Fêtes Galantes musicales pour le Tricentenaire Watteau aux Invalides
Le Tricentenaire de la mort du peintre français Antoine Watteau (1684-1721) est l'un des temps forts rythmant cette saison musicale aux Invalides : c’est l’un des sept cycles organisés dans sa saison musicale 2021/2022 (avec par ailleurs : les Lauréats des Victoires de la Musique, le Bicentenaire de la mort de Napoléon, Jeunes Talents-Premières Armes, Vents d'hiver, 350ème "anniversaire" de la guerre de Hollande de Louis XIV, ainsi que l'Écho à l'exposition "Photographies en guerre").
Trois concerts commémorent ces 300 ans de Watteau en musique : Fêtes galantes lundi 8 novembre, Douceur pastorale et grandeur militaire mardi 23 novembre, Watteau et la musique lundi 29 novembre.
Fêtes galantes
Ces trois concerts font résonner la peinture de Watteau avec la musique de ses contemporains et en particulier autour des "Fêtes galantes" : ces nobles réunions en plein air que le peintre a immortalisées en toiles, dans un genre emblématique qu'il a fondé et qui a fait sa gloire. Ce genre et cet esprit qui résonnent avec toute une époque ont aussi profondément influencé la musique.
Fêtes galantes est ainsi le titre donné au premier concert de ce cycle dans la saison musicale des Invalides : un concert qui tisse les liens éloquents entre la peinture de Watteau et la musique, comme le fait également Florence Bolton, Directrice artistique de l'Ensemble La Rêveuse qui interprétera ce programme : "Déjà, Watteau est un peintre très en contact avec la musique, qui a peint beaucoup de musiciens. Beaucoup de ses carnets de croquis montrent qu'il assistait aux concerts (comme le fera Degas pour les danseuses, un siècle et demi plus tard). Son univers est empli de musiciens que nous retrouvons dans les poses adoptées, très justes et adaptées aux instruments qui y sont représentés et que nous jouons au sein de notre ensemble. Certains musiciens des croquis se retrouvent d'ailleurs exactement dans les mêmes positions dans différents tableaux.
Réciproquement, la musique aussi permet de 'dépeindre'. C’est notamment le cas des pièces de caractères que nous avons choisies au programme et qui sont des sortes de peintures musicales." Le lien entre musique et peinture se fait alors par les couleurs et l'esthétique : "C'est tellement beau, s'enthousiasme Florence Bolton, nous jouons ces pièces-portraits comme on déballait à l'époque des portraits peints, chez un vendeur de couleurs."
Au cœur du programme de ce concert, comme une évidence, trônera le grand Marin Marais (compositeur admiré en son temps et à travers les siècles, y compris en littérature et au cinéma avec Tous les matins du monde). D'ailleurs, lorsque l'Ensemble La Rêveuse a enregistré un album consacré à Marin Marais il y a quelques années, le choix de l’image pour la pochette du disque s'est naturellement porté sur un Watteau (choisi bien avant l'idée de ce cycle Musique & Watteau aux Invalides, avec donc la même évidence). Le programme fera aussi dialoguer à nouveau Marin Marais avec l'un de ses géniaux élèves : Louis de Caix d'Hervelois (auquel l’Ensemble La Rêveuse consacre son nouvel album, lui aussi illustré avec un tableau de Watteau). Ce dialogue entre le maître et l'élève est d'ailleurs commun aux domaines de la musique et de la peinture : comme les jeunes pinceaux se formaient à l'atelier d'un maître, le jeune musicien se formait face au maître, viole face à viole.
"Le dialogue se dessine aussi entre le maître Marais qui fait des portraits de caractères (notamment mélancoliques) et l'élève Caix d'Hervellois qui est plus terrestre, qui colle plus à la réalité, peint de vrais gens." Or ce dialogue entre des portraits de caractères classiques incarnés par des personnages reconnaissables et des grands univers terrestres définit aussi l'art de Watteau.
