Argument
Acte I
A Anvers, au Xème siècle, près de la rivière Scheldt, le Héraut du Roi de Germanie, Heinrich der Vogler (Henri l’Oiseleur), annonce l’arrivé de ce dernier (« Hört ! Grafen, Edle, Freie von Branbant »). Le Roi annonce au peuple qu’il doit se préparer à résister à l’armée hongroise qui menace le royaume (« Gott grüss’euch »). Le Comte Friedrich von Telramund, réputé pour son courage et sa vertu, raconte alors qu’à la mort du Duc de Brabant, il a eu la charge des deux enfants de ce dernier, Elsa, qui lui était promise, et Gottfried. Mais un jour, Gottfried a disparu et Telramund accuse Elsa de l’avoir tué. Dès lors, ayant renoncé à l’épouser, il s’est marié à Ortrud et revendique le titre de Duc (« Dank, König, dir, dass du zu richten kamst »).
Le Roi décide de juger ce cas et convoque Elsa pour répondre de ces accusations (« Seht Hin ! Sie Naht, Die hart Beklagte »). Mais Elsa divague, évoquant un mystérieux Chevalier que Telramund accuse d’être son amant (« Einsam in trüben Tagen »). Le Roi décide de remettre le jugement entre les mains de Dieu en recourant à une ordalie par combat : Telramund et Elsa acceptent, cette dernière annonçant vouloir être représentée par le Chevalier qu’elle a vu en rêve, lui promettant sa main et les terres de son père (« Mich irret nicht ihr träumerischer Mut »).
Le Héraut appelle le Chevalier à se présenter, en vain. Mais Elsa garde confiance et demande à ce qu’un nouvel appel ait lieu. Un Chevalier apparaît alors sur le fleuve, dans une nacelle tirée par un cygne (« Wer hier im Gotteskampf »). Le Chevalier accoste et remercie le cygne. Aussitôt, le peuple lui reconnait une noblesse merveilleuse (« Nun sei bedankt, mein lieber Schwan »). Le Chevalier accepte d’être le Champion d’Elsa, mais pose une condition : elle ne devra jamais lui demander son nom ni ses origines (« Zum kampf für eine Magd zu stehn »). Les deux hommes procèdent au combat (« Nun hört ! Euch, Volk und Edlen »). Le Chevalier défait Telramund, mais il épargne sa vie : Elsa exulte (« Durch Gottes Sieg ist jetzt dein Leben mein »).
Acte II
A Anvers, non loin du Palais et de la Cathédrale, Telramund presse Ortrud de se préparer au départ : leur honneur perdu, ils doivent à présent s’exiler. Il lui reproche sévèrement de l’avoir poussé à accuser Elsa, regrettant la confiance qu’il a accordée à son témoignage (« Erheb dich, Genossin meiner Schmach »). Mais Ortrud, sorcière païenne, se moque de sa lâcheté et le persuade que le mystérieux Chevalier n’était pas protégé par Dieu mais par de la magie : si son nom devait être connu ou s’il perdait ne serait-ce qu’une petite partie de son corps, il perdrait ses pouvoirs. Ils résolvent dès lors d’utiliser Elsa pour apprendre l’identité de leur ennemi (« Du wilde Seherin »).
Justement, Elsa apparaît à la fenêtre du Palais (« Euch Lüften, die mein Klagen »). Ortrud l’appelle et lui reproche de l’humilier de son dédain : Elsa, la voyant malheureuse, décide de descendre la trouver (« Elsa ! Wer ruft ? »). En l’attendant, Ortrud, ravie de voir son plan s’accomplir à merveille, invoque ses dieux, Wotan et Freia. Elsa vient alors à sa rencontre : elle lui promet d’obtenir sa grâce, ainsi que celle de Telramund, auprès de son futur époux (« Entweihte Götter ! Helft jetzt meiner Rache »). Feignant de vouloir la remercier, Ortrud lui conseille alors de s’éviter le malheur en gardant du recul sur un bonheur dont elle ne connait pas l’origine : le Chevalier apparu mystérieusement pourrait en effet disparaître de la même manière (« Wie kann ich solche Huld dir lohnen »).
