Ce que le musicien a dit au Président de la République en visio-conférence
Sébastien Daucé a partagé les notes de son intervention au Président de la République, traduisant les inquiétudes, réactions et propositions qu'il a pu exposer in extenso (chaque artiste était invité à s'exprimer à son tour).
La première inquiétude exprimée tient au chômage partiel des artistes qui a tout de même un coût pour les structures et sur lequel pèse encore de nombreuses incertitudes (quelles institutions y ont droit et jusqu'à quand, pour quelle prise en charge). Cette question concrète est le point saillant d'une inquiétude globale exprimée par le musicien et Directeur artistique, liée au manque d’un calendrier de la part de l'Etat, au manque d'assurances auprès des partenaires affaiblis, ainsi qu'à la grande inquiétude chez les artistes, comme pour les ensembles et compagnies qui doivent gérer des reports entraînant un "embouteillage des productions".
L'occasion d'exprimer ensuite deux réactions constatées face à la crise, la première est positive (l'art confirmant qu'il est une nécessité, sa présence sur les ordinateurs confirmant combien il manque en vrai), la seconde est une crainte pour les artistes indépendants et les petites structures moins subventionnées (ce sont précisément eux, ainsi que les précaires non-intermittents de la culture et les employeurs qu'oublieront les mesures présidentielles annoncées dans la foulée de ces échanges).
Sébastien Daucé, dans son intervention, anticipait même un reproche qui sera adressé ensuite aux mesures décidées (notamment l'idée de demander aux artistes de se réinventer, de se rendre dans les écoles, ou encore d'enfourcher le tigre et d'aller dans la cale chercher du fromage, du jambon) : "L’injonction désormais commune à se réinventer complètement me semble un peu dangereuse, voire fallacieuse : tout ce qui existe aujourd’hui n’est pas à jeter, reconnaissons-le, en revanche, il faut s’adapter et être créatif face à l’urgence."
Sébastien Daucé poursuit en avançant 3 idées à très court terme et 3 idées à moyen terme :
- Maintenir les temps de plateau de création, et soutenir l’excellence artistique
Permettre ainsi aux créateurs et artistes de travailler même sans public : créer, inventer, enregistrer et partager ; mais aussi maintenir le niveau, et préparer la suite. Et pas seulement en petit effectif, et pas seulement pour de l’animation culturelle !
- Inventer une économie de la création enregistrée
A court terme en captant des spectacles sans public, en levant les question de droits ; A plus long terme avec une politique de l'audiovisuel public
- Réformer le mécénat culturel
En fléchant les dépenses -qui n'ont pas été faites récemment- vers des projets déficitaires, ou encore avec un Dispositif 1+1 : lorsqu'un spectateur renonce à se faire rembourser, que l'Etat abonde à la même hauteur
"3 idées pour aller plus loin, faire vivre et développer nos idéaux"
- Assumer l'éphémère, extraordinaire et le vivant
Tout n'a pas vocation à être filmé, tout doit donc être représenté un maximum de fois, en tournées
- Sauver et encourager la diversité musicale
En luttant contre le repli sur des titres populaires et une préférence nationale qui s'instituerait dans chaque pays : encourager la prise de risque et soutenir l'export
- Faire sa part en termes de territoire et d'écologie
Encourager les résidences et si la circulation internationale est nécessaire, elle doit maintenant être intelligente.
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