette année ?
Héritages
Notre concert d’ouverture de saison la lancera dès ce 10 septembre 2022, avec un programme consacré aux « Héritages », 2022-2023 marquant le 350ème anniversaire de la mort d’Heinrich Schütz, le 350ème anniversaire de la naissance d’André Cardinal Destouches, le 350ème anniversaire de la mort de Denis Gaultier, le 150ème anniversaire de la naissance de Ralph Vaughan Williams, le 400ème anniversaire de la mort de William Byrd. Les filiations se révèlent en étudiant chacun d’eux : Schütz est l’élève le plus connu de Gabrieli et de Monteverdi, Destouches était l’élève de Campra, Vaughan Williams est héritier du baroque anglais (d’ailleurs ses cendres reposent à côté de celles de Purcell), et Byrd était probablement (même si ce n’est pas sûr) l’élève de Tallis et le professeur de la plupart des grands compositeurs anglais de la génération suivante, chef de file des virginalistes.
Ainsi, notre saison parlera d’héritages et de transmission : les révolutions artistiques ne viennent jamais de rien, nous ne sommes pas inventeurs absolus (de quoi que ce soit), un génie a le sens de la synthèse et de l’évolution. Cette année, nous allons ainsi mettre en lumière toutes les figures de l’héritage : des héritages de compositeurs, des héritages familiaux (via nos concerts autour de la famille Bach, père, fils, oncles), des héritages d’esthétiques musicales, en allant même jusqu’au jazz. Nous montrerons toutes les filiations et puis, clin d’œil plaisant : certains ensembles réunissent plusieurs générations de musiciens qui jouent ensemble (père, fils/fille, etc.), le plus emblématique étant Les Muses en famille qui viendront donc pour notre soirée d’ouverture ce 10 septembre (avec Jérémie Papasergio et Elsa Frank, couple bassoniste et hautboïste dont tous les enfants sont musiciens). Viendront ensuite Alain Buet et Pauline Buet, parmi bien d’autres.
Comment choisissez-vous les différents lieux où rayonne votre Festival au-delà de son centre de gravité à Pontoise ?
Nous sommes un Festival très itinérant. Sur la trentaine d’événements, nous en gérons entièrement une dizaine dans nos deux églises (la Cathédrale Saint-Maclou et l’église Notre-Dame). Pour le reste, nous travaillons avec nos partenaires, en général la communauté d’agglomération, mais en s’étendant aussi à des territoires plus lointains et tous les ans un peu plus : Argenteuil, la Scène nationale de Cergy, le Musée de la Renaissance d’Ecouen, le théâtre de Poissy, la Fondation Royaumont, et pour la première fois cette année le théâtre Paul Eluard de Bezons et L'Hiver Musical de Saint-Leu-la-Forêt.
En début d’année, je propose à ces partenaires mon nouveau thème, un choix de spectacles, mais je reste pleinement à l’écoute d’événements qui les auraient séduits : c’est un vrai dialogue, car je considère que les directeurs des salles partenaires connaissent mieux que moi leur public. Ce qui m’intéresse c’est de pouvoir aller à leur rencontre avec un programme en adéquation, afin de créer des passerelles intelligemment, dans un grand respect des lieux qui nous accueillent.
L’Ensemble Il Caravaggio dirigé par Camille Delaforge viendra le 30 septembre avec la voix d’Anthea Pichanick : qu’attendre de ce concert et de son lien au thème de la saison ?
nouvel ensemble en résidence
Ce sera un grand rendez-vous car L’Ensemble Il Caravaggio est le nouvel ensemble en résidence pour trois ans (succédant à La Diane Française ces trois dernières saisons). D’une manière générale, l’ensemble en résidence propose deux concerts chaque année.
