Pass sanitaire : les opéras qui le mettent en place et ceux qui font l’impasse
Le déconfinement progressif de la culture vivante en France se fait par paliers : les salles de spectacles (couvertes) ont ainsi pu rouvrir depuis le 19 mai dernier (et nous vous rendons compte, depuis, de nombreuses productions) avec une jauge limité à 800 personnes et 35% de capacité ainsi qu’un couvre-feu à 21h. À partir du 9 juin prochain, le couvre-feu passe à 23h et les jauges maximales peuvent monter jusqu’à 65% d’occupation et 5.000 spectateurs mais avec un pass sanitaire obligatoire au-dessus de 1.000. Le pass sanitaire (que vient de valider aujourd'hui même le Conseil constitutionnel), exigé pour voyager dans de nombreux pays et donc bientôt pour les grands événements, consiste en l'occurrence en un QR-Code (intégré dans l'application Tous Anti Covid ou à imprimer) justifiant d'une vaccination complète ou d'un test négatif de moins de 48h (PCR ou antigénique), ou bien encore d'un test positif attestant du rétablissement (donc de la présence d'anticorps) entre 15 jours et 6 mois auparavant.
La question se pose donc pour l’instant aux lieux ayant une jauge supérieure à 1.538 places (les 65% d’occupation dépassant donc 1.000). Cela concerne une poignée d’opéras et de salles de concerts classiques en France, qui se répartiront entre deux catégories.
Dans la première catégorie, celle des opéras et salles de concerts classiques mettant en place le pass sanitaire, figurent l’Opéra national de Paris (à Bastille et à Garnier), le Théâtre des Champs-Élysées et la Philharmonie de Paris (dans la grande salle à partir du 18 juin).
Mais d’autres ont fait le choix de ne pas le mettre en place (et limitent donc leur jauge à 1.000 spectateurs). C’est le cas de l’Auditorium de Lyon, du Théâtre du Châtelet, de l’Opéra de Montpellier, du Palais de la musique et des congrès de Strasbourg, de l’Opéra de Marseille.
L'Orchestre national de Lille a finalement décidé de ne pas demander le pass sanitaire à l'Auditorium du Nouveau Siècle pour la première phase en juin (limitant la jauge du concert de clôture de saison à 1.000 places), mais d'y recourir pour La Belle Hélène en juillet (ce qui permettra d'occuper les 1758 places, les jauges repassant à 100% le 30 juin).
Les décisions de chaque établissement sont motivées par des raisons formant chaque fois les deux faces d’une même logique et parfois avec les mêmes arguments (pour des décisions opposées). L’envie de rester ouvert au public et accessible à tous est ainsi avancée par ceux qui mettent en place le pass sanitaire (permettant de fait d’accueillir davantage de spectateurs en termes de nombres) et par ceux qui le refusent (permettant d’accueillir les spectateurs qui n’auront pas de pass sanitaire). Bien entendu, le choix de limiter la jauge à 1.000 personnes est plus compliqué à prendre dans certains lieux (qui doivent déjà refuser et même annuler des réservations préalables) que dans d’autres (qui peinent à remplir, même au tiers de la jauge).
Parmi les lieux ayant choisi le pass sanitaire (certes les deux plus grandes institutions mais pas les trois suivantes dans l'ordre des jauges maximales), si certaines salles se félicitent officiellement de cette mesure permettant d’accueillir davantage de public avec davantage de sécurité, d’autres s’inquiètent d’ores et déjà de toutes les nouvelles complications à venir : à commencer par l’ajout de cette étape lors de l’accueil du public, qui doit déjà se soumettre aux contrôles de sécurité anti-terroriste, sanitaires (gel et masque), montrer son billet, et donc aussi dorénavant un pass sur une feuille qu’il faudra avoir pensé à imprimer ou une application qu’il faudra avoir bien installée, sur un téléphone ne manquant pas de batterie ou de luminosité.
Les salles entre 1000 et 1538 places ne devront se poser la question de ce pass sanitaire que pour les spectacles à partir du 30 juin, au moment où la capacité d’accueil reviendra à 100% : cela ne concernerait donc que les quelques rares spectacles de saison à partir de juillet. Toutefois, ce sera alors aux grands festivals de devoir trancher, la distanciation des événements en plein air cet été étant décidée par le préfet mais avec le pass sanitaire obligatoire au-delà de 1.000 spectateurs. Le Festival d’Aix-en-Provence a d’ores et déjà annoncé la mise en place du pass sanitaire, les Chorégies d’Orange devraient en faire de même.