Le titre même de cet ensemble musical, La Rêveuse est celui d’une pièce de Marin Marais et désigne de nombreux personnages peints par Watteau. "Cela définit aussi un caractère mélancolique, dont la poésie triste fonctionne très bien avec l’esprit de Watteau, de ses tableaux, avec les instruments qu'il représente et dont nous jouons : le théorbe, la guitare, la viole. La guitare est un élément fort de l'univers de Watteau et nous lui donnons également une place capitale, tout en creusant son dialogue avec la grande école de la viole incarnée par Marin Marais : nous utilisons la guitare pour accompagner (alors que ce rôle est le plus souvent dévolu au théorbe et au clavecin).
Nous avions envie d’utiliser ainsi la guitare dans ce registre de chambre pour accompagner avec tendresse : nous voulions aller chercher cette couleur particulière avec guitare et par-dessus de viole [l’instrument le plus aigu dans la famille des violes, ndlr] : chercher la couleur des salons parisiens que Watteau transpose en extérieur, avec aussi un côté féminin et féministe du jeu à l'instrument. Montrer, comme le fait Watteau, cette noble image de la femme."
Le programme du concert résonne avec les lieux, l’ancien hôpital militaire des Invalides, et alternera entre des pièces descriptives et d’onirisme : "Chez Watteau on voit la guerre mais vue de très loin, il en va de même dans ces œuvres : La Marche du Czar, La Berg op Zoom qui raconte la Victoire sur les Flandres, une pièce de clavecin de Dandrieu, encore plus proche d’une description sonore des conflits", décrit Florence Bolton.
Ce lien entre les pièces musicales, entre les arts (sonore et pictural) résonnera aussi entre musique et texte car ce concert fera résonner les morceaux joués par La Rêveuse avec des textes récités par Benjamin Lazar, qui déploie lui aussi toutes ces correspondances dans ce travail : "Chez Watteau, la musique transparaît littéralement lorsqu’il représente des personnages musiciens, mais aussi par analogie : la juxtaposition des étoffes et des couleurs ressemble à des timbres, on peut les entendre sans être synesthète, et associer naturellement des couleurs aux sons. Cela nous inspire dans la prestation, cela offre autant d’images pour les spectateurs", s’enthousiasme Benjamin Lazar. Florence Bolton confirme que les images se traduisent ainsi en sons (y compris de conflits lointains en résonances militaires) dans ces tableaux, et les musiques se traduisent en images : "Nous allons essayer d’avoir ce côté brumeux qu’il y a chez Watteau. Nous le trouvons avec Marin Marais qui est un grand coloriste (tandis que Caix d'Hervelois écrit sur une gamme plus réduite de tonalités, comme s’il peignait sur une plus petite palette). Marin Marais va chercher tous les tons, y compris ceux qui sont plus compliqués, lointains et fragiles sur instruments anciens. Le but n’est toutefois pas de forcer la maîtrise de l’instrument, mais d’en montrer aussi la fragilité. Cette fragilité est aussi présente chez Watteau : les gens sont tristes mais laissent le spectateur plein de mystères et d'interrogation. Nous sommes invités à voyager dans ce flou artistique, à explorer cette fragilité pour ressentir ensuite encore plus puissamment les gammes de couleurs."
"Le lien entre texte et musique représente aussi ces trouées, ces arrières-pays, ces perspectives, cette ouverture dans les tableaux de Watteau vers lesquels ils disparaissent presque, et qui sont très présents. La musique y mène et l’idée est aussi d’inviter les gens à retourner vers les tableaux", ponctue Benjamin Lazar.
Le lien est ainsi contant, pour le public et dans l’inspiration des artistes, car lorsque La Rêveuse enregistre et joue ces pièces, les interprètes conservent ainsi en tête des images des toiles de Watteau : "Avoir cet univers mental est important, cela nous aiguille et nous donne des couleurs", explique Florence Bolton. Des résonances qui dialoguent donc, dans ce spectacle proposé aux Invalides, avec les textes récités par Benjamin Lazar.
