Teatro Real de Madrid 2020/2021 : Vamos, bientôt
La prochaine saison lyrique espagnole veut être un hommage, au passé et à l'avenir. Chaque spectacle annoncé veut exprimer la solidarité avec les victimes et les douleurs de leurs familles. La saison 2020/2021 veut également réunir productions et artistes qui ont marqué l'histoire du théâtre (comme un hommage au passé et une manière de mettre à profit des décors et personnes attachés à la maison, à proximité).
La capitale espagnole, qui valorisera de surcroît son patrimoine national, ne délaisse pas pour autant la créativité et la nouveauté : cinq productions lyriques sur les 15 sont inédites. Rusalka de Dvořák (en co-production avec Dresde, Bologne, Barcelone, Valence : les baisses de ressources liées à la pandémie incitent à mutualiser les moyens) se présente à Madrid pour la première fois depuis la réinauguration du théâtre. Christof Loy mettra en scène et Ivor Bolton dirigera Asmik Grigorian, Olesya Golovneva, Karita Mattila (bientôt à l'affiche de Covid fan tutte en Finlande), Alexandra Deshorties, Eric Cutler et David Butt Philip notamment.
Après Billy Budd, un autre opéra de Benjamin Britten sera mis en scène par Deborah Warner, et il sera à nouveau en co-production avec l'Opéra de Paris (mais aussi Londres et Rome). Reste à espérer que ce Peter Grimes vienne en France (Paris avait renoncé à présenter Billy Budd qu'il coproduisait pourtant et qui rencontra un très grand succès). Ivor Bolton dirigera Allan Clayton, Maria Bengtsson et Christopher Purves.
Madrid offre même deux créations mondiales, par deux compositeurs espagnols de générations différentes : Marie, de Germán Alonso (1984) sur un livret de Lola Blasco explorant le combat d'une femme pour sa liberté sexuelle (inspiré par Marie dans le Woyzeck de Büchner/Wozzeck de Berg). Tránsito composé et écrit par Jesús Torres (1965) suivra l'exil des Républicains espagnols après la Seconde Guerre Mondiale.
Une nouvelle Norma de Bellini dans une mise en scène de Justin Way (qui se veut minimaliste pour sa puissance symbolique et qui pourra également voyager aisément) dirigée par Maurizio Benini mettra à l'honneur deux castings en alternance : Yolanda Auyanet et Hibla Gerzmava, Clémentine Margaine et Annalisa Stroppa, Michael Spyres et John Osborn, Roberto Tagliavini et Fernando Javier Radó.
La saison s'ouvrira avec l'Opus de circonstance : Un Bal masqué de Verdi d'autant qu'il s'agit d'une production du pays du masque, Venise : la mise en scène de Gianmaria Aliverta sera dirigée par Nicola Luisotti avec Michael Fabiano / Ramón Vargas, Anna Pirozzi / Tatiana Serjan, Artur Rucinski / George Petean, Daniela Barcellona / Maria José Montiel. Le deuxième opéra repris sera le deuxième de la Trilogie Mozart da Ponte : Don Giovanni, mis en scène par Claus Guth avec Ivor Bolton dirigeant une triple distribution.
Troisième reprise d'opéra mis en scène : le troisième opéra de la Tétralogie composée par Wagner, Siegfried mis en scène par Robert Carsen dirigé par Pablo Heras-Casado avec Andreas Schager, Andreas Conrad, Tomasz Konieczny, Martin Winkler, Jongmin Park, Ronnita Miller, Ricarda Merbeth, Leonor Bonilla.
Madrid accueille la troisième (et dernière en date) collaboration lyrique entre George Benjamin et Martin Crimp, Lessons in Love and Violence mis en scène par Katie Mitchell créé en 2018 à Londres, repris à Lyon et prochainement au Châtelet (entre autres : cette immense coproduction implique aussi Amsterdam, Hambourg, Chicago, Barcelone). Stéphane Degout reprend son rôle royal, avec Georgia Jarman, Gyula Orendt, Peter Hoare, Samuel Boden, direction Josep Pons.
Trois opus viendront en version concertante, le premier imaginaire, El Nacimento del Rey Sol. Il s'agit bien de notre grande production nationale, Caennaise, Dijonnaise et Versaillaise : Le Ballet royal de la nuit qui sera également dirigé par Sébastien Daucé avec la distribution francophone. Après cet opus imaginaire, Irene Theorin incarnera Elektra avec Anna Larsson en Clytemnestre, Lise Davidsen (Chrysothemis), dirigés par Esa-Pekka Salonen.
Enfin le Teatro Real espagnol termine sa prochaine saison par l'Italie : baroque, bel canto et vériste. Orlando Furioso de Vivaldi sera dirigé par George Petrou en version concert avec Max Emanuel Cenčić, Julia Lezhneva, David DQ Lee. Madrid reprend aussi Viva la mamma de Donizetti mis en scène par Laurent Pelly avec Nino Machaidze / Sabina Puértolas, Carlos Álvarez, Xabier Anduaga, puis pour conclure en beauté, Tosca de Puccini par Paco Azorín avec Nicola Luisotti à la direction de distributions étoilées : Sondra Radvanovsky / Maria Agresta / Anna Netrebko, Joseph Calleja / Michael Fabiano / Yusif Eyvazov / Jonas Kaufmann, Carlos Álvarez / Gevorg Hakobyan / Luca Salsi.