Modification des loges du Palais Garnier - Le Palais Garnier perd-il la face ? (mise à jour)
Après que la revue Connaissances des Arts a mis le feu aux poudres fin octobre, l'indignation continue de grandir autour des transformations subies par les loges du Palais Garnier. L'ancien directeur de l'Opéra de Paris, Hugues Gall, n'a ainsi pas hésité à monter au créneau pour dénoncer la manœuvre dans une tribune publiée par le Journal du Dimanche. Vendredi dernier, l'Opéra de Paris a tenu à se défendre en éclaircissant la situation par voie de communiqué.
Rappel des faits. Inscrit au titre des Monuments historique, le Palais Garnier ne peut subir de modifications sans l'autorisation de la Direction des affaires culturelles (DRAC), institution sous tutelle du Ministère de la Culture. Si un accord de principe a été validé en 2014 entre l'Opéra de Paris, la DRAC et Pascal Prunet, architecte des Monuments historiques, aucune autorisation de travaux signée n'a encore été émise par la DRAC.
Pourtant, cet été, des rails ont été installés dans la salle du Palais Garnier, afin de remplacer les cloisons des loges de face des premier et second étages par des cloisons amovibles et rétractables. L'opération permettrait ainsi l'installation de 30 sièges supplémentaires lors des spectacles. Dans son communiqué, l'Opéra de Paris précise ainsi n'avoir installé qu'un « prototype » au premier étage et attendre la validation de la DRAC pour le second étage.
Vue depuis les loges de face du Palais Garnier © Jean-Pierre Delagarde
Seulement en entamant les travaux, l'Opéra de Paris a anticipé l'autorisation définitive de la DRAC. L'institution a même déjà vendu les places supplémentaires créées pour toute la saison. Les travaux peuvent encore être placés sous l'expertise de la DRAC, qui ne semble pas fondamentalement opposée au projet de transformation du Palais Garnier. Selon un article publié par France Musique ce vendredi 6 novembre, celle-ci envisage simplement d'émettre quelques réserves sur son autorisation : la finition et l'habillage des rails doivent être pris en compte pour assurer une parfaite discrétion du dispositif et les cloisons devront être remises systématiquement en journée.
De son côté, l'Opéra de Paris pointe la nécessité d'une réelle rénovation des loges du Palais Garnier. Interrogé sur la question par le quotidien La Croix, Stéphane Lissner explique ainsi que ces transformations sur les cloisons « étaient d’abord nécessaires en raison de leur vétusté. Des études avaient été lancées depuis plusieurs années, bien avant mon arrivée en août 2015, afin de voir comment les remplacer par des cloisons mobiles et facilement rétractables ».
Cette polémique reste « un peu exagérée » pour le nouveau directeur de l'Opéra de Paris, qui rappelle que cette opération ne pourra être que bénéfique pour l'établissement : « Les cloisons séparant ces loges étaient déjà retirées lors des soirées de gala ou, par exemple, pour la venue du président de la République, c’est bien pour cela qu’elles étaient amovibles. Nous allons simplement généraliser ce système à la plupart des représentations afin d’offrir davantage de places ayant une bonne visibilité et une meilleure acoustique ».
Ces transformations permettront de générer un gain non négligeable pour l'institution parisienne. En proie à des baisses de subventions de l'Etat, l'Opéra de Paris se voit en effet contraint de trouver d'autres sources de revenus pour assurer son autofinancement.