Opéra d'Amsterdam 2018/2019 : une impressionnante dernière pour la route
La saison hollandaise s'ouvrira avec La Flûte enchantée mise en scène par Simon McBurney, celle-là même qui est à l'affiche du Festival d'Aix-en-Provence cet été (réservations) : c'est donc aux sons de Mozart que Pierre Audi fera le voyage depuis la direction d'Amsterdam vers Aix, les deux séries de représentations conservant les mêmes solistes principaux (notamment le Prince Stanislas de Barbeyrac), Amsterdam convoquant ses musiciens nationaux sous la baguette d'Antonello Manacorda en lieu et place de Pichon et Pygmalion.
Après la grande soirée de Gala du Ballet et un programme dansé autour des classiques contemporains, l'opéra d'octobre sera Jenufa de Janáček mis en scène par une autre artiste à l'affiche du prochain Festival d'Aix, Katie Mitchell (réservez ici son Ariane à Naxos). L'occasion d'une belle rencontre entre des artistes très en vue (notamment Pavel Cernoch, Norman Reinhardt, Evelyn Herlitzius, Annette Dasch, Jeremy White) et des jeunes d'Opera Studio.
Suivront La Dame aux camélias (non pas la version opératique La Traviata de Verdi mais en version dansée sur la musique de Frédéric Chopin) et le célèbre ballet Giselle, puis Le Barbier de Séville en novembre. Mise en scène par Lotte de Beer et dirigée par Maurizio Benini, la distribution vocale impressionne encore : René Barbera (retrouvez ses étonnantes révélations sur le rôle du Comte Almaviva en interview), Ambrogio Maestri (Bartolo), Nino Machaidze (Rosine), Davide Luciano (Figaro), Marko Mimica (Basilio) et Tomeu Bibiloni (Fiorello).
Alliant l'antique et le moderne, Œdipe de Georges Enescu (1881-1955) par Àlex Ollé et le collectif catalan La Fura dels Baus mettront en scène Johan Reuter dans le rôle-titre et son union terrible avec la Jocaste de Sophie Koch (qui a récemment encore rappelé ses qualités en français au Carmel). Marc Albrecht dirigera également Violeta Urmana en Sphinx, Heidi Stober (Antigone), Catherine Wyn-Rogers (Mérope), Le Grand-Prêtre François Lis, André Morsch (Thésée), Mark Omvlee (Laios).
Après Cendrillon (non pas l'opéra de Massenet ni celui de Rossini mais le ballet sur la musique de Prokofiev), place aux couleurs jazzy avec Porgy and Bess de George Gershwin. Eric Owens et Adina Aaron dans les rôles-titres suivront la direction de deux James : Gaffigan pour la musique, Robinson pour la scène. L'autre opéra de janvier, dans un tout autre registre, est la Juditha triumphans de Vivaldi (appréciée l'année dernière à Versailles puis au disque). La merveilleuse Gaëlle Arquez dans le rôle-titre n’hésitera pas à faire tourner et trancher la tête d'Holopherne (rôle travesti, tenu par Teresa Iervolino).
Le mois de mars vient alors offrir un véritable Festival d'opéra contemporain avec d'abord une commande d'Amsterdam, San Francisco et Dallas : Girls of the Golden West de John Adams et Peter Sellars (retrouvez notre article de présentation). Puis une autre création, mondiale cette fois : Caruso a Cuba, opéra de chambre du chef et compositeur Micha Hamel, relatant le voyage à La Havane du légendaire ténor et notamment la bombe qui explosa au théâtre alors qu'il chantait Aïda, l'artiste se retrouvant à courir dans les rues en costume et maquillage de Radamès. Toujours contemporain : Fin de partie d'après Beckett, le premier opéra du grand compositeur György Kurtág, un opus qui marquera également les débuts en tant que metteur en scène de Pierre Audi à La Scala de Milan le 15 novembre 2018. Mais également The Second Violinist de Donnacha Dennehy (né en 1970) & Enda Walsh (1967) à retrouver ici en vidéo intégrale.
Sans oublier fin avril The Boy Who Grew Too Fast, 40 minutes tout public écrites et composées par Gian-Carlo Menotti (1911-2007) et en mai-juin trois parties d'Aus Licht composées par Stockhausen (également mises en scène par le directeur actuel des lieux, Pierre Audi).
Avant cela, retour au classique début avril, d'abord avec Le Lac des cygnes puis le romantisme choral du Tannhaüser de Wagner. Marc Albrecht revient à la direction, pour une mise en scène de Christof Loy, avec Daniel Kirch dans le rôle-titre, Élisabeth tenue par Svetlana Aksenova et Venus Ekaterina Gubanova.
Une production vient alors réunir les contrées et les esthétiques : la japonisante Madame Butterfly de Puccini mise en scène par Bob Wilson. Elena Stikhina se sacrifiera par amour pour le Pinkerton de Gianluca Terranova, dirigés par Jader Bignamini. Enfin, la saison lyrique se refermera en juin avec Pelléas et Mélisande dirigé par Daniele Gatti, dans la mise en scène du tandem Olivier Py-Pierre-André Weitz.