Le récital du 30 septembre va traiter de l’influence que Vivaldi a eue sur les générations postérieures, sur la composition de l’opéra et le développement du concerto (s’il n’est pas l’inventeur du concerto, il en est le promoteur le plus important). Le programme présentera des cantates italiennes (dont la célèbre Cessate, omai cessate), des extraits d’opéras et de concertos. Nous sommes extrêmement heureux de recevoir Anthea Pichanick, désormais plus qu’émergente : elle est reçue sur toutes les scènes d’opéra. Elle travaille avec Camille Delaforge depuis quelque temps déjà, dans une collaboration très riche.
En juin, ce sera Le Devoir du Premier Commandement, premier opéra sacré de Mozart, davantage encore lié à la question de l’héritage car l’œuvre est écrite avec son père Leopold (dont des sources montrent à quel point il a pris part à la correction et la création de la pièce).
Le lendemain, vous invitez les Voice Messengers avec Neima Naouri à Jouy-le-Moutier, pourquoi et comment ouvrir ainsi le Festival au jazz ?
baroque et jazz
Déjà parce qu’il y a un lien évident entre la musique baroque et le jazz : ces deux musiques laissent une part importante à l’improvisation (la musique baroque l’a parfois oublié mais les jeunes ensembles s’en emparent de nouveau). Ces musiques sont aussi, toutes les deux, écrites sur des bases chiffrées. Une ligne de basse indique les accords par des chiffrages, avec une basse obligée tandis que la mélodie improvise. Pour le chant, l'improvisation, le scat, la polyphonie sont extrêmement proches. Au niveau de notre héritage, nous sommes de surcroît très intéressés par des partenariats avec les grands acteurs culturels du Val d’Oise : Jazz au fil de l’Oise est un partenaire important. Ce qui m’intéresse c’est de proposer du jazz qui peut nouer un lien avec mon thème et avec de la musique ancienne. Nous sommes ainsi, ici, dans cette question d’héritage à double titre : les Voice Messengers étant l’héritier direct des Double Six de Mimi Perrin, et Neima Naouri est la fille de Natalie Dessay et Laurent Naouri (celui-ci viendra chanter sur scène à cette occasion). Nous aurons donc la filiation sur scène.
Le 8 octobre, vous présenterez à l’Église Notre-Dame L'Escadron Volant de la Reine avec la soprano Eugénie Lefebvre pour des œuvres de la famille Bach. Comment percevez-vous l’héritage qui se transmet entre ces compositeurs ?
L’arbre généalogique de la famille Bach est tellement large qu’il est difficile de bien montrer les liens entre héritiers et ancêtres. L’idée est de mener un travail à la manière de la famille Bach, au sein de l’ensemble de L’Escadron : ils vont même entremêler des pièces de différents Bach, en les coupant et en les intercalant les unes avec les autres. Ils font partie des ensembles que j’engage avant même que le programme ne soit complètement arrêté car j’ai une confiance absolue dans leur travail. Je les côtoie depuis longtemps car j'ai l’avantage, en tant que responsable du Département Musique ancienne au Conservatoire de Paris de connaître les jeunes musiciens un peu avant tout le monde (ce qui rentre aussi dans le thème de l’héritage, car je suis un témoin privilégié de leur développement).
Le 15 octobre, vous accueillez la Cappella Mediterranea qui interprétera Amore Siciliano réunissant des Madrigaux et cantates de Sigismondo d'India, Scarlatti, Cataldo Amodei et musiques d'origine populaire. S’agit-il là aussi d’une forme de Carte Blanche donnée aux artistes d’après un thème déterminé ?