Au matin, les nobles se rassemblent (« In Frühn versammelt uns der Ruf »). Le Héraut annonce la condamnation de Telramund à l’exil et l’élévation du Chevalier, qui doit conduire l’armée à la victoire, au rang de Protecteur du Brabant, car il a décliné celui de Duc. Déjà, Telramund instille le doute dans l’esprit de quelques nobles (« Des Königs Wort und Will’ tu’ ich euch kund »). Elsa paraît alors, en robe de mariée, acclamée par la foule (« Gesegnet soll sie schreiten »). Se tenant à ses côtés, Ortrud bouscule Elsa, accusant publiquement le Chevalier d’avoir eu recours à la magie pour fausser le jugement : elle réclame alors son nom comme preuve de sa pureté. Le Roi et le Chevalier s’approchent et chassent Ortrud (« Zurück, Elsa ! Nicht länger will ich dulden »). Mais Telramund apparaît à son tour, reprenant l’accusation d’Ortrud et exigeant du Chevalier qu’il dévoile son identité. Mais le Chevalier refuse de lui répondre : seule Elsa est en droit de lui faire une telle demande (« O König ! Trugbetörte Fürsten ! »). Elsa refuse de lui poser la question, mais tous constatent que le doute s’est installé dans son cœur (« Welche in Geheimnis muss der Held bewahren »). Telramund profite de la confusion pour s’approcher d’Elsa et lui proposer d’arracher un morceau de doigt à son mari : ainsi la vérité lui sera révélée et elle pourra vivre heureuse. Elsa le repousse (« Mein Held, entgegne kühn dem Ungetreuen »).
Acte III
Dans la chambre nuptiale, les époux sont accueillis par des chants (« Treulich geführt ziehet dahin »). Ils profitent alors avec délice de leur premier moment d’intimité (« Das süsse Lied verhallt »). Tandis que le Chevalier se remémore les conditions de leur rencontre, Elsa exprime le regret de ne pouvoir partager son secret (« Atmest du nicht mit mir die süssen Düfte »). Le Chevalier cherche alors à la rassurer sur sa noblesse : la couronne même du Roi ne compenserait pas ce qu’il a quitté pour elle. Seule la pureté de son amour peut y suffire. Mais craignant qu’un jour son amour ne lui suffise plus et qu’il décide de la quitter pour retrouver son mystérieux passé glorieux, elle rompt son serment et lui demande son nom et son origine (« Höchstes Vertraun hast du mir schon zu danken »). Telramund surgit alors dans le dos du Chevalier pour le poignarder. Prévenu par Elsa, ce dernier peut toutefois esquiver le coup et tuer le traître. L’âme en peine, il promet alors à Elsa de répondre à ses questions, devant le Roi et les brabançons (« Weh uns, was tatest du »).
Dans la cours du Palais, les sonneurs lancent un appel : les nobles se rassemblent et accueillent le Roi. Le corps de Telramund est apporté, provoquant la stupéfaction de l’assemblée (« Heil König Heinrich »). Le Chevalier arrive enfin. Il révèle alors la trahison de Telramund, puis celle d’Elsa, qui l’oblige à révéler son nom et ses origines (« Macht Platz dem Helden von Brabant »). Il déclare alors s’appeler Lohengrin et être le fils de Parsifal (Perceval), le Roi des chevaliers du Graal. Choisi par Dieu, il est doté d’une force divine. Mais découvert des profanes, il doit disparaître. Alors qu’Elsa, le Roi et les nobles protestent, le cygne apparaît de nouveau au loin (« In fernem Land »). Lohengrin accueille l'animal avec amertume. Il annonce alors à Elsa que son frère est vivant et qu’il reviendra sous peu : il donne à son épouse sa trompette, son anneau et son épée afin que Gottfried puisse les utiliser pour mener l’armée à la victoire. Ortrud surgit alors, jubilant en annonçant que le cygne qui s’apprête à emmener Lohengrin n’est autre que Gottfried lui-même, auquel elle a jeté un sort. Lohengrin se met alors en prière et délivre le cygne de son charme : Gottfried apparaît alors à sa place. A sa vue, Ortrud est foudroyée. Elsa se jette dans les bras de son frère. Mais, constatant que Lohengrin est parti sur sa nacelle tirée cette fois par une colombe, elle s’effondre, sans vie (« Mein lieber Schwan ! »).