La Rêveuse et Benjamin Lazar avaient déjà collaboré dans le champ baroque autour des Caractères de La Bruyère ainsi que pour "L'Autre Monde ou les États et Empires de la Lune" (d’après les textes écrits par Cyrano de Bergerac), qui a séduit la Conservatrice du Musée et mené à la programmation de ce projet Watteau comme elle le décrit dans la présentation de la Saison musicale. "Nous avons l’habitude de trouver et de beaucoup travailler ces liens entre textes et musiques, explique Benjamin Lazar : je suis attentif à trouver un certain lyrisme dans les textes pour aller vers la musique et eux sont attentifs à ce que le discours musical aille vers la parole. Nous nous situons dans cet entre-monde-là."
Ce programme mettra ainsi en regard des textes (dont le choix ne sera définitif que lors des dernières répétitions avant le concert et qui pourraient notamment puiser chez Verlaine, Baudelaire, Marivaux, Le Songe de Vaux de La Fontaine pour sa description des Jardins, bien sûr les Fêtes galantes de Verlaine, ainsi qu’un poème mélancolique de Théophile Gautier se promenant en regardant un parc à travers une grille dans ce qui ressemble à du Watteau et à un bonheur perdu-inaccessible), mis en résonance avec les pièces musicales de Marais, Caix d’Hervelois et Dandrieu. Couperin pourrait même être des deux côtés du spectre, avec une lecture de son Art de toucher le clavecin et une interprétation musicale en regard. Le choix du texte s’éprouve ainsi dans ses résonances avec la musique et réciproquement, et en lien avec la peinture : "un texte doit ouvrir suffisamment de mystère et poser une question à laquelle la musique ne répond pas complètement : ce sont des espaces d’imaginaires qui s’ouvrent sans se résoudre pour le spectateur-auditeur", explique Benjamin Lazar, auquel répond Florence Bolton : "L’idée est que chaque texte amène la musique et que chaque musique amène le texte, le tout de manière harmonieuse : chacun apporte des images mentales, fait surgir des univers, une grande rêverie". Benjamin Lazar enchaîne : "le programme permet aux textes et à la musique de dialoguer, en alternances, fondus enchaînés, superpositions : des images naissent de ce dialogue." Les tableaux de Watteau servent ainsi du début à la fin du processus artistique : comme source d’inspiration et pour vérifier si le lien résonne avec les tableaux.
"Les vibrations résonnent ainsi entre parole et musique, entre image et parole, entre les temps et les époques aussi : ce sont autant de résonances et de flottements qui se ressentent chez Watteau." C’est pour montrer cette résonance entre les temps, que les textes récités par Benjamin Lazar puiseront aussi chez des auteurs du XIXe siècle (pour montrer les résonances et les réminiscences à travers les époques) alors que les compositeurs de tout ce cycle sont des contemporains de Watteau.
Les Éléments
Le deuxième concert du cycle, intitulé "Douceur pastorale et grandeur militaire", proposera l'opéra-ballet "Les Éléments" composé par Delalande et Destouches. Louis-Noël Bestion de Camboulas dirigera son Ensemble Les Surprises dans cette œuvre, dans un nouveau dialogue entre peinture et musique : "Le peintre Watteau représente très bien cette période, entre Lully et Rameau : celle de Destouches et de Campra, cette période de la jeunesse de Louis XV et de la Régence, l'époque de l'évolution de la cantate, d'un style plus galant et d'un attrait pour la pastorale (la pastorale héroïque et l'opéra-ballet : genre de ces Éléments). L'esthétique de Watteau correspond aussi à ce départ s'éloignant des thématiques guerrières et grandiloquentes sous Louis XIV pour aller vers un univers plus rêveur. Cet ouvrage Les Éléments correspond à cet attrait pour la nature (et à cette noblesse des Fêtes galantes, esthétisée, qui se rêvait bergers et bergères)."
