Opéra national du Rhin 2020/2021, les legs d'Eva Kleinitz
Le nouveau Directeur Alain Perroux lui rend ainsi hommage en annonçant la dernière saison programmée par Eva Kleinitz, Directrice à l'Opéra National du Rhin trop tôt disparue, auréolée (du succès de son projet). 9 productions lyriques à venir en 2020/2021 le confirment, avec un marqueur désormais fort de la maison : des mises en scène audacieuses pour des œuvres fascinantes.
Intimité et féérie - 7 opéras pour les grands, 2 pour les petits, le Festival Arsmondo renouvelé (direction le Liban) et 6 récitals ponctueront la saison.
Il entend les pensées des passants
L'ouverture est prévue avec la soprano norvégienne Mari Eriksmoen qui incarnera le rôle-titre Solveig (L’Attente), poème lyrique mettant en lumière le point de vue de la jeune fille abandonnée par Peer Gynt. De feu et de glace, le sulfureux Calixto Bieito mettra en scène le nouveau livret du romancier Karl Ove Knausgård (surnommé "le Proust norvégien, contemporain") et la musique de l’œuvre originelle de Grieg -un spectacle créé en mai 2019 au Bergen Festival International en Norvège.
La cheffe Ariane Matiakh retrouvera la maison alsacienne pour diriger Massimo Giordano et Katarina Bradić en Samson et Dalila, ainsi que Jean-Sébastien Bou dans la mise en scène signée de la fascinante Marie-Ève Signeyrole.
Mort à Venise de Benjamin Britten fera également l’objet d’une nouvelle production moderne et originale (du duo Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil) sous la direction musicale de Jacques Lacombe. Toby Spence incarnera Gustav von Aschenbach, Scott Hendricks endossera le rôle multiple des sept personnages que l’écrivain sur le déclin rencontre au cours de ses pérégrinations et de sa quête douloureuse d’esthète.
Malheureusement interrompue à l’Opéra national de Lorraine après la première représentation pour les raisons sanitaires (notre reportage-Requiem), Alcina de Haendel mise en scène par Serena Sinigaglia renaîtra avec un autre plateau vocal, composé entre autres d’Ana Durlovski dans le rôle-titre, d'Hélène Guilmette (Morgana) ou encore Marina Viotti. Christopher Moulds reprendra le flambeau de Leonardo García Alarcón à la direction musicale.
Dernière grande œuvre lyrique de la saison, Madame Butterfly sera mise en scène par Mariano Pensotti, signant son retour dans la maison qui lui avait permis de faire sa première mise en scène d'opéra, celle de la mémorable Beatrix Cenci (notre hommage à Eva Kleinitz, raison d'être de cette production). Cio-Cio-San prendra les traits de la soprano roumaine Brigitta Kele, et Sharpless ceux du baryton Tassis Christoyannis, Marie Karall incarnant Suzuki et Loïc Félix étant Golo.
Loin des malheurs de Cio-Cio-San et du politique de Samson et Dalila, la légèreté féérique de Hansel et Gretel d’Engelbert Humperdinck sera offerte en deux versions, la première, sous la direction de Marko Letonja, avec Anaïk Morel et Lenneke Ruiten, sera mise en scène par Pierre-Emmanuel Rousseau.
Les artistes de l’Opéra Studio, le vivier de jeunes talents maison, assureront la seconde pour le jeune public, dans une version Gretel et Hansel arrangée par Pierre Ruscher et mise en scène par Jean-Philippe Delavault. Les jeunes talents feront également découvrir aux plus petits une "Cenerentolina" (La Cenerentola de Rossini) par Nicolas Chesneau pour l’adaptation musicale, dans une mise en scène de Sandra Pocceschi et Giacomo Strada.
Interrompu également cette saison (dans son voyage vers l'Inde), le Festival Arsmondo, créé sous l’impulsion d’Eva Kleinitz, mettra le Liban à l’honneur, après le Japon et l’Argentine. Zad Moultaka présentera en création mondiale Hémon. Incarné par Raffaele Pe, il sera face à Antigone (Judith Fa) avec, en Eurydice, Béatrice Uria-Monzon.
Six récitals ponctueront la saison, celui du ténor Pavol Breslik autour de Dvořák et Schubert notamment, d’Eva-Maria Westbroek pour Samuel Barber et Kurt Weill, de Karine Deshayes autour de Schubert, Ravel et Duparc, de Joyce El-Khoury pour un voyage vers le Liban entre classique et chant traditionnel, de Matthias Goerne pour Wagner et Richard Strauss, enfin de Mark Padmore pour Schumann et Schubert.
La danse ne sera pas en reste, avec entre autres, la reprise de Maria de Buenos Aires qui avait ravi le public alsacien en 2019 puis rennais en 2020. L’ensemble du plateau vocal et du ballet originel reviendront sur scène pour le centenaire de la naissance d’Astor Piazzolla.
L’Opéra du Rhin avait abordé la saison précédente avec des visuels pleins d’humour et de poésie, qui reprenaient les phrases prononcées par le plateau technique de la maison, des costumières aux techniciens lumières. En ces temps de crise, la nouvelle saison se dévoile au fil des didascalies des œuvres présentées. « Il entend les pensées des passants » tirée des Ailes du Désir qui feront l’objet d’une création par Bruno Bouché, Directeur artistique du ballet de l’OnR, ne pouvait mieux convenir.
La maison a entendu les pensées du public qui franchira avec émotion et joie les portes de l’opéra pour cette nouvelle saison avec son nouveau Directeur général, Alain Perroux.
Pour patienter, l'institution artistique du Grand Est propose également des vidéos intégrales de spectacles passés :
Marlène Baleine (compte-rendu)
La Calisto (compte-rendu)