Personnages
Le Duc Barbe-Bleue
Tessiture
Baryton-Basse
Description du personnage
Seigneur
Analyse du personnage
Le Seigneur Barbe-Bleue est un homme caractérisé par la tourmente et la résignation : il ne cesse de questionner Judith sur les raisons qui l'ont motivée à le suivre, se soumet à elle en lui donnant les clefs des sept portes, tout en la mettant en garde et en la suppliant de renoncer à ouvrir ces portes. À travers ses interrogations et ses demandes pour que Judith prouve son amour, il montre qu'il est tourné vers le présent : le véritable amour est du côté de Barbe-Bleue et non de Judith, qui ne cherche qu'à vérifier les rumeurs et à assouvir sa curiosité. À travers les salles de torture, d'armes, de trésor et les paysages de nature (le jardin enchanté, les domaines et le lac de larmes), la psychologie de Barbe-Bleue est représentée par le Château (« Déjà mes murailles tremblent » confie-t-il avant la deuxième porte). Toutefois le spectateur ignore le degré de peur de Barbe-Bleue face à la mise à nu de son Château et de sa psyché (« Déjà mes murs de pierre tremblent, la joie pénètre dans mon château Judith ! Moins brûlante est une plaie qui saigne »). Barbe-Bleue révèle à la fin que les traces de sang et de larmes que Judith a vues sont le fruit du travail des épouses qu'il garde captives et qui entretiennent le Château, rituel qui dépasse ce que Judith imaginait à travers les rumeurs et les indices macabres. Ainsi Barbe-Bleue sacralise ses épouses qui font à présent partie du Château, et les condamne à l'éternité en les inscrivant dans le cycle de la journée (matin – midi – crépuscule – nuit).
Judith
Tessiture
Mezzo-soprano
Description du personnage
Quatrième épouse de Barbe-Bleue
Analyse du personnage
Pour accéder au Château, Judith a fait table rase de son passé : elle a renoncé à sa famille, à son fiancé et à sa paisible vie pour entrer dans la sombre demeure de Barbe-Bleue. C'est une femme avant tout curieuse et manipulatrice qui sait se faire douce et séductrice pour obtenir les clefs des sept portes, le mot de passe étant « parce que je t'aime ». Elle parvient à cacher son appréhension lorsque Barbe-Bleue lui demande si elle a peur, mais l'orchestre trahit son angoisse dès le début de l'opéra. Tournée vers le passé, elle souhaite déterrer celui de Barbe-Bleue et vérifier les rumeurs qui circulent à son sujet en exerçant sur lui une pression psychologique dans un premier temps. Néanmoins, pour la quatrième et la cinquième porte, le rapport de force s'inverse puisque c'est Barbe-Bleue qui lui fait ouvrir les portes (« Outre la quatrième porte, à la lumière ouvre ! », « Ouvre la cinquième porte ! »), tandis que les présages s'accumulent (le sang, les nuages rouges, le lac de larmes). Consciente de ce que renferme la dernière porte, elle interroge Barbe-Bleue sur ses anciennes épouses juste avant de l'ouvrir sans se douter que le Seigneur gardait ses épouses en vie : Judith se pensait condamnée à mourir et implore en vain la grâce lorsqu'elle apprend sa condamnation. Il semblerait enfin que Judith soit la dernière femme qui achève le processus de Barbe-Bleue, puisque la jeune épouse symbolise la nuit.