L’œuvre présente les quatre éléments en quatre entrées de l'opéra-ballet (les entrées sont l’équivalent des actes, qui sont toutefois indépendants les uns par rapport aux autres et qui forment des “tableaux”), chacune représentant un élément avec sa matière instrumentale : après le Prologue consacré au chaos, viennent l’air, l’eau, le feu puis la terre. "Le grand intérêt musical repose aussi sur la manière de représenter chaque élément, notamment par l’usage de l’instrumentation (les flûtes sont bien entendu convoquées pour représenter l’air mais aussi, différemment, pour l’eau, tandis que d’autres instruments et d’autres équilibres interviennent pour le feu)", détaille Louis-Noël Bestion de Camboulas. Le parcours menant ainsi, du chaos à l’air et finissant sur la terre, le chef y entend également le lien avec les représentations terrestres de Watteau dans le cadre d’une harmonie céleste qui devient terrestre.
Les Éléments sont emblématiques d'une époque (celle de Watteau), notamment car il s'agit de l'une des trois œuvres sur lesquelles le Roi Louis XV a dansé en personne : "Louis XV dansait (dans une salle du Louvre qui n'existe plus) entouré de tous les grands seigneurs de la Cour. L'événement mariait ainsi l'art et la politique, la domination et le pouvoir par l'art. Ceux qui paradent en habits militaires vont danser le lendemain dans un opéra (comme les soldats au loin dans des tableaux de Watteau rejoindront le galant et tendre cortège au premier plan", d’où le titre du concert : "Douceur pastorale et grandeur militaire").
Eugénie Lefebvre a la particularité d'avoir chanté tous les rôles féminins de cette partition, en changeant de partie entre l'enregistrement au disque et des reprises ayant eu lieu depuis, témoins de l'intérêt pour cet opus, que la chanteuse explique par la beauté et la clarté limpide de cette œuvre. Pourtant, les rôles féminins se distinguent en deux vocalités différentes. Jehanne Amzal chante Vénus dans le prologue, Doris dans l'eau, Amour dans le feu, et dans la terre un air "charmant" : "les types de rôles qui conviennent à ma typologie vocale, toujours un peu frais, légers, dialoguant avec les rôles et parties plus dramatiques chantés par Eugénie Lefebvre". La troisième voix, grave et masculine, celle du Destin et des Dieux, sera confiée à Étienne Bazola.
Le dialogue entre les éléments est à la fois hautement symbolique et très littéral, dans le texte de cet opéra-ballet qui parle de la nature, de l'eau, du feu : autant d'éléments qui composent les éléments visuels des tableaux de Watteau. Tous ces liens sont "enrichissants" pour les interprètes : "cela permet de former son propre imaginaire, à partir des images des tableaux et de se détacher de la partition tout en s'approchant de son essence", expliquent les deux solistes. Cette interaction entre musique et peinture, Jehanne Amzal l’a d'ailleurs déjà vécue dans un concert faisant dialoguer Le dernier voyage du téméraire peint par Turner et L’Invitation au Voyage composée par Duparc sur le poème de Baudelaire. Ce tableau se construit en particulier sur la rencontre des éléments de l'eau et du feu : les deux éléments sur lesquels s'est concentrée (sans pour autant occulter la terre et l’air) cette version réduite de 3h30 à 1h30 de l'opéra-ballet Les Éléments telle qu'elle sera donnée aux Invalides par un effectif lui aussi réduit.
Le lien à Watteau se tisse ainsi dans le contenu des œuvres, leurs thématiques : "Le lien entre la musique et la peinture de cette époque s'exprime dans une grande poésie commune des éléments et de la nature : cette nature inspire énormément, elle est incarnée comme sujet de beaucoup d'œuvres communes et sujette à beaucoup de créativité" explique Eugénie Lefebvre, qui poursuit en rappelant combien ce lien permet de se placer dans le contexte de l'époque : "La musique et la peinture étaient leur télévision : ces tableaux et cet opéra-ballet donnent accès ainsi à leur vision de la nature. Avoir ces images, ces références mythologiques, est essentiel car elles étaient omniprésentes dans ces œuvres à cette période. Le risque serait d'oublier combien ils baignaient dans ces références et cette spiritualité qui nourrit ces œuvres."
