Salvatrice cure de lyrisme au Festival d’été de l’Opéra de Vichy
“Renouer avec le temps du rêve et de la création...” : elle est la philosophie fort rafraîchissante annoncée pour cet été de festivités.
Le chant résonnera dans la salle dorée de l’Opéra de Vichy dès la mi-juillet, avec les épreuves éliminatoires du Concours international de chant de Clermont-Ferrand (qui sont accueillies pour la première fois dans la ville thermale). Initialement programmée en février, cette 27ème édition avait finalement été reportée face à la crise sanitaire. Karine Deshayes finalement indisponible, c’est la soprano italienne Katia Ricciarelli qui présidera le jury du concours (attribuant en prix des rôles sur scène). L'isola disabitata, action théâtrale de Haydn, sera ainsi auditionnée pour le Festival Pian’Opéra. La Somnambule de Bellini fera elle l’objet d’une distribution de rôles avec les lauréats dans le cadre d’une future coproduction entre pas moins de huit opéras français (Vichy, Clermont-Ferrand, Compiègne, Avignon, Limoges, Massy, Metz, Reims) pour un total de quinze représentations en 2022 et 2023. De quoi aiguiser l’appétit de candidats qui entendent s’inscrire dans la lignée de prestigieux lauréats, tels Elsa Dreisig, Florian Laconi, Cyrille Dubois ou entre autres Cyril Auvity.
Julien Dran a lui aussi remporté le Concours de chant de Clermont-Ferrand (en 2009), et il sera de retour cet été à Vichy, le jour de le fête nationale, aux côtés d’un baryton avec qui il avait déjà partagé la scène vichyssoise à l’automne dernier : Jérôme Boutillier. Les deux artistes, à la complicité désormais bien établie, redonneront leur récital “Frères”, mettant notamment à l’honneur les compositeurs phares du répertoire lyrique (Mozart, Verdi, Rossini, Bizet) mais aussi quelques autres surprises (un duo dont il se murmure d’ailleurs qu’il pourrait faire l’objet d’un prochain enregistrement au disque).
En juillet toujours, un hommage sera rendu au chef d’orchestre Henri Tomasi, disparu il y a tout juste 50 ans. Celui qui fut par ailleurs Directeur du Festival d’été de l’Opéra de Vichy entre 1947 et 1955 avait composé en son temps un monologue lyrique, Le Silence de la Mer, qui sera ici remis en lumière. Intense et poétique, cette œuvre sera à l’affiche d’un concert où seront aussi honorés les Quatre derniers Lieder (quasi testamentaires) de Richard Strauss, ainsi que deux pièces symphoniques : un extrait de la Symphonie n°1 de Mahler, et le Till l'Espiègle de Richard Strauss encore. Sous la baguette de Benjamin Garzia, le Mahlerian Camerata côtoiera sur scène la soprano Vannina Santoni (récente Mélisande à l’Opera de Lille et Doña Musique au Palais Garnier) et le baryton Marc Scoffoni (récent valet Papagenesque à Nantes).
Fin juillet, place à un récital de gala voué à célébrer “l’âge d’or de l’Opéra de Vichy” avec nombre des opéras parmi les plus joués sur la scène locale lors de la grande période du début XXe (grande période thermale donc culturelle) retrouvant ainsi une résonance par leurs airs les plus fameux : Aïda (premier opus lyrique joué à l’Opéra de Vichy en 1901), La Traviata, Roméo et Juliette de Gounod, Tannhäuser, ou encore des opus moins connus, tels le Roma de Massenet, ou Mârouf, savetier du Caire du compositeur français Henri Rabaud. Sont attendus la soprano Erminie Blondel, le ténor Julien Behr, et le baryton Lionel Lhote, l’Orchestre National de Lyon étant placé sous la direction de Leo McFall.
Le 31 juillet, dans la petite commune du Mayet-de-Montagne, puis le 6 août à Vichy au port de la Rotonde, l’un des opéras phares du bel canto, L'Élixir d’Amour de Donizetti, sera donné dans une version raccourcie aménagée par la compagnie Op’Là et accompagnée par l’accordéon de Michel Glasko (qui s’était déjà illustré lors du dernier festival d’été de Vichy dans le spectacle lyrique Tiempo de Tango). Une version inédite pour un casting de choix : Anara Khassenova (Adina), Anaïs Merlin (Gianetta), Régis Mengus (Belcore), Florian Bisbrouck (Dulcamara), le rôle de Nemorino étant doublement porté par Hoël Troadec (le 31 juillet) puis Julien Dran (le 6 août).
Toujours le 31 juillet, dans la commune voisine de Saint-Rémy-en-Rollat, puis le lendemain au kiosque des Sources à Vichy, trois chanteuses lyriques (la soprano vichyssoise Fleur Mino, la soprano Amelia Feuer et la mezzo Marine Chagnon) déclineront avec toute leur fraîcheur vocale un répertoire d’airs, duos et trios issus d’opéras français, allemands et italiens.
Août laissera place à une opérette, avec une production inédite signée du Palazzetto Bru Zane ressuscitant là une pièce méconnue de Jacques Offenbach : Le 66. Une partition ici arrangée pour piano, trombone et clarinette, et qui mettra à l’honneur trois chanteurs : le baryton Paul-Alexandre Dubois dans le rôle du bateleur, Flannan Obé en jeune tyrolien, Lara Neumann en jeune tyrolienne.
Carmen sera aussi passée par là, mais dans le cadre d’une performance chorégraphique et théâtrale prenant pour support la musique de Bizet.
Un été riche, donc, que viendra conclure la présentation de la saison 21-22 début septembre. Et là aussi, l’Opéra de Vichy pourrait proposer de belles surprises.