Un dernier Strauss et puis s’en va ?
Dans une récente interview donnée au journal britannique Telegraph, Renée Fleming a confié son envie de donner à sa carrière un nouveau virage. « J’ai décidé que Le Chevalier à la rose au Covent Garden et au Met, la saison prochaine, seront mes dernières apparitions dans un opéra du grand répertoire », a-t-elle ainsi déclaré. Avouant également être épuisée physiquement, la soprano américaine s'explique : "J'ai fais beaucoup dans ma carrière et je ne veux pas entendre quelqu'un dire que je chantais mieux telle ou telle chose cinq ans plus tôt". Et de rassurer : "Il ne s'agit pas d'une retraite". Au contraire, la diva voudrait davantage participer à la création contemporaine et pourrait accepter de monter sur les planches pour un projet intéressant.
Dans ce même entretien, la soprano en profite pour faire part de son inquiétude quant à l'avenir de l'opéra. Bien qu’admirative du travail de diffusion effectué par le Met, la chanteuse pointe la menace que peut représenter les retransmissions d'opéras au cinéma et regrette que le public s’éloigne des représentations réelles. "Dans un monde idéal, je pense qu'il devrait y avoir une sorte de cordon : à New York, par exemple, les opéras ne devraient pas être diffusés au sein du Grand New York".
Autres problèmes soulevés par Renée Fleming, ceux générés par les salles : "Le problème de fond avec la plupart des grandes institutions, en particulier aux Etats-Unis, c'est que les salles sont beaucoup trop grandes pour être flexibles : nous avons besoin de plus petites scènes où les surprises peuvent surgir et où tout peut arriver". L'une des conséquences principales à cela se situe selon Fleming dans l'appauvrissement de la créativité. "Et à cause de ça, ce que vous obtenez ce sont d'infinis nouvelles productions du même répertoire, dans lesquelles les metteurs en scènes essaient de réinventer et réinterpréter encore et encore, traitant la musique comme des paysages sonores sur lesquels ils pourraient peindre l'histoire qu'il aimerait raconter".
Malgré cela, la soprano se veut optimiste : « Mais je ne pense pas qu''il y ait de crise globale. [...]. Les gens sont avides d'expérience musicale plus profonde que l'opéra sera toujours prêt à leur fournir ».