Le lieu du spectacle, la Cathédrale Saint-Louis, nourrit également cet imaginaire : "Les Invalides sont un lieu impressionnant, très beau, et patrimonial. Un de ceux dans lesquels on se sent petit par rapport à l'histoire impressionnante, de ces murs, de ceux qui les ont fondés, de ceux qui les ont investis et notamment tant de grands artistes. On ne peut alors qu'être humbles mais ainsi vouloir s'élever pour rendre justice aux lieux, aux âmes et aux œuvres."
Watteau et la musique : mémoire et culture à travers les arts et les générations
Les tableaux de Watteau réunissent l’Antiquité et la modernité en réunissant une société de quelques personnages appartenant à l’époque du peintre, dans un grand décor néo-classique. Justement, ces liens sont ceux au programme du troisième concert "Watteau et la musique" qui réunit l’intimité de la musique de chambre (composée par François Couperin et Marin Marais) avec de grandes cantates traitant de sujets antiques : La Mort de Didon par Michel Pignolet de Montéclair et Orphée de Rameau.
Le concert réunit également les étudiants du département de musique ancienne du Conservatoire de Paris avec clavecin, théorbe, viole de gambe, traverso et chanteurs sous la direction artistique de Mónica Pustilnik. Cette formation de la jeunesse à un art délicat d'antan et dans toute sa modernité correspond et réunit l'esthétique de Watteau et le projet des Invalides. Le concert boucle la boucle des générations, des disciplines et de ce cycle en résonnant avec les autres œuvres au programme.
Marin Marais, le fameux joueur de viole de gambe et compositeur (contemporain de Watteau comme tous ceux au programme de ce cycle) est également à l’honneur de ce troisième concert. Et, comme pour le premier programme du cycle, intitulé "Fêtes galantes", ce rendez-vous musical "Watteau et la musique" mettra à l’honneur le répertoire que Marin Marais a composé pour une formation plus grande que la viole seule. Il s’agira des "Pièces en trio pour flûtes, violons et dessus de viole" (qui élargissent donc l’instrumentarium après les précédents recueils consacrés par le compositeur aux pièces à une et à deux violes). Cette ouverture de l’intimité d’un instrument seul vers plusieurs est aussi symbolique de l’univers et du geste pictural de Watteau : le peintre représente de petites sociétés de quelques personnages, dans un équilibre entre l’intimité des relations et une ouverture vers la sociabilisation, et même vers de grands paysages.
Le lien entre ce concert et le premier au programme (pour former ce cycle Watteau aux Invalides) se fera aussi notamment autour du thème de la Sérénade (au point d’avoir été envisagé comme titre du concert, comme le rapporte Mónica Pustilnik) : les pièces musicales interprétées partagent ce thème avec des tableaux de Watteau, ceux-là mêmes qui ont inspiré Florence Bolton pour le premier concert et dans lesquels se retrouvent les positions des musiciens :
Watteau - Le Donneur de sérénades (1715) | Mézetin (1717-1719) |
Le Donneur de sérénades est bien entendu une source d’inspiration première et la figure du musicien représenté a d’ailleurs un cousin, le Mézetin peint dans un autre tableau. Les deux sont toutefois souvent confondus, comme d’ailleurs différentes versions des Fêtes Galantes et du Pèlerinage à l'île de Cythère.
L’ensemble de ce cycle est justement une invitation au voyage, à travers différents tableaux, à travers les liens entre les arts, ainsi qu’un voyage symbolique particulièrement illustré par "Le Pèlerinage à l'île de Cythère", chef-d'œuvre de Watteau peint en 1717 : son "morceau de réception" à l'Académie royale de peinture, qui y institue d’ailleurs un genre à part entière : celui de la "Fête Galante". Or l'île de Cythère en mer Égée renvoie à l'Antiquité : abritant un temple dédié à la déesse de l'amour Aphrodite. "Embarquer pour l'île de Cythère" est une métaphore pour tous les "transports" amoureux (et donc aussi ceux picturaux et musicaux).