Le Meyer pour la fin à l’Opéra de Vienne en 2019/2020
Le Directeur de l’Opéra de Vienne (qui figure parmi les favoris pour prendre la tête de l’Opéra de Paris) cédera son mandat autrichien en 2020 à Bogdan Roščić (ancien président de Sony). Une date à laquelle Philippe Jordan fera le voyage de Paris à Vienne pour prendre la place de chef principal, inoccupée depuis le départ de Franz Welser-Möst en 2014.
Premières
La maison viennoise consacre la moitié de ses nouveaux spectacles à des opus contemporains, l’autre moitié au répertoire classique. La première nouvelle production sera ainsi Le Songe d’une nuit d’été de Britten mis en scène par Irina Brook. Simone Young dirigera l’Orchestre de l’Opéra (dont les meilleurs musiciens rejoignent également le célèbre Orchestre Philharmonique de Vienne que Philippe Jordan est habitué à diriger). Dans la distribution vocale, figurent notamment le contre-ténor Lawrence Zazzo (en Oberon) et la soprano Erin Morley (Tytania).
Commande annoncée dès 2015, la création mondiale d’Orlando d'Olga Neuwirth (musique) et de Catherine Filloux (livret, d’après Virginia Woolf) sera mise en scène par Karoline Gruber avec Matthias Pintscher dans la fosse, Kate Lindsey dans le rôle-titre (dont elle nous parlait en interview) et Fiona Shaw comme narrateur. Une autre commande suivra celle d’Orlando : l'opéra pour enfants Persinette d’Albin Fries.
Hommage sera rendu en 2020 à Beethoven (mort à Vienne, et qui fêtera son 250ème anniversaire) avec deux versions de son opéra : le fameux Fidelio (avec Andreas Schager, Tomasz Konieczny et Günther Groissböck) et sa version originelle -dont nous parlions depuis La Monnaie- nommée Leonore (signée Amélie Niermeyer, dirigée par Tomáš Netopil, incarnée par Jennifer Davis).
La famille Muti, Riccardo le chef et sa fille Chiara la metteuse en scène, réunissent leurs forces pour la nouvelle production de Così fan tutte, avec deux voix françaises : Julie Fuchs en Despina et Marianne Crebassa en Dorabella.
Pour clôturer la saison, Josef Ernst Köpplinger est invité à mettre en scène Un Bal masqué de Verdi dirigé par Michele Mariotti avec Ludovic Tézier, Francesco Meli et Krassimira Stoyanova.
Débuts à l’Opéra de Vienne
La saison 2019/2020 imprime de nombreux visages nouveaux. Le chef allemand Hartmut Haenchen fera ses débuts dans la maison viennoise à l’âge de 76 ans, par une reprise de Parsifal (œuvre qu’il dirigeait à Bayreuth en 2016 et 2017) avec Matthias Goerne, René Pape et Stuart Skelton. Cette production (à l’affiche en avril 2020) sera également la première apparition de Marina Prudenskaya sur la scène du Staatsoper de Vienne (dans le rôle de Kundry). Le ténor brésilien Atalla Ayan débutera dans L'Élixir d’amour dirigé par Domingo Hindoyan, alors que Tosca de Puccini aura trois distributions avec deux débutants dans la maison : Evgenia Muraveva (chantant le rôle-titre aux côtés de Bryn Terfel et Joseph Calleja) et Brian Jagde en Cavaradossi (avec Sonya Yoncheva et Erwin Schrott). Le troisième plateau sera composé de Martina Serafin, Aleksandrs Antonenko et Željko Lučić, sous la direction musicale de Marco Armiliato.
Hommage à Strauss, Wagner toujours honoré
Hommage-anniversaire sera également rendu à Richard Strauss, pour les 70 ans de sa disparition (anniversaire qui coïncide d'ailleurs avec les 150 ans du bâtiment actuel de l’Opéra d’État de Vienne, situé dans le fameux Ring : le boulevard circulaire à l'emplacement des anciennes fortifications de la ville, mot à ne pas confondre avec l'Anneau convoité dans les opéras de Wagner). Pour cette occasion, la maison programme donc 6 opéras (reprises) de Strauss, en commençant par Salomé avec Aušrinė Stundytė (récemment blessée mais relevée à l’Opéra de Paris) qui fera sa première apparition à Vienne, aux côtés de Linda Watson et Waltraud Meier en alternance, toutes les deux prenant le rôle d’Hérodiade. Meier chantera aussi Clytemnestre avec Christine Goerke (actuelle Brünnhilde au Metropolitan). Kate Lindsey reviendra dans Ariane à Naxos (après sa prestation récente au TCE) dans le rôle du Compositeur, cette fois dans la production salzbourgeoise de Sven-Eric Bechtolf avec Stephen Gould en Bacchus. Dans La Femme sans ombre, Christian Thielemann réunit la crème des interprètes straussiens, tels Andreas Schager (prise du rôle de Kaiser), Nina Stemme, Camilla Nylund et Tomasz Konieczny. Ces deux derniers chanteront dans Arabella (tout comme Der Freischütz de Weber) et Nylund sera aussi la Maréchale dans Le Chevalier à la rose d’Otto Schenk, partageant la scène avec Sophie Koch en Octavian et le chef français Alain Altinoglu dans la fosse.
