Présentation de la production
Adriana Lecouvreur narre l’histoire tragique d’une comédienne. L’opéra débute dans les coulisses, avant et pendant une représentation rassemblant sur une seule scène la crème des comédiennes du Paris d’époque.
Le parti-pris de David McVicar, très judicieux, est donc ici d’insister sur l’essence de cet opéra et de plonger le spectateur dans une mise en abîme totale : les décors de Charles Edwards, avec leurs jeux de perspective, nous font ainsi tourner autour de la scène d’un théâtre du XVIIIème. Les machinistes s’activent pour changer les décors de ce théâtre et changent au passage ceux de l’opéra. Mais ce qui fait la force de cette mise en scène est sa cohérence car cette idée est exploitée de bout en bout. Ainsi, alors que l’intrigue se noue sur la scène de Bastille, la pièce dans la pièce se joue en arrière plan, visible grâce aux jeux d’ombres et de lumière créés par Adam Silverman. Soudain, le régisseur Michonnet observe le monologue d’Adriana : la tension qu’il ressent alors est partagée par un assourdissant silence, régulièrement interrompu par ses commentaires sur le jeu de la comédienne ou sur les réactions du public.
Autre exemple, à l’acte III, l’ensemble de la distribution prend place à l’avant-scène pour assister à la représentation d’un ballet, applaudissant ce spectacle dans le spectacle, dont le kitch assumé, que ce soit dans la chorégraphie d’Andrew George ou les costumes de Brigitte Reiffenstuel, apporte la distanciation nécessaire à une mise en abîme réussie.