La Cappella a un partenariat récent avec le Théâtre de Poissy (dont nous ne vendons pas les billets). Si vous alliez au Théâtre de Poissy dans les années 1990-2000, vous auriez vu Poissy comme l’annexe du Théâtre des Champs-Élysées : c’était invraisemblable, extraordinaire, ils recevaient tous les plus grands, René Jacobs, John Eliot Gardiner, Les Musiciens du Louvre, etc. La politique du théâtre s’est ensuite dirigée vers autre chose (en partie car le public était peu local), pour se concentrer sur des propositions plus grand public. Mais ils se sont rendu compte qu’ils étaient allés un peu trop loin dans l’abandon du répertoire ancien. Le directeur était donc intéressé par ce que je pouvais lui suggérer. C’est aussi une chance pour nous de proposer des projets qui dépassent nos possibilités financières, alors que Poissy en a les moyens. Nous sommes donc aussi dans une fonction de conseil avec eux. La Cappella, peu après avoir joué chez nous, nous a proposé des programmes dont celui-ci, Amore Siciliano [notre compte-rendu, ndlr]. Je savais que ce spectacle très vivant, tout public, pouvait convenir aussi à Poissy. Ce spectacle a été créé sur les souvenirs musicaux de Francesca Aspromonte, sur les chansons de son enfance. Il s’inscrit dans notre thème de l’héritage car la musique populaire et la musique savante, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle ne sont pas des esthétiques (aussi) séparées (que maintenant). Au Moyen-Age et surtout à la Renaissance, on écrit ainsi des messes sur des thèmes de chansons populaires. En l’occurrence, tout ce programme est une alternance de chansons populaires siciliennes ou calabraises et de madrigaux ou d’extraits d’opéras du Seicento (années 1600 en Italie) : vous verrez que les répertoires ne sont pas du tout éloignés à cette époque-là.
Il y a aussi d’autres concerts dans ce genre : celui à Ecouen le 15 avril avec l’Ensemble Leviathan dirigé par Lucile Tessier, mettant en regard les diminutions [notes d’ornements entre deux notes d’une ligne musicale, ndlr] du Seicento italien et l’ornementation des polyphonies corses. Dans la même veine viendront Aedes et Rocío Márquez (le 11 décembre au Théâtre Paul Éluard de Bezons) pour le spectacle Lamento qui met en miroir le flamenco et le répertoire choral.
Pourquoi avez-vous choisi et comment présenteriez-vous l’Ensemble Il Groviglio que vous invitez le 16 octobre à la Cathédrale de Saint-Maclou pour “Les Scarlatti, une Histoire de Famille” ?
Cet ensemble intéresse le monde musical depuis un certain temps, il gagne à être connu du grand public et le lien s'est aussi fait avec l’ancien Directeur du Festival Patrick Lhotellier (qui les soutient dans leur administration). Patrick m’a envoyé cette proposition idéale car elle réunit Scarlatti père et fils. L’équipe artistique comprend Mariamielle Lamagat et Floriane Hasler, des chanteuses que j’ai très bien connues au CNSM de Paris, tout comme les instrumentistes et les musiciens Gauthier Broutin, Adrien Alix, Nora Dargazanli. Le programme est très intéressant, le groupe est dans une dynamique de progression : il est important que le Festival Baroque de Pontoise les accompagne.
Dans la construction de la saison, nous visons toujours à bien équilibrer les programmations entre des ensembles et chefs très confirmés comme Les Arts Flo, Emmanuelle Haïm, Sébastien Daucé, Aedes, etc. et puis des ensembles et interprètes moins connus, plus récemment formés, comme Il Groviglio, Bella Schütz (pianiste qui a remporté le prix du Festival Baroque de Pontoise pour le Concours Piano Campus), Les Kapsber'Girls, I Giardini, qui sont des ensembles encore émergents, et puis d’autres ensembles qui ne sont plus complètement émergents ni tout à fait super-stars, comme Il Caravaggio, L’Escadron, I Gemelli.
Qu’avez-vous demandé et proposé justement à l’Ensemble I Gemelli pour leur concert du 21 octobre à l’Église Notre-Dame ?
Ce groupe fait un travail extraordinaire, d’une façon beaucoup plus précise que nombre d’autres ensembles du paysage aujourd’hui sur le Seicento. Pour moi, leur chef et chanteur Emiliano Gonzalez Toro est l’héritier direct de Francesco Rasi, le baryténor qui a créé L'Orfeo (Emiliano est un très grand Orfeo d’aujourd’hui). Nous avons justement accueilli cet opéra à Poissy l’année dernière. Le programme Soleil noir qu’ils présenteront parle vraiment et directement de Francesco Rasi, l’absolu monteverdien du XVIIe siècle.
