Naples reprend avec des stars, annonce le Directeur de l'Opéra de Paris Stéphane Lissner
Dans notre précédent article sur le sujet, intitulé "Directeur à l'Opéra de Paris tourné vers Naples", nous relations les propos de Stéphane Lissner : "Je me consacre au San Carlo : Naples me manque et j'attends le premier avion", il ne mentait pas sur ce point, c'est le moins qu'on puisse dire. Stéphane Lissner n'a même pas attendu que soit levée la limite maximale autorisée de 100 km pour les résidents en France, ni la réouverture des frontières visant à endiguer la propagation du Coronavirus : dès la veille et l'avant-veille, au 1er juin, il était sur la scène napolitaine, aux côtés du maire de la ville, pour annoncer de grands événements musicaux italiens.
Pourtant, Stéphane Lissner s'était engagé -en réponse à la question que lui avions adressée- à finir son mandat à l'Opéra de Paris jusqu'au 1er août 2021 avant de prendre ses fonctions à Naples. Le Directeur et l'Opéra de Paris refusant de répondre à nos questions depuis le début de la crise sanitaire, le seul démenti apporté à cette promesse l'a été par les actes même de M. Lissner dont on constate qu'il signe déjà depuis avril les documents officiels de l'Opéra de Naples en tant qu'Il Sovrintendente. Plusieurs artistes et personnels, certains au sein de la maison parisienne, dénoncent ce comportement et notamment le fait que "Stéphane Lissner n'a certainement pas renoncé à son salaire, alors qu'il est nettement au-dessus des rémunérations de premier plan pour ceux qui dirigent de grandes institutions culturelles en France" (le Ministère de la Culture également contacté par nos soins sur cette question, n'a pas non plus souhaité répondre). Stéphane Lissner qui explique lui-même aux médias italiens qu'il travaille depuis des mois avec les personnels et syndicats du Théâtre San Carlo de Naples en visio-conférence et qui anime une série de vidéos sur leur web-tv.
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Le Directeur de l'Opéra de Paris qui donnait force interviews aux médias italiens, mais dont les seuls propos concernant la situation en France durant la crise ont consisté à semer le pessimisme et à vouloir faire voter des travaux pour retarder la reprise du travail artistique, a donc présenté ses prestigieux événements de reprise en Italie devant un parterre de journalistes et d'officiels bien séparés sur les fauteuils rouges du San Carlo.
Le programme est impressionnant avec un festival en versions concertantes constellé de super-stars dès cet été sur la Place du Plébiscite : Tosca de Puccini avec Anna Netrebko, Yusif Eyvazov et Ludovic Tézier direction Juraj Valčuha les 23 et 26 juillet 2020, Aida de Verdi avec Jonas Kaufmann, Anna Pirozzi et Anita Rachvelishvili direction Michele Mariotti les 28 et 31 juillet, la Symphonie n°9 de Beethoven avec Maria Agresta, Daniela Barcellona, Antonio Poli et Roberto Tagliavini le 30 juillet. Tous ces événements et la pérennité des programmes à Naples pour les saisons prochaines sont officiellement assurés et confortés par des engagements renouvelés des tutelles (nonobstant la crise) : un contexte certes plus encourageant que la situation budgétaire à Paris où les subsides publics diminuent régulièrement.
Ces événements estivaux auront lieu dans le respect des distances de sécurité pour les 1000 spectateurs (voire davantage si les consignes sanitaires s'assouplissent d'ici là), les artistes auront eux 1500 mètres carrés pour s'espacer. Stéphane Lissner a également confirmé "son" ouverture de saison italienne 2020/2021 avec La Bohème dirigée par Juraj Valčuha dans une nouvelle mise en scène d'Emma Dante effectuant ses débuts maisons. La saison impliquera également Riccardo Muti, Stéphane Lissner le voulait pour diriger la reprise des festivités dès cet été sur la place du Plébiscite mais le maestro italien a préféré diriger la reprise musicale de toute l'Italie (le 21 juin) dans le Festival fondé et dirigé par son épouse à Ravenne.