Philippe Jaroussky inaugure les Masterclasses de son Académie à La Seine Musicale
Philippe Jaroussky donne sa master-class dans la grande salle de répétition de l'aile que La Seine musicale dédie à la Maîtrise des Hauts-de-Seine. De vastes salles adjacentes, lumineuses, avec estrades et piano à queue permettent un travail par groupes, mais aussi les autres cours de l'Académie Jaroussky : violon, piano et violoncelle qui donneront une master-class chaque jour de la semaine. Outre les 4 salles de technique vocale, l'édifice propose trois salles de chœur, deux salles d'art dramatique et une salle de danse. Sur un grand écran de la salle d'attente, défilent les photos de vacances des maîtrisiens, ayant parcouru le monde pour donner des concerts.
Académie Philippe Jaroussky (© DR)
Les auditeurs sont nombreux à être venus assister à la master-class du célèbre contre-ténor français, bien qu'elle soit programmée un lundi après-midi dans ce lieu difficile d'accès (encore loin des métros et tramways) et qui n'est pas encore familier des mélomanes. Preuve en est, une violoniste vient demander son chemin à un responsable de l'Académie Jaroussky : elle cherche le studio de répétition de Serge Lama. Autre salle, autre ambiance.
L'Académie Jaroussky est de son temps et dispose de moyens conséquents. Les séances avec le contre-ténor sont filmées, enregistrées par huit appareils de captation audiovisuelle et autant de techniciens. Assurant la qualité de l'image et du son qui pourraient être diffusées dans l'esprit d'une académie en ligne, l'expérience prépare aussi à la scène, par deux projecteurs braqués sur le plateau.
Salle de La Seine Musicale (© DR)
Le travail est aussi exigeant qu'attentionné, Jaroussky prend soin des sons et de ses ouailles, les encourageant toujours. Positif, il souligne ce qui est "parfaitement placé" pour montrer ce qu'il faut améliorer, ce qu'il adore et ce qu'il s'agit de remettre au niveau sonore et de justesse. Lorsque nécessaire, toujours avec la précision et la justesse qu'on lui connaît, il prend le temps utile à trouver l'ouverture d'un "o", l'allègement d'un "eu" : il faut rendre compte de la présence dans le mot "printemps", d'un "m", d'un "p" et d'un "s". Pour affermir la justesse, la consommation d'air et les résonances d'un passage, il fait chanter la ligne bouche fermée. Le vibrato serré se reprend à la racine de la colonne d'air trop tendue.
Lorsque les conseils portent leurs fruits, il prend à témoin l'auditoire : « Vous avez entendu ? » avant d'encourager à la fois l'interprète et l'assistance au satisfecit : « Magnifique, n'est-ce pas ! »
Philippe Jaroussky (© DR)
Mine de conseils pour toutes les tessitures, Jaroussky sait guider autant les voix d'hommes sous la sienne, de soprano au-dessus, qu'une mezzo-soprano qui chante à la même hauteur que lui, mais d'une voix parfaitement distincte. Les conseils techniques et la musicalité qu'il transmet sont en effet universels, en attendant que les jeunes voix acquièrent l'assise nécessaire pour se déployer en artistes.
Le public est fasciné par les explications techniques mises en relation avec les enjeux stylistiques et musicologiques. Après trois séances, Jaroussky prend d'ailleurs le temps de remercier les chanteurs et insiste sur l'aspect naturel et concret que doit garder le travail technique, atteignant alors aussi à des cours d'interprétation.
Assurant un enseignement complet, le professeur Jaroussky fait passer ses pupilles de la mélodie française à l'oratorio anglais, de l'opéra bel canto au seria italiens. Comme le dit Philippe Jaroussky lui-même à la fin des 40 minutes qu'il offre à chaque chanteur : « Magnifique, on peut l'applaudir. »