Le 22 octobre, Paul Agnew et Les Arts Florissants chanteront le Premier Livre de Madrigaux de Schütz au même endroit. Comment présentez-vous ce compositeur essentiel mais méconnu ?
Sacrée colle [rires]. Pour toute personne qui aime le Madrigal dans l’esthétique italienne, les grandes formations, la polychoralité du XVIIe siècle, quand on aime Gabrieli, quand on aime la première manière de Monteverdi, on s’intéresse forcément à Schütz. Schütz c’est, d’une certaine manière, la rencontre du Nord et du Sud : c’est une polyphonie qui peut avoir en même temps la science de l’écriture du Nord avec l’héritage des franco-flamands, et le début des affetti dans toute l’exubérance de la musique italienne. Un peu à l’instar de Monteverdi, ses écritures peuvent être très différentes entre une polyphonie héritière de la Renaissance et des pièces solo avec basse continue (comme ce qu’on peut trouver dans les Kleine geistliche Konzerte - Petits Concerts spirituels, de Schütz, confirmant qu’il est l’un des musiciens les plus importants du XVIIe siècle, sans aucun doute).
Quels sont les grands axes du reste de votre saison ?
La transmission sera encore présente via notre partenariat avec le Conservatoire de Paris, cette année dans deux programmes très importants : le 18 novembre pour Le retour à Versailles où l’on entendra des Grands Motets du temps de Louis XV dirigés par Emmanuelle Haïm et qui réuniront le Conservatoire de Paris, le Conservatoire de Lyon et le CMBV (61 musiciens sur scène pour interpréter Campra, Bernier, Gervais, Lalande). Le 21 mars, un programme très original sera centré sur les Leçons de ténèbres de Zelenka, dirigé par Sébastien Daucé avec La Maîtrise Notre-Dame de Paris. Ces deux événements convoquent donc des jeunes apprentis musiciens et deux maîtrises, ce qui est très représentatif des enjeux de transmission.
Le 16 novembre au Théâtre des Louvrais est aussi un rendez-vous très important, avec la danse : pour Tumulus, impressionnante chorégraphie de François Chaignaud en compagnie des Cris de Paris de Geoffroy Jourdain, en coproduction avec la Scène nationale à Cergy-Pontoise.
Côté théâtre, avec une petite forme engagée (car il faut l’être, y compris politiquement), nous allons donner Persées de la Compagnie MPDA d’Alexandra Lacroix, le 24 mars au Théâtre de l'Antarès à Vauréal. Ce spectacle est très intéressant puisqu’il met en regard les mélodies persanes de Saint-Saëns chantées par François Rougier, arrangées pour guitare électrique, avec des écrits de migrants syriens de notre époque. Ce spectacle permet de confronter ces deux visions du voyage, de l’orientalisme : de la fin du XIXe siècle et de notre temps.
Nous proposons également beaucoup de programmes jeunes publics et pour nouveauté le ciné-concert au cinéma de Pontoise avec Les Traversées baroques autour d’extraits de films de Méliès où se rencontreront cinéma, musique vivante et théâtre (le 16 décembre au Royal Utopia). Plus tard, Canticum Novum proposera son nouveau programme NOUR, sorte de carnets de voyage et de vie à destination des plus jeunes. Pour les familles nous proposerons également une composition contemporaine jouée sur instruments historiques (car il est très important que la création d’aujourd’hui s’empare des capacités d’expression des instruments anciens). La composition sera signée Vincent Bouchot pour La Rêveuse, le 17 février à L'Imprévu de Saint-Ouen l'Aumône, et s’appellera Le Carnaval des animaux en péril : l’héritage de Saint-Saëns avec tout l’humour de Vincent Bouchot qui illustrera musicalement des animaux repoussants plutôt que des chatons, dauphins et autres oursons.