Personnages
Lohengrin
Tessiture
Ténor dramatique
Description du personnage
Chevalier au cygne, fils de Perceval
Analyse du personnage
Lohengrin est le chevalier héroïque dans toute sa pureté. Il est un miracle, arrivé sur terre tel un Deus ex machina (Dieu sortie de la machine qui venait résoudre toutes les intrigues dès le théâtre antique) pour défendre l’honneur de l’innocente Elsa. Il remporte son duel face à Telramund, épouse Elsa en lui intimant de ne jamais lui demander de révéler son identité. Il refuse le titre de Comte par humilité et devient protecteur du Brabant en charge de ses troupes. Il tue Telramund qui l’attaque lâchement. Elsa lui demande de révéler son identité, ce qu’il fait avant de repartir pour rejoindre le Graal, non sans avoir défait l'envoûtement d’Ortrud qui avait transformé en cygne le frère d’Elsa, Gottfried.
La voix du chanteur qui interprète Lohengrin doit révéler sa noblesse durant tout l’opéra. D’une pureté divine, il ne laisse pas la place à ses émotions et doit s’abstenir de tout effet pathétique. De fait, il varie peu en caractère au fil de l’opéra. Il défait ses ennemis sans haine et même dans les moments de tristesse où il doit abandonner Elsa, il ne brise pas le masque, pas plus qu’il ne laisse échapper sa voix.
Son chant doit être brillant, puissant et pur, notamment pour s’accorder avec son leitmotiv glorieux, allant, très consonant, dans l'aigu et qui donne un relief à l'apparition du personnage puis à toutes ses entrées.
Elsa von Brabant
Tessiture
Soprano dramatique
Description du personnage
Duchesse du Brabant, fille du défunt Duc de Brabant et sœur de Gottfried qui a disparu
Analyse du personnage
Elsa est une jeune fille habillée d’un blanc qui renvoie à sa pureté et au cygne de son chevalier. C’est de cette pureté que Lohengrin tient sa force. Désespérée par la disparition de son frère, elle est injustement accusée d'en être la responsable par le guerrier Telramund. Confirmant sa candeur, elle ne prend pas la peine de se défendre. Guidée par sa piété, elle obtient l'aide de Lohengrin qui l’épouse après avoir défait Telramund, mais, aveuglée par son amour, elle se laisse tromper par la maléfique Ortrud, cause la disparition du chevalier et elle meurt au moment même où son frère lui est rendu.
La voix de la chanteuse qui interprète Elsa doit garder une pureté de timbre tout en assumant l’endurance que requiert le statut de soprano lyrique wagnérienne. Le leitmotiv d’Elsa emprunte au rythme de celui de Lohengrin, symbolisant leur lien. Il contient même l’intervalle de quarte ascendante emblématique du Graal. Wagner montre ainsi la pureté qu’aurait pu atteindre Elsa, mais il ajoute des accords mineurs au motif d’Elsa, symbolisant à la fois sa tristesse et sa passion qui la perdront.
Friedrich von Telramund
Tessiture
Baryton
Description du personnage
Comte brabançon, chef guerrier, mari d’Ortrud
Analyse du personnage
Son parcours est une longue déchéance causée par l’influence de sa femme et une forfanterie méprisant la piété. De Comte et chef admiré au début de l’opéra, il devient vil accusateur, est défait au combat puis banni. Refusant par fierté d’admettre sa défaite, il se laisse convaincre par sa femme que la magie l’a fait perdre et il accepte alors d’être l’allié d’une machination pour causer la perte de Lohengrin et d’Elsa. Il meurt en traître après avoir lâchement attaqué le chevalier au cygne. Ce personnage, antithèse de Lohengrin, symbolise l’échec de la vanité et de la force contre la pureté chrétienne.
