La Musique se déconfine, indéniablement (et heureusement) mais le déconfinement artistique est à l'image du déconfinement en général : très divers selon les pays, suivant l'évolution de la pandémie et les consignes sanitaires de chaque gouvernement (voire de chaque région). En France et au Royaume-Uni, la musique a repris sans public, l'Espagne et l'Italie reprogramment leurs festivals et saisons estivales (principalement en plein air). Idem en Autriche pour le Festival de Salzbourg qui doit encore annoncer les précisions de son nouveau format, mais sa capitale viennoise reprend déjà les concerts, avec public (suivant en cela, et avec les mêmes protocoles, leurs voisins allemands avant eux) : réservation des billets exclusivement sur internet (deux billets par concert maximum en raison du peu de places), catégorie unique (entre 18 € et 60 € selon le concert), vestiaire ouvert en utilisation autonome et individuelle, entrée une demi-heure avant le concert, espacement entre chaque spectateur en salle, pas de restauration, durée des concerts entre 50 et 70 minutes sans entracte, invitation à quitter le bâtiment sans attendre à la fin du concert (et bien entendu, il est demandé aux personnes ressentant des symptômes de ne pas venir au concert).

Sauf que, si la salle autrichienne impose l'utilisation du gel hydroalcoolique mis à disposition dans son bâtiment et le port du masque pour y entrer, elle autorise les spectateurs à enlever cette "protection bouche-nez" durant le concert, une fois assis à sa place. De surcroît, si l'Allemagne propose pour ses concerts actuels de petites formes avec quelques artistes et un accompagnement très réduit (la plupart du temps au seul piano) le Musikverein (encouragé par les très optimistes études autrichiennes sur la transmission virologique des instrumentistes) mettra bien sur son plateau les prestigieux Wiener Philharmoniker et Wiener Symphoniker (Orchestres Philharmonique et Symphonique de Vienne) ou encore l'Orchestre de l'Académie de Vienne. Ils seront respectivement dirigés -tout au long du mois de juin- par les grands noms Daniel Barenboim, Philippe Jordan, Martin Haselböck. Certes, le Musikverein proposera aussi de nombreux concerts en petites formes (espérant que les artistes soient en pleine et grande forme) : à commencer par le même Daniel Barenboim qui donnera des récitals (Beethoven) seul au piano (comme il le faisait à Berlin durant le confinement, mais sans public alors), avant d'autres solistes, duos, trios, quatuors. L'art lyrique sera porté par le baryton Florian Boesch qui donnera deux concerts lyriques d'affilée dans la Grande Salle (le 26 juin à 17h puis 20h) accompagné par le pianiste Justus Zeyen dans le même programme (sélection de Lieder composés par Schubert, Strauss et 12 poèmes de Justinus Kerner mis en musique par Schumann).

Les concerts accueilleront 100 spectateurs au lieu des 2044 (maximum habituel dans la Grande Salle aussi surnommée Salle dorée) et des 380 dans la Salle de verre ou grand auditorium. Le gouvernement autrichien a en effet annoncé (en même temps que la démission de sa ministre de la culture) le déconfinement progressif suivant : les lieux de concert (en intérieur ou en extérieur) peuvent accueillir 100 spectateurs à partir du 29 mai, puis 250 à partir du 1er juillet (date de réouverture des cinémas également), et 1.000 personnes à compter du 1er août, le tout avec des aménagements sanitaires.

Les spectateurs du Musikverein à Vienne ont ainsi été placés au plus près de l'orchestre tout en respectant un siège d'écart (alors que dans la plupart des salles françaises, les distances actuellement envisagées exigeraient 2 sièges, ce qui change tout en terme de capacité et de rentabilité). Les spectateurs autrichiens auront un siège vacant de tout côté : en latéral, devant-derrière et en diagonale... en tout cas dans la grande salle.