Festival de Glyndebourne 2020, Brexin sur jardins
Glyndebourne saisit même l'occasion pour faire entrer à son répertoire un chef-d'œuvre lyrique français, mis en scène par un génie australien à la tête de l'Opéra Comique de Berlin : Dialogues des Carmélites de Poulenc, version Barrie Kosky (dont le Saül de Haendel a été acclamé à Glyndebourne et récemment au Châtelet). Le casting est aussi cosmopolite : Danielle de Niese (Blanche de la Force), Katarina Dalayman (Madame de Croissy), Golda Schultz (Madame Lidoine), Karen Cargill (Mère Marie), Fiona Kimm (Mère Jeanne), Florie Valiquette (Soeur Constance), Paul Gay et Cyrille Dubois (Marquis et Chevalier de la Force).
Nouvelle production baroque, Alcina (opéra en italien d'un allemand devenu anglais) rappellera qu'il est possible de régner seule sur une île isolée et enchantée... jusqu'au drame. Le metteur en scène Francesco Micheli fera ses débuts maison dans un style annoncé en "somptueux excès". Gianluca Capuano dirigera Kristina Mkhitaryan dans le rôle-titre, Anna Stéphany (Ruggiero), Nina Minasyan (Morgana), Rowan Pierce (Oberto), Avery Amereau (Bradamante), Anicio Zorzi Giustiniani (Oronte), Alastair Miles (Melisso).
La troisième production nouvelle a été souhaitée pour 2020 afin de célébrer les 250 ans de Beethoven (compositeur de l'Hymne européen s'il fallait encore un clin d'œil anti-Brexit) : son unique opéra Fidelio mis en scène par Frederic Wake-Walker sera conduit par Robin Ticciati. Le couple amoureux Leonore et Florestan sera incarné par Emma Bell et David Butt Philip contre le gouverneur Don Pizarro (Michael Kupfer-Radecky) et le geôlier Rocco (Gianluca Buratto). Willard White sera Don Fernando, Christina Gansch et Thomas Atkins Marzelline et Jaquino.
Rappelant la vogue des voyages et de l'exotisme classique, Glyndebourne invite à nouveau le chef-d'œuvre d'un génie allemand situé dans le palais d'un Pacha en Turquie. Nicholas Carter dirigera L'Enlèvement au Sérail de Mozart, dans la production de David McVicar, avec Lisette Oropesa (Konstanze), Martin Mitterrutzner (Belmonte), Ante Jerkunica (Osmin), Tuuli Takala (Blonde), Krystian Adam (Pedrillo).
Belcanto italien ensuite avec la reprise de L'Élixir d'amour (Donizetti), dans une mise en scène (Annabel Arden) modernisée dans l'Italie des années 1940, à la veille de graves changements politiques, là aussi. Enrique Mazzola dirigera Olga Kulchynska et Liparit Avetisyan dans les rôles principaux (Adina et Nemorino) mais qui alterneront avec deux jeunes solistes (Elbenita Kajtazi et Sehoon Moon).
Après ces reprises, respectivement de 2015 et 2009, le troisième retour maison est iconique (une production créée in loco en 1975 !) : The Rake’s Progress de Stravinsky par David Hockney. Jakub Hrůša dirigera en libertin Ben Bliss et en Nick Shadow Matthew Rose, le vrai amour Anne Trulove incarné par Louise Alder (son père Martin Snell et la Mère l'Oie Carole Wilson), la femme à barbe Baba la Turque Jennifer Johnston, ainsi qu'Alan Oke (Sellem).
Les festivités estivales de Glyndebourne se prolongent par une tournée à travers l'Angleterre (Liverpool, Canterbury, Norwich, Woking, Milton, Keynes) et la Glyndebourne Opera Cup Final -compétition de chant programmée du 4 au 7 mars, et dont les nommés sont déjà annoncés : Evgenia Asanova, Maria Chabounia, Federica di Trapani, Valerie Eickhoff, Eric Ferring, Jessica Harper, Maya Kherani, Sungho Kim, Miriam Luisa Kutrowatz, Alexandra Lowe, Lauren Margison, Timothy Murray, John Matthew Myers, Edward Nelson, Gabriel Rollinson, Dominic Sedgwick, Olga Syniakova, Johanna Wallroth, Meigui Zhang.