Le baryton Telramund doit avoir une grande amplitude vocale, pour s’affirmer dans des aigus et des graves qui peuvent alterner rapidement. Imposant dans le premier acte, il doit ajouter rancœur et hargne lors de son bannissement au début de l’Acte 2, avant de suivre sa femme dans un registre comploteur lors de leur duo. Vocalement, ce rôle est celui d’un de ces vilains si durs à chanter, puisque son interprète doit pouvoir percer un orchestre qui se déchaîne dès qu'il entre sur scène (le célèbre chanteur José Van Dam n'a ainsi jamais accepté de chanter Telramund).
Ortrud
Tessiture
Mezzo-soprano dramatique
Description du personnage
Sorcière, fille de Radbod, roi païen de Frise (région littorale aujourd'hui au nord des Pays-Bas), femme de Telramund
Analyse du personnage
Elle est l’exact opposé d’Elsa. Machiavélique et maléfique, elle a fait disparaître le fils du Duc en le transformant en cygne, elle attise la jalousie et l'envie de son mari Telramund (à l'image de Lady MacBeth chez Shakespeare). Tout au long de l'œuvre, elle est à l'origine des désastres et des menaces contre le royaume, contre l'identité de Lohengrin et contre l'union avec Elsa. Elle sera responsable de la mort de son mari, du départ de Lohengrin et indirectement de la mort d'Elsa, mais elle paiera le tout en finissant noyée.
Ortrud est une sorcière, elle est donc bien souvent chantée par une mezzo mais le rôle a été pensé par Wagner pour une soprano. Elle doit de toute façon disposer de graves et d'aigus imposants. Sa voix est dramatique et puissante mais aussi grinçante lorsqu’elle se rit de Dieu ou mielleuse pour tromper son monde.
Un leitmotiv est associé à Ortrud, il illustre ses sinistres plans par des dissonances et en puisant dans les notes les plus graves de l’orchestre (alors que le motif d’Elsa est dans l’aigu et que celui de Lohengrin touche au suraigu).
Henri l’Oiseleur
Tessiture
Basse
Description du personnage
Roi de Germanie
Analyse du personnage
Basé sur le roi passionné de chasse au faucon Henri Ier de Saxe qui devint Henri Ier de Germanie, notamment reconnu pour sa capacité à concilier les Francs et les Saxons. Il est à l'origine des deux maisons qui règneront sur l'Allemagne et la France en tant que père d'Otton Ier et de grand-père d'Hugues Capet.
Henri représente l’autorité temporelle. Il convoque les nobles du Brabant et, comme pour tenter d’affermir un pouvoir menacé, il rappelle à tous ses victoires passées et son action à la tête du royaume, se posant en rempart de la civilisation. Il préside le procès entre Elsa et Telramund avec le souci de la justice et une certaine tendresse pour Elsa à qui il accorde plusieurs requêtes. Il entérine le résultat du combat divin, bénit l’union entre Elsa et Lohengrin qu’il nomme protecteur et chef de guerre.
Il pourrait sembler gouverner son royaume, toutefois, s’il entérine les événements au fur et à mesure c’est parce qu’il en est davantage le spectateur que l’acteur, encore moins le décideur. Il n’intervient plus qu’en chœur avec les nobles à la fin de l’opéra. Il laisse son pouvoir au chevalier divin qu'il reconnaît comme lui étant supérieur.
Par son chant de basse, il doit affirmer son autorité et la stabilité du royaume, mais il doit aussi savoir adoucir son timbre et s’approcher de la basse chantante pour montrer sa bienveillance et les questionnements qui se posent à lui. Il doit être doté d’une musicalité certaine pour mener de longs airs constitués de longues phrases.
Héraut d'armes
Tessiture
Baryton
Analyse du personnage
Il effectue toutes les annonces : les entrées du roi, le procès d’Elsa, le combat, le bannissement de Telramund et d’Ortrud, le mariage de Lohengrin et d’Elsa.
Sa voix doit être déclamative et puissante. Pour son héraut, Wagner n’a pas choisi une voix dans les extrêmes qui pourrait paraître plus audible (qu’il s’agisse d’un ténor éclatant comme le Héraut d’armes dans Robert le Diable de Meyerbeer ou bien d’une basse puissante à l’image du choix d'Halévy dans La Reine de Chypre).