Wagner est également un compositeur incontournable à Vienne. Valery Gergiev y fait en ce moment même ses débuts (à l'Opéra d'État) avec Parsifal, et le chef russe (qui débute en outre à Bayreuth cet été) reviendra la saison prochaine pour Lohengrin en compagnie de Piotr Beczała et Cornelia Beskow en Elsa (prise de rôle). C'est même la Tétralogie qui sera offerte, mais une seule fois (les quatre soirées) avec Leigh Melrose débutant en Alberich (Siegfried et Crépuscule des dieux), Tomasz Konieczny sera Wotan, Sophie Koch et Elisabeth Kulman incarneront Fricka, Nina Stemme Brünnhilde, alors que Stephen Gould sera le héros Siegfried et Andreas Schager son père Siegmund.
Prises de rôle
Outre l’entrée inaugurale de nombreux artistes dans la maison, certains aborderont de nouveaux rôles. La vedette russe Aida Garifullina chantera pour la première fois Violetta dans La Traviata (avec Simon Keenlyside et Benjamin Bernheim, dirigés par Plácido Domingo) et Mimì dans La Bohème de Zeffirelli ; la deuxième distribution en décembre 2019 aura Marco Armiliato au pupitre devant Saimir Pirgu avec Anita Hartig. La mezzo-soprano française Gaëlle Arquez prendra le rôle de Nicklausse dans Les Contes d’Hoffmann, où figurera Olga Peretyatko (en Olympia/Antonia/Giulietta) qui pour sa part débutera dans le rôle de Mathilde avec Guillaume Tell de Rossini (avec Juan Diego Flórez). Michelle Bradley et Marina Rebeka feront leurs débuts en Leonora (Le Trouvère), marquant la collaboration avec Anita Rachvelishvili (Azucena) et Gregory Kunde (Manrico). Le seul opéra baroque au programme, Ariodante de Haendel, sera marqué par la prise de rôle de Polinesso du contre-ténor star, Max Emanuel Cenčić, citoyen de la capitale autrichienne.
Contemporains et classiques
L’Opéra de Vienne reprendra aussi plusieurs opéras contemporains, dont la Cinderella de l’enfant prodige Alma Deutscher (voir notre article). Péter Eötvös revient diriger lui-même ses Trois sœurs (d’après Tchekhov) qu’il avait créées en 1998 à Lyon (la mise en scène est confiée à Yuval Sharon). Manfred Trojahn qui représentait son Oreste le mois dernier reviendra avec Georg Nigl dans le rôle principal, alors que Les Pâturages de Johannes Maria Staud (compositeur) et Durs Grünbein (librettiste) seront joués pendant 3 dates en novembre. Enfin, un compositeur moderne et un opus rarement joués (mais que nous avons chroniqué cette saison dans les Flandres), Paul Hindemith sera présent avec Cardillac incarné par Tomasz Konieczny.
Parmi les grands classiques, Turandot est de retour avec Roberto Alagna et Elena Pankratova, Don Pasquale de Donizetti avec Ambrogio Maestri, qui endosse également le rôle éponyme de Falstaff, son personnage emblématique. Cet opus est l'un des nombreux opéras verdiens programmés : Plácido Domingo chantera Macbeth et Nabucco, Stephen Gould sera Otello avec la Desdemona de Krassimira Stoyanova, Simone Piazzola Simon Boccanegra, Aida est confiée à Sondra Radvanovsky, côtoyant Ekaterina Gubanova en Amneris et Yusif Eyvazov pour Radamès. Un autre plateau magistral s’annonce pour Don Carlo (version italienne) comprenant Anja Harteros, René Pape, Fabio Sartori, Dmitry Ulyanov, Simon Keenlyside et Elena Zhidkova.
La soprano lettonne Kristine Opolais chantera Madame Butterfly, alors que Ludovic Tézier incarnera Don Giovanni. Le répertoire rossinien, quant à lui, sera richement représenté par plusieurs œuvres dont Le Barbier de Séville avec René Barbera, La Cenerentola proposant Roberto Tagliavini comme Alidoro et Marie-Nicole Lemieux L'Italienne à Alger. Le chef Frédéric Chaslin se charge de représenter le patrimoine lyrique hexagonal : il dirigera deux opéras de Massenet, Werther avec Vittorio Grigolo et Manon avec Jean-François Borras et Ailyn Pérez, mais également Samson et Dalila de Saint-Saëns (Anita Rachvelishvili et José Cura).
Récitals
La saison de récitals de grandes stars lyriques sera l’occasion de les entendre en collaboration avec des pianistes acclamés. Simon Keenlyside se présentera avec son compatriote, le compositeur et pianiste Thomas Adès, alors que Francesco Meli sera accompagné par son ami le chef et compositeur italien, Michele Gamba. Le duo allemand, René Pape et Camillo Radicke donnera un concert en décembre, avant celui du ténor Michael Shade et du pianiste Malcolm Martineau, le mois suivant. L’artiste gallois, Bryn Terfel chantera en mai 2020 avec le soutien de Natalia Katyukova, alors que deux récitals sont proposés pour le mois de juin : Ildar Abdrazakov et Rolando Villazón se réunissent pour un concert avec Carrie-Ann Matheson au piano (responsable du programme des jeunes chanteurs à l’Opéra de Zurich), et pour finir c’est Anna Netrebko qui chantera avec une pianiste russe célèbre, Elena Bashkirova.