L'Opéra de Paris change son programme prévu pour 2021
Les spectacles de ce début d'année sont victimes de la décision gouvernementale de maintenir les salles fermées jusqu'en février 2021 au moins. La totalité des représentations de Capriccio de Strauss mis en scène par Robert Carsen et dirigé par Marc Albrecht prévues du 26 janvier au 21 février sont annulées, de même que le concert de l'Académie du 20 janvier (également au Palais Garnier). À Bastille, les représentations scéniques du Trouvère sont annulées mais l'institution étudie la possibilité de proposer quelques représentations en version concert à partir de mi-février (ironie du sort, il s'agit de la production qui avait dû jouer en 2018 dans des décors immobiles, c'était alors pour cause de grèves). La Flûte enchantée n'accueillera pas de public mais la retransmission pourra être louée à partir du 22 janvier sur la plateforme L'Opéra chez soi.
Tcherniakov ne signera pas La Dame de Pique
L'Opéra de Paris annule la mise en scène commandée à Tcherniakov pour La Dame de Pique et la remplace par une reprise datant de 1999 : la version Lev Dodin du même opus de Tchaïkovski. Si l'institution justifie tous ces changements par l'éloignement géographique de certaines équipes artistiques et si la vie d'une institution telle que l'Opéra de Paris, changement de direction ou pas, est toujours émaillée par des modifications de programme (notamment les annulations de chanteurs pour raisons médicales ou autres), le changement de metteur en scène pour La Dame de Pique à l'affiche du 20 mai au 12 juin 2021 est intéressant en plusieurs points et notamment pour la question qu'il pose sur le nouveau mandat de Direction (d'autant que la décision a été prise bien avant les annonces officielles en ce mois de janvier 2021). S'agit-il de la première décision illustrant dès sa première saison aux commandes la politique de "répertoire" voulue par le nouveau Directeur Alexander Neef, ou bien d'une simple contrainte économique alors que l'institution n'a pour seule certitude sur l'avenir que le déficit record qui l'attend ? Probablement un peu des deux, d'autant que cette saison 2020/2021 est la dernière programmée à l'Opéra de Paris par Stéphane Lissner. Celui-ci n'est finalement pas là pour suivre et accompagner ses projets (l'ancien Directeur parisien ayant été invité à se concentrer sur son nouveau mandat à Naples). Or cette nouvelle Dame de pique était un projet phare avec l'un des metteurs en scène phare de l'ancien Directeur (Stéphane Lissner et Dmitri Tcherniakov avaient même donné une conférence conjointe en début de mandat). Malheureusement, l'annulation de cette nouvelle production marque aussi par la même occasion l'annulation d'un événement très important pour l'histoire de l'institution, puisqu'elle devait permettre le grand retour du chef d'orchestre Daniel Barenboim (renvoyé par Pierre Bergé le 13 janvier 1989 dans un scandale qui menaçait alors l'ouverture même de l'Opéra Bastille le 10 janvier 1990 suite à son inauguration le 13 juillet 1989). C'est la cheffe d'orchestre ukrainienne Oksana Lyniv qui tiendra la baguette, juste avant de devenir la première femme cheffe d'orchestre dans l'histoire de Bayreuth à l'été 2021 avec Le Vaisseau Fantôme, mis en scène par... Tcherniakov.
La Clémence de Titus, version quart de siècle
Le nouveau programme doit se poursuivre avec la création mondiale toujours maintenue en l'état : Le Soulier de Satin composé par Marc-André Dalbavie sur le drame de Paul Claudel mais il faudra que les consignes sanitaires aient drastiquement évolué d'ici là car la durée annoncée de chaque représentation est de 6h50 avec 2 entractes (raison pour laquelle l'opus n'était programmé qu'une seule fois par semaine et toujours le week-end, de fin mai jusqu'au 13 juin désormais, soit deux semaines de moins qu'initialement prévu).
L'Opéra de Paris change ensuite ses plans pour refermer sa saison avec une production qui n'était ni prévue ni annoncée : une reprise de La Clémence de Titus (Mozart) dans la mise en scène par Willy Decker qui a déjà été présentée durant six saisons différentes au Palais Garnier (qui l'accueillait pour la première fois en 1997). La raison de cet ajout est cette fois liée aux travaux de Bastille : avancés à 2020, ils libèrent des créneaux à l'été 2021 (période à laquelle ils étaient programmés avant que la crise du Covid ne chamboule le planning).
L'institution confirme également l'accueil de l'Orchestre du Teatro Real de Madrid dirigé par Ivor Bolton le 21 mars et le report du récital de Julie Fuchs au 30 mars.
Le reste du programme lyrique reste inchangé
C'est au moins le cas en ce qui concerne les œuvres, metteurs en scène et chefs d'orchestre. Les deux autres nouvelles productions sont ainsi maintenues pour l'instant : Aida de Verdi signée Lotte de Beer avec Michele Mariotti à la baguette et Faust de Gounod par Tobias Kratzer avec Lorenzo Viotti. De même pour les reprises : Carmen de Bizet par Calixto Bieito avec Keri-Lynn Wilson, et Tosca de Puccini par Pierre Audi avec Giacomo Sagripanti et Carlo Montanaro (à la place de Dan Ettinger initialement prévu).
Reste à voir si la situation sanitaire et les décisions gouvernementales rendront tout cela possible, si la maison pourra et souhaitera maintenir